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La Coordination des associations de presse (CAP) va en guerre pour obtenir la libération de Pape Alé Niang.

Jeudi 10 Novembre 2022

La Coordination des associations de presse du Sénégal (CAP) s’est réunie aujourd’hui pour discuter d’un plan d’actions visant à obtenir la libération du journaliste Pape Alé Niang. Le directeur du site d’information  Dakarmatin.com, arrêté dimanche 6 novembre, a été placé sous mandat de dépôt par le juge d’instruction du 2e Cabinet sur réquisitions du procureur de la république. Il est poursuivi pour les délits de presse suivants : « divulgation d’informations non rendues publiques par l’autorité compétente de nature à nuire à la Défense nationale », « recel de documents administratifs et militaires » et « diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques. »
Pour les responsables de la CAP, l’incarcération de Pape Alé Niang à partir de délits de presse est inacceptable. Morceaux choisis.
 
Mamadou Thior, président du Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (CORED), « le procureur doit aller au-delà et voir si les informations contenues dans (les) documents (visés) sont avérées.
 
« Cette histoire de documents confidentiels, ce n’est pas une première. En 2004, quand Madiambal Diagne avait été arrêté et incarcéré pendant trois semaines à Rebeuss, on lui avait opposé le même motif. Un journaliste, dans le cadre de ses enquêtes, s’il tombe sur un document d’intérêt public, il le porte au public. Souvent aussi, les concepts comme ‘’secret défense’’, ‘’secret de l’enquête’’, ne reposent sur rien dans la plupart des cas. Les gouvernants se réfugient derrière ce subterfuge pour un peu faire taire les journalistes et leur fixer une ligne à ne pas franchir. »
 
« Il ne faut pas aujourd’hui que le journaliste, de ce côté-là, se laisse manipuler parce que nous, notre rôle, c’est de déterrer les cafards que les gens essaient de cacher si ces cafards-là sont dignes d’intérêt pour l’information du public. Quelque part, il faut voir avec les faits exposés par Pape Alé Niang à propos de ce fameux document d’enquête de la Gendarmerie : est-ce que les faits sont avérés ? Si c’est le cas, je pense que c’est un bestseller qu’un journaliste peut faire là-dessus, approfondir l’enquête. »
 
« Quels que soient les faits, la Gendarmerie est un corps d’élite, s’il s’avère qu’il y a des comploteurs qui ne sont mus que par leur intérêt personnel pour ternir l’image de la Gendarmerie, c’est extrêmement grave et la presse ne doit pas laisser passer ça. Donc, de ce côté-là aussi, il y a des choses à faire pour voir la véracité de ce document-là et des informations contenues dedans. »
 
« On a arrêté Pape Alé Niang pour recel de documents mais je pense que le Procureur aussi doit aller au-delà et voir si les informations contenues dans ce document-là sont avérées et si c’est le cas, il doit ouvrir une enquête de ce côté-là même s’ils soient de gens de la Gendarmerie. Ils n’en sont pas moins des justiciables. De ce côté-là, il faut aussi que justice se fasse s’il y a de griefs qui sont soulevés et qui sont réels».
 
Ibrahima Lissa Faye, président de l’appel : «Ce n’est pas parce que c’est secret défense ou c’est estampillé secret que le journaliste n’a pas le droit de publier»
 
«Selon les journalistes, (Pape Alé Niang) n’a jamais publié un document estampillé secret. Dans notre métier, nous avons appris à faire des investigations et à parfois rendre public ce qui est caché et que les autorités ne veulent pas voir publier. C’est cela notre métier. Secret défense, oui mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est le journaliste et la rédaction qui sont habilités à décider si une information va être publiée ou pas. Si cette information est digne d’intérêt, la rédaction peut la traiter et la publier. Ce n’est pas parce qu’un document est estampillé ‘’secret défense’’ ou ‘’secret’’ que le journaliste n’a pas le droit de publier. « Maintenant, il faut aussi de la responsabilité parce qu’il y a certains détails comme par exemple le nombre de chars de l’Armée nationale, on ne doit pas mettre cela sur la place publique. Toutefois, s’il y a des contrats douteux qui laissent penser qu’il y a eu corruption, malversations ou détournements et que le journaliste a accès à ces documents-là, il va les exploiter et informer le public en toute responsabilité… (…) »
 
« Dans le cas de Pape Alé Niang, les faits sont connus de tous et sont partagés à foison sur les réseaux sociaux. Donc, il n’y a plus de secret. Par exemple, le message radio de la Police, beaucoup de personnes l’ont vu, l’ont partagé. Donc, là, il n’y a plus de secret. »
 
« Il faut qu’on revienne à la raison pour dire aux confrères qu’ils doivent être solidaires. Nous sommes sur un terrain très délicat et les tensions politiques actuelles font que personne n’est épargné. Aujourd’hui, c’est Pape Alé Niang, demain ça peut être un autre journaliste.»
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