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LIBERTES ET DEMOCRATIE AU SENEGAL : état des lieux - Des acquis manipulés par l’autoritarisme

Vendredi 10 Février 2017

Au Sénégal et depuis l’accession au pouvoir de Macky Sall, l’opposition tout comme nombre d’organisations syndicales et de la société civile ont vu leurs manifestations systématiquement interdites pour la plupart. Pourtant, le droit à la marche est totalement garanti par la Constitution qui dit que nul citoyen n’a plus besoin d’autorisation pour battre le macadam ou tenir un rassemblement public. Mais force est de constater que l’actuel régime ne tient pas trop compte des dispositions de la Charte fondamentale et fait très et trop souvent appel aux risques liés aux « troubles à l’ordre public » pour interdire les manifestations de l’opposition ou de tout autre organisation légalement constituée.
 
Des décisions qui ne sont pas sans grandes conséquences. Nombre d’acteurs appartenant à la société civile, dénonçant des restrictions abusives, s’émeuvent des violations flagrantes de la Constitution. Celles-ci sont accompagnées, sur le terrain, du comportement musclé des forces de l’ordre qui répriment à outrance. Entre jets de grenades lacrymogènes, usage de matraque, des citoyens sont poursuivis, bousculés, blessés et arrêtés. Ce qui signifie que le système n’a pas trop évolué dans un sens positif depuis la chute de Me Wade dont le régime s’adonnait également à de telles pratiques. Que dire de la gestion socialiste du pouvoir avec des évènements du même genre ?
 
Ce qui est sûr, c’est que les Sénégalais, sous la houlette de plusieurs leaders politiques, se sont battus pour une avancée significative des libertés et acquis démocratiques. Ce qui avait d’ailleurs conduit à l’adoption d’un Code consensuel en 1992, mais aussi à une démocratisation continue du système politique. Ces victoires ont commencé par être remises en cause sous le régime libéral. Mais avec la seconde alternance et ses espoirs entrevus, l’on assiste à une continuité négative en dépit des déclarations de mauvaise foi des responsables d’Etat.
 
Entre 2012 et maintenant, il est avéré que ce sont plusieurs dizaines de manifestations qui ont été interdites sous ce sempiternel fallacieux prétexte de « troubles à l’ordre public ». Pourtant, une telle vérité est contredite par Abdoulaye Daouda Diallo, Ministre de l’Intérieur et de sécurité publique, qui affirmait lors d’une plénière à l’Assemblée nationale tenue en octobre dernier que « les libertés n’ont jamais été menacées dans ce pays. Cette année (2016), sur les 740 demandes d’autorisations de marches formulées, il n’y que 1,49 % de demandes qui ont été rejetées. Le droit de marche est un droit constitutionnel, oui, mais son organisation est du ressort de la loi.» Exactement ce que répétaient ses prédécesseurs !
 
Florilège d’interdictions
Ce qui est certain, est que l’opposition politique a fait face à une pile d’interdictions de marche. Pendant tout le temps de la procédure judiciaire contre Karim Wade à propos de la traque des biens supposés mal acquis, les manifestations ont été soit interdites soit réprimées, l’autorisation ayant toujours été l’exception. Que dire de cette manifestation du Front patriotique pour la défense de la République (Fpdr) interdite et qui avait poussé Me Wade à forcer le barrage de la police ? Celle du 19 août 2015 avait également occasionné l’arrestation de quelques leaders de partis tandis que d’autres avaient été transportés à l’hôpital.
 
D’autres organisations ont connu pareilles mésaventures. C’est le cas de Manko Wattù Senegaal dont la marche avait été rudement réprimée par les forces de l’ordre en ce jour fatidique du 14 octobre 2016. Les exemples font légion.
 
Dans le même registre, d’autres organisations ont dû faire face à de telles pratiques. Ce sont des organisations de la société civile ou encore des syndicats d’enseignants, des médecins, des travailleurs de la poste… Il faut y ajouter la marche du Regroupement des diplômés sans-emplois (Rdses) du 18 février 2013 (interdite le jour même de la marche sans notification) ; de la marche du Pds du 23 avril 2013 (avec restriction sur l’itinéraire), du défilé de la Coalition Nationale pour l’Emploi du 1er mai 2013 (réduction du trajet, changement d’itinéraire, sans notification) et tant d’autres.
 
Pourtant, l’article 9 de la Constitution du Sénégal stipule : «toute atteinte aux libertés et toute entrave volontaire à l’exercice d’une liberté sont punies par la loi.» Alors, qui doit être puni? La parole à divers acteurs : Me Assane Dioma Ndiaye, Guy Marius Sagna, Moussa Sarr, Dr Mohamed Sall, Mazide Ndiaye, Abdou Khadre Lô et le Forum civil. (Abdoulaye MBOW)
 
 
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