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Le président de Radio France révoqué par le CSA

Mercredi 31 Janvier 2018

Paris - Le gendarme de l'audiovisuel français a révoqué mercredi le président de Radio France Mathieu Gallet, après sa condamnation pour favoritisme lorsqu'il dirigeait l'Institut national de l'audiovisuel (INA), qui avait poussé le gouvernement à réclamer son départ.

Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) a "décidé de retirer son mandat" à M. Gallet, "à compter du 1er mars", selon un communiqué, ajoutant qu'il détaillerait "ultérieurement" dans la journée les motifs de sa décision.

Mathieu Gallet a été condamné le 15 janvier à un an de prison avec sursis et 20.000 euros d'amende, pour avoir favorisé deux sociétés de conseil lorsqu'il présidait l'INA.

Le dirigeant qui n'a cessé de protester de son innocence avait fait appel et refusé de démissionner.

"C'est une décision que nous regrettons profondément. La pression de l'Etat a été plus forte que la présomption d'innocence", ont réagi les avocats de Mathieu Gallet, Christophe Ingrain et Rémi Lorrain.
 
La défense du patron de Radio France attend de prendre connaissance des motifs de la décision avant de se décider sur un éventuel recours devant le Conseil d'Etat.

Le départ de Mathieu Gallet étant fixé au 1er mars, un recours peut théoriquement être examiné avant cette date.

De son côté, la ministre de la Culture Françoise Nyssen a rappelé la "position très claire" du gouvernement, à savoir que "l'exemplarité" est "une condition absolue de bonne gouvernance et de légitimité" pour les dirigeants des services publics.

C'est le CSA lui-même qui avait nommé Mathieu Gallet à la tête de Radio France en 2014, à la surprise générale, faisant du fringuant dirigeant de l'INA (qui vient d'avoir 41 ans) le plus jeune patron de la radio publique.

Sa révocation est un coup d'arrêt pour celui qui avait jusqu'ici connu une trajectoire météoritique dans l'univers des médias.

Il était parvenu à surmonter plusieurs épreuves au début de son mandat à Radio France, notamment une polémique sur le coût de rénovation de son bureau et sur ses dépenses en communication, ainsi qu'une grève historique d'un mois contre des suppressions de postes.

Mais il pouvait se prévaloir d'un bilan solide, avec des finances qui devraient revenir à l'équilibre cette année et des audiences record.

Conséquence de ce départ forcé du dirigeant, c'est le doyen des administrateurs de Radio France nommés par le CSA qui va devoir assurer l'intérim. Il s'agit de Jean-Luc Vergne, 69 ans, ancien DRH de plusieurs grands groupes (Sanofi, Elf Aquitaine, PSA, BPCE), qui n'avait pas d'expérience de l'audiovisuel avant d'intégrer le conseil d'administration de Radio France, fin 2016.

La nomination du successeur à Mathieu Gallet prendra plusieurs mois.

Cette révocation intervient alors même que l'exécutif prépare une réforme en profondeur de l'audiovisuel public.

Le gouvernement veut confier le pouvoir de nommer et révoquer les dirigeants de l'audiovisuel public aux conseils d'administration des sociétés concernées, une mesure qui devrait figurer dans un projet de loi attendu en fin d'année. (AFP)
 
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