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Le directeur de Frontex appelle à accélérer les expulsions de migrants

Mercredi 22 Août 2018

PARIS (Reuters) - Le directeur de l'agence européenne des garde-frontières et garde-côtes (Frontex) exhorte les Etats membres à appliquer plus systématiquement les décisions d'expulsions de migrants et à harmoniser leurs règles, sans quoi l'Europe envoie selon lui un encouragement "implicite" à traverser la Méditerranée.

Dans un entretien à paraître jeudi dans les quotidiens régionaux du groupe Ebra, Fabrice Leggeri appelle globalement les pays européens à durcir et à coordonner la gestion des frontières extérieures communes.

"Tant qu'on n'arrivera pas à augmenter l'efficacité des éloignements, les gens verront des clandestins créer dans certains quartiers une forme de société parallèle, fonctionnant sur une économie noire, comme des 'bulles' où la loi ne s'applique pas", estime-t-il.

"Les Etats membres doivent prendre davantage de décisions effectives d'éloignement, qui soient mieux mises en oeuvre", dit-il.

En France , 18.000 expulsions ont eu lieu l'an dernier, dont près de 15.000 forcées (en hausse de 14% par rapport à 2016) et 86.000 personnes ont été refoulées aux frontières, pour la plupart dans les Alpes-Maritimes.

Lors d'un Conseil européen, les Vingt-Huit se sont engagés le 29 juin notamment à renforcer les frontières de l'UE et à créer des "plateformes de débarquement" hors d'Europe et des "centres contrôlés" d'accueil sur le sol européen.

Pour Fabrice Leggeri, les plateformes situées dans des pays tiers, décriées par les ONG et par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) comme contraires au droit d'asile, représentent une piste valable.

"Il n'est pas question de revenir sur le devoir de sauvetage des gens. La vraie question est : pour les débarquer où ? Pourquoi systématiquement en Europe ? Après, il n'est pas non plus question de refouler les gens vers des pays 'non sûrs'. L'enjeu est donc de mettre en place des plateformes de débarquement respectueuses du droit, qui permettent aux personnes d'avoir accès à l'asile", estime-t-il.

En vue de coordonner les expulsions par avion, l'agence Frontex est en train de mettre au point "un système informatique d'échange de données nommé Irma qui dira en temps réel combien d'irréguliers d'un pays, par exemple des Pakistanais, vont avoir bientôt une décision effective d'éloignement de l'Union, ce qui nous permettra de planifier l'envoi d'un charter vers le Pakistan", explique-t-il.

Selon l'OIM, 63.142 réfugiés ont traversé la Méditerranée cette année pour rejoindre l'Europe, soit environ deux fois moins qu'à la même période l'an dernier. Au moins 1.500 personnes ont péri dans cette traversée.
 
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