Le procureur de la République financier a annoncé ce 16 avril 2025 l’ouverture de procédures pénales diverses contre les ministres, directeurs, hauts fonctionnaires et autres particuliers qui pourraient avoir été impliqués dans la falsification et traficotage des comptes publics de l’Etat sur la période allant de 2019 au 31 mars 2024. C’est le Rapport d’audit de la Cour des comptes de février 2025 expressément consacrée à la situation des finances publiques qui a révélé « des actes et faits susceptibles de qualifications pénales ».
Dans un communiqué de presse signé par El Hadji Alioune Abdoulaye Sylla, chef du parquet financier, il est indiqué que « le 14 avril 2025, le procureur de la République financier a saisi la Division des investigations criminelles (DIC) aux fins d’enquêtes sur les différents points soulevés » par un référé du procureur général de la Cour d’appel.
Le Rapport d’audit de la Cour des comptes a été réalisé sur la base d’un Rapport de l’Inspection générale des finances (IGF), une entité gouvernementale dépendant du ministère des Finances et du Budget après l’arrivée au pouvoir du Président Bassirou Diomaye Faye le 2 avril 2024. Les résultats des enquêtes de l’IGF avaient été en partie rendues publics par le Premier ministre Ousmane Sonko lors d’un point de presse tenu le 26 septembre 2024 en présence de quelques membres du gouvernement. Il y était question de falsification et de dissimulation de plusieurs agrégats macro-économiques sous estimes par l’administration de l’ancien Président Macky Sall dont la dette et le déficit public fortement sous-estimés par des procédés de dissimulation.
Après la confirmation par la Cour des comptes des conclusions de l’IGF, le Fonds monétaire international (FMI) a indiqué récemment l’existence d’un stock de 4250 milliards de francs CFA de dette non déclarée au Sénégal entre 2019 et 2024.
Cette situation inédite des finances publiques a conduit le FMI à suspendre un prêt de 1180 milliard de francs CFA dans l’attente de clarifications de la part des autorités sénégalaises actuelles.
Au lendemain de la publication du Rapport d’audit de la Cour des comptes sur la situation des finances publiques le 13 février 2025, le Garde des Sceaux avait annoncé que « des enquêtes exhaustives et approfondies » seraient « diligentées » pour retracer des flux financiers illicites, « identifier tous les auteurs, co-auteurs et complices présumés en vue d’engager des poursuites devant les juridictions compétentes ».
Outre des poursuites pénales contre de hauts fonctionnaires de l’Etat, plusieurs anciens premiers ministres et ministres des finances de la période 2019-mars 2024 pourraient également faire l’objet de procédures devant la Haute cour de justice si leurs responsabilités dans la manipulation des indicateurs économiques de l’Etat sont établies. [IMPACT.SN]