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Fallou Sène, une mort convertie en opportunités

Samedi 2 Juin 2018

La mort du jeune ressortissant de Diourbel le 15 mai dernier à l’UGB de Saint-Louis est en train de bénéficier à certains. Entre le pouvoir d’achat (faiblement) renforcé des étudiants et l’amorce d’un (timide) retour du président de la république dans l’espace universitaire, Fallou Sène «attend» de voir le sort qui sera réservé à ses bourreaux.


Une offensive! C’est bien la démarche entreprise par le président de la République après l’exacerbation de la crise universitaire due au meurtre de l’étudiant diourbellois Fallou Sène. Une offensive tout azimut menée au pas de charge et dans laquelle le chef de l’État n’a eu besoin que de données techniques chiffrées pour boucler son offre de paix au peuple étudiant. Car, il s’agit bien pour Macky Sall, de pacifier un mouvement en colère depuis plusieurs mois, afin d’insuffler un brin de tranquillité et de sécurité sur la route de l’élection présidentielle.
 
Dans la forme, entre la réception à deux reprises d’une cohorte d’étudiants de l’Ucad au Palais, l’annonce des "mesures alimentaires" en leur faveur, et la démonstration d’indiscipline et de cupidité des élèves et étudiants Apr, reçus eux aussi en audience, il n’y a eu rien de nouveau : le «système» est plus que jamais en place.
 
Le fond ? Si le système ne bouge pas, il ne saurait y avoir de progrès dans la qualité de la gouvernance de l’Enseignement supérieur, en général, encore moins dans la façon de vouloir résoudre les difficultés vitales de plusieurs milliers d’étudiants. Incontestablement, les mesures prises par le chef de l’État vont aider à donner un peu de marge aux étudiants. Plus 2000 Cfa et 4000 Cfa sur les bourses ; plus 5000 Cfa sur la bourse des 3e cycles, des tickets de restaurant qui sont ramenés de 75 Cfa et 150 Cfa à 50 Cfa et 100 Cfa !
 
indiscipline et cupidité
 
Ça n’est pas rien pour qui connaît les conditions de vie à l’Université de Dakar. Au final, la revalorisation des conditions de vie dans les campus sénégalais concernés par l’ensemble des mesures coûtera la bagatelle de 8,160 milliards Cfa, comme indiqué dans le communiqué du Conseil des ministres du 30 mai. Les caisses de l’État sont pleines et liquides ! Et même à défaut, les cavernes d’Ali Baba du président auraient fait l’affaire.
 
Les organisations estudiantines auraient-elles obtenu pareilles «avancées» sans la mort de leur camarade Fallou Sène ? Rien n’est moins sûr. Le Président Sall avait clairement mis des barrières aux foisonnements des revendications catégorielles lors de la fête du Travail, il y a un mois, après le règlement financier de la crise entre les syndicats d’enseignants et le gouvernement. Mais en même temps, on sait, depuis la question du septennat, que ses «convictions républicaines» peuvent être à géométrie "mobile".
 
Arrêter le déferlement estudiantin, au risque de le diviser par la méthode - et donc, de maintenir des foyers de tension - était une priorité immédiate. Par la même occasion, Macky Sall entame une (très) timide "reprise" de confiance avec cette frange "rebelle" de la jeunesse. Bon à prendre, en attendant la suite...
 
Et Fallou Sène dans tout ça ? La procédure judiciaire enclenchée à Saint-Louis poursuit son bonhomme de chemin à Dakar. La chaîne de responsabilités administratives directe a sauté avec les limogeages du recteur l’Ugb et du directeur du Crous. Mais, et les gendarmes responsables de la mort de l’étudiant Fallou Sène ?
 
La fin de l’histoire, qui est en train d’être écrite à ce sujet par les tribunaux de la République, renseignera sur le rapport que les autorités entretiennent avec le respect de la vie humaine. A signaler : les uns et les autres, étudiants et chef de l’Etat, ont eu le temps de se prendre en photos ou en selfies, tout souriant, main dans la main…
 
 
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