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Franck Timis : Confessions à des enquêteurs (juin 2016) (EXCLUSIF)

Lundi 10 Juin 2019

« Je suis homme d’affaires évoluant dans le secteur du pétrole depuis environ quinze (15) ans. Je suis présentement à Dakar en visite d’affaires dans le but de rencontrer mon équipe basée ici. J’ai profité de cette occasion pour me présenter spontanément dans votre service afin de vous clarifier sur l’affaire Petro Tim, objet d’une enquête ouverte à votre niveau.
Ma démarche est guidée par la mauvaise publicité dont cette affaire avait été l’objet et qui exige de ma part un devoir de clarification, pour rétablir la vérité des faits et laver par la même occasion l’honneur et la crédibilité de mon groupe. »


Comment avez-vous découvert le Sénégal ?
Je suis venu pour la première fois au Sénégal en 2009 sur invitation du Ministre de l’Energie d’alors Monsieur Samuel Ameth SARR et la société PETROSEN, à la suite d’une rencontre au sommet du pétrole à Londres en ma qualité de Président du groupe African Petroleum.
 
J’étais accompagné d’une équipe composée de sept collaborateurs pour s’imprégner des potentialités énergétiques qu’offre le basin sédimentaire sénégalais. Après analyse de la base de données, un mémorandum a été signé  entre African Petroleum et Pétrosen concernant les deux blocs Sénégal Offshore Sud profond et Rufisque Offshore profond. Deux à trois mois après, j’ai dépêché une équipe technique pour négocier avec la société PETROSEN l’acquisition des deux blocs mais avant la signature des contrats, il y a eu un remaniement ministériel avec changement du Ministre de l‘Energie monsieur Samuel SARR par monsieur  Karim WADE.
Ce dernier a eu à retarder la signature du contrat pendant une année en lui fixant des rendez-vous que Karim WADE ne respectait pas. Il a fallu l’intervention de l’ancien Ministre Samuel SARR, pour que je sois reçu par le Président WADE lequel a donné des instructions fermes à son fils Ministre de l’Energie Karim WADE pour diligenter le dossier. C’est ainsi que Karim WADE m’a appelé au téléphone pour me reprocher le fait d’aller directement voir son père avec Samuel à son insu, en proférant des menaces de m’arrêter au cas où je reviendrai à Dakar. Néanmoins, le contrat fut signé deux semaines plus tard. Deux mois après, on a commencé les travaux d’exploration. Depuis 2011, les activités se déroulent normalement dans le respect  des engagements contractuels.
 
A qui appartient la société African Petroleum ?
Elle appartenait à un groupe d’actionnaires constitués essentiellement de banques et autres institutions financières. Je détenais 40% des actions et assurais la fonction de Président du Groupe. Mais j’ai démissionné du Groupe en 2014 pour convenance personnelle.
 
Avez-vous une expérience avérée dans le domaine pétrolier ?
Oui, je détenais le plus grand bloc du Kazakstan (50.000km²)  entre 2003 et 2010. Bloc que j’ai vendu à la société Gaz Prom en 2010.
 
Devant les difficultés rencontrées dans l’attribution des deux blocs à African Petroleum, pourquoi avez-vous encore sollicité deux autres blocs pour la société Petrom Tim Limited ?
Non, je n’ai pas sollicité ces deux autres blocs. C’est le Groupe Petro Asia basé à Hong Kong et dirigé par Eddie Wong qui avait sollicité les deux blocs par l’intermédiaire de sa filiale Petro Tim Limited à savoir Saint-Louis Offshore profond et Cayar Offshore profond.
 
Je ne disposais pas d’actions dans le groupe Petro Asia. C’est à la suite d’une rencontre avec Eddie WONG Président dudit groupe, que j’ai investi dans la compagnie pour acquérir 10% des actions de Petro Asia. Je tiens à préciser que c’est le groupe African Petroleum qui, en raison de son  expérience et de son expertise, assistait le groupe Petro Asia.
 
Est-ce qu’il y a eu négociation pour l’acquisition desdits blocs ?
En principe, la signature d’un contrat doit toujours être précédée d’une période de négociation comme ce fut le cas lors de l’acquisition des blocs Rufisque Offshore profond et Sud Sénégal Offshore profond par le groupe African Petroleum. Mais en l’espèce, comme je ne faisais pas partie du staff de Petro Asia, je ne peux pas vous attester qu’il y a eu négociation. L’assistance que notre groupe African Petroleum procurait au groupe Petro Asia se limitait au niveau technique c’est –à-dire dans les  travaux d’exploration.
 
Quelles sont vos relations avec monsieur Eddie WONG ?
Il s’agissait simplement de relations d’affaires. C’est lui qui m’introduisait auprès des différentes institutions financières de Hong Kong, Singapour, à travers l’Asie. A mon tour, je l’introduisais dans le milieu des affaires de Londres. Maintenant, nos rapports sont devenus exécrables.
 
Pourquoi vous dites que vos rapports sont devenus exécrables ?
Parce que après avoir effectué les travaux d’assistance technique sollicité par le groupe Petro Asia, ce dernier n’a pas daigné payer le montant de la consultance convenue à savoir trois millions de dollars.
 
Comment êtes-vous parvenu à acquérir la société Petro Tim Limited ?
En 2014, Petro Asia ne voulant plus prendre le risque d’investir la somme de deux cent cinquante millions de dollars pour le sismique et les 3D des deux blocs, j’ai décidé de racheter la société Petro Tim Limited avec certains actionnaires de ladite société.
 
Quelle a été la valeur de cette transaction ?
La valeur des actions peut être évaluée à environ trente millions (30.000.000) de dollars en tenant compte des engagements de Petro Asia vis-à vis de l’Etat du Sénégal. D’ailleurs, j’avais même sollicité une révision des engagements contractuels mais ma demande est restée sans suite.
 
Est-ce que les transferts d’actions avaient fait l’objet d’enregistrement au niveau de la Direction Générale des Impôts et Domaines ?
Non, nous avions saisi notre conseiller fiscal qui nous avait dit que durant la période d’exploration, on était exonéré de toutes taxes fiscales. C’est dans la période d’exploitation qu’on est astreint à cette formalité.
 
Pouvez-vous revenir sur la nature et le montant de la transaction entre Timis Corporation et Kosmos Energy?
Il y a lieu de préciser d’abord que Kosmos disposait déjà d’un bloc en Mauritanie et de la base de données de PETROSEN. Ayant découvert du gaz dans la partie mauritanienne et sachant que la grande partie de cette réserve se situait en zone sénégalaise,  cette société de même que TOTAL, Canadienne Petroleum et Landina Petroleum se sont approchées de nous pour nouer un « farming », en d’autres termes une co-exploration. Finalement, on a  choisi Kosmos en raison de son offre et de son expérience.
C’est ainsi que la société Kosmos Energy s’est engagée à exécuter tous les engagements contractuels que la société Petro Tim Limited avait pris à l’égard de l’Etat du Sénégal qui s’élevait à quatre cent soixante millions (460.000.000) de dollars. En contrepartie, le groupe Timis Corporation lui cède 60% des actions. Après la signature du contrat avec Kosmos, nous avons réalisé douze mille (12.000) km² d’exploration dans les deux blocs au lieu de quatre mille (4.000 ) prévus initialement dans les contrats.
Les transactions ont eu lieu à Londres.
 
Est-ce au moment de l’attribution des deux blocs à African Petroleum, des commissions vous ont-elles été réclamées  au niveau de PETROSEN ou du Ministère de l’Energie ?
Non, personne ne m’a  réclamé de l’argent.
 
Avez-vous revu monsieur Karim WADE après l’incident ?
Non.
               
Y-a-t-il un avenant dans le contrat initial après la découverte de gaz à Saint-Louis offshore profond ?
Non, parce que les contrats ne concernent pas seulement le pétrole mais plutôt les hydrocarbures qui incluent le gaz.
 
 
Eu égard au contenu du contrat conclu avec Kosmos où l’ensemble des engagements doivent être exécutés par ce dernier alors que vous gardez 30% des actions, peut-on assimiler Frank TIMIS à un investisseur ou à un courtier ?
Je ne suis pas du tout courtier et j’agis selon les cas de figure. Avec African Petroleum, j’avais investi beaucoup d’argent dans l’exploration mais dans le cas de Kosmos, c’est eux qui sont venus vers moi, pour me faire des propositions.
 
Pourquoi vous avez domicilié vos sociétés dans des paradis fiscaux ?
Je tiens à signaler qu’il ne s’agit pas de paradis fiscaux parce qu’on paie l’impôt mais ils ont un système d’imposition beaucoup plus attractif. La plupart de ces pays ont signé des conventions fiscales de non double imposition.
 
Petro Tim Limited avait-il respecté ses engagements contractuels avec PETROSEN?
Oui, tous les engagements contractés par Petro Tim ont été  entièrement  exécutés. D’ailleurs avec l’arrivée de Kosmos, nous avons fait plus que ce qui était prévu dans le contrat.
 
Pourquoi avez-vous porté votre choix sur monsieur Aliou SALL en le désignant d’abord gérant de Petro Tim Sénégal ensuite gérant de Timis Corporation Sénégal ?
En 2010, j’ai rencontré monsieur Aliou SALL à Beijing par le biais de Monsieur Djibril BANGOURA, Président de la filiale de Africa Minéral à Sierra Léone. Monsieur Aliou SALL m’a beaucoup aidé en Chine avec son carnet d’adresses. En outre, par le biais de monsieur ATEPA Goudiaby, nous nous sommes revus à Dakar où je lui ai proposé de travailler avec moi et il a accepté.
Son statut de frère du Président n’a nullement impacté sur mon choix. C’est surtout sur la base de ses compétences professionnelles que je l’ai choisi car il a eu à nous résoudre plusieurs cas dans la sous-région ouest africaine.
 
Est-ce que les sociétés Petro Tim Sénégal et Timis Corporation Sénégal disposent de comptes bancaires à l’Etranger ?
Non.
 
A part le secteur pétrolier, dans quelle autre activité vous intervenez au Sénégal ?
Ma principale activité au Sénégal c’est le secteur des hydrocarbures.
 
Est-ce que votre groupe dispose d’une charte d’intégrité ?
Oui.
 
Quel regard portez-vous sur le code pétrolier sénégalais ?
Les procédures sont bonnes, c’est en phase de production qu’il faut revoir le pourcentage alloué à l’Etat.
 
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