Connectez-vous

Entre Paris et Moscou, la guerre de l’information passe par Genève

Mercredi 20 Mars 2019

La porte-parole du Ministère russe des affaires étrangères, Maria Zakharova, était à Genève ce mercredi pour animer une conférence au Club suisse de la presse sur la «liberté des médias». Connue pour son franc parlé et son caractère bien trempé, l’ancienne journaliste est venue accompagnée de Vera Kolesina, la responsable du bureau français de l’agence Sputnik à Paris, pour dénoncer «l’hostilité» de la France, mais aussi du «collectif des pays de l’Ouest», à l’encontre des médias russes.
 
Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, les correspondants de Sputnik et Russia Today ont perdu leur accréditation à l’Élysée. Les deux médias ont été qualifiés «d’organes d’influence et de propagande» par le chef de l’État français. Des accusations «injustes», selon Maria Zakharova.
 
«Il est question de «fake news», de propagande et d’immixtion dans la politique intérieure française. Mais lorsque l’on affirme de telles choses, il faut apporter des preuves. Et là, il faut être honnête, il n’en existe aucune», défend la porte-parole du Ministère russe des affaires étrangères.
 
Par sa voix, le Kremlin nie tout travail de sape ou de désinformation. La mise au banc de ses médias et le «dénigrement systématique du travail des journalistes russes» ne passe pas. Maria Zakharova les met sur le compte d’un «climat de confrontation» entretenu par «les États-Unis et l’Union européenne» dans un contexte de guerre de l’information.
 
Pour étayer son propos, elle cite une résolution récente du Parlement européen portée par la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, «qui recommande de renforcer la lutte contre la désinformation menée par la Russie» à l’approche des élections européennes. L’heure n’est donc pas à la désescalade.
 
Avec la France, le contentieux revêt une dimension plus personnelle. C’est du moins ce qu’est venu expliquer Vera Kolesina. «L’origine de l’animosité d’Emmanuel Macron à l’encontre des médias russes remonte à la présidentielle de 2017, parce que Sputnik International a publié l’interview d’un député, Nicolas Dhuicq, affirmant que le candidat de la France en marche était soutenu par un puissant lobby gay», affirme cette dernière. Le divorce serait entièrement consommé depuis la crise des «gilets jaunes», Paris accusant Moscou d’être derrière la radicalisation du mouvement.
 
L’Élysée dans le collimateur
 
Aujourd’hui, c’est le pouvoir russe et les médias russes qui accusent l’Élysée d’être une machine à «fake news». «Même les services de renseignement français ont dit qu’il n’existait aucune preuve d’une manipulation russe», objecte Vera Kolesina. Quant au sérieux et à la qualité des informations relayées par Sputnik France, elle se réjouit de voir qu’il est reconnu par ses collègues français, de Mediapart et «Libération».
 
Mettre sur la table la question de la liberté de la presse en France et en Europe n’était évidemment pas sans risque pour la porte-parole du Ministère russe des affaires étrangères, qui n’a pas échappé à des questions sur la liberté de la presse en Russie et notamment au sujet de la Crimée. La communicante en chef du Kremlin y a répondu en exhortant les journalistes occidentaux à aller sur place pour se faire leur propre opinion au lieu de «réécrire ce qui a déjà été écrit». «Le billet pour se rendre en Crimée ne coûte pas très cher!» a-t-elle ironisé.
 
Dans l’après-midi, la France dénonçait les atteintes aux libertés en Crimée devant le Conseil des droits de l’homme… Entre Moscou, Paris, Londres, Bruxelles et Washington, la guerre de l’information bat son plein. (TDG)
Nombre de lectures : 69 fois

Nouveau commentaire :












Inscription à la newsletter