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Droits d’inscriptions aux examens (Cfee, Bfem…) : La lettre du ministère de l’Education nationale qui révèle des «hausses exorbitantes»

Jeudi 1 Mars 2018

Selon Mamadou Lamine Dianté, syndicaliste de l’enseignement et chercheur en éducation et en formation, l’on s’achemine véritablement vers la privatisation du Certificat de fin d’études élémentaires (CFEE) et du Brevet de fin d’études moyennes (BFEM).


Serigne Mbaye Thiam, ministre de l'Education nationale
Serigne Mbaye Thiam, ministre de l'Education nationale
 «La lettre n°0342 MEN/SG/DEXCO/AMN/fo en date du 10 Octobre 2018, que Monsieur le Directeur des examens et concours  (DEXCO) du ministère de l’Education nationale a adressée aux Inspecteurs d’académie, avec comme objet « Rappel des droits d’inscription » a retenu notre attention. Car elle dévoile une hausse vertigineuse des frais d’inscription aux différents examens et concours, notamment le Certificat de fin d’études élémentaires (CFEE) et le Brevet de fin d’études moyennes (BFEM)», a d’emblée soutenu Mamadou Lamine Dianté.
 
En effet, dit-il, «cette note de M. le DEXCO précise que les frais d’inscription passent de 250 à 1.000 FCFA pour le CFEE et de 500 à 2.000 FCFA pour le BFEM, soit une hausse de 400%. Cela est d’autant plus frappant qu’au même moment, les frais d’inscription au baccalauréat ne sont passés que de 5.500 à 6.500 FCFA, soit une hausse de 18%.  Pour se justifier, la note administrative cite en référence le décret 2017-1402 du 05 juillet 2017, relatif à la création et à l’organisation du Fonds d’Appui aux Examens et Concours (FAEC).»
 
Non sans rappeler qu’il  «faut tout d’abord signaler la mystification que cache mal ledit décret, car le FAEC existe au ministère de l’éducation nationale (MEN) depuis 1994 grâce au décret 94-1283 du 24 novembre 1994 portant création et organisation d’un Fonds d’appui aux examens et concours du Ministère de l’éducation nationale (FAEC/MEN).»
«Pour le CFEE et le BFEM, les ménages contribuent à hauteur de 660.667.000 FCFA au lieu de 165.166.750 FCFA»
 
Poursuivant, M. Dianté de faire savoir à travers une déclaration que «la sincérité aurait recommandé de reconnaitre humblement que le décret 2017-1402 ne porte que modification du décret 94-1283. Par ailleurs, en considérant les statistiques de 2017, la participation des élèves passerait de 69.902.750 FCFA à 279.611.000 FCFA, soit une hausse de 209.708.250 FCFA pour le CFEE ; et de 95.264.000 FCFA à 381.056.000 FCFA, soit une augmentation de 285.792.000 FCFA pour le BFEM. Au total, pour ces deux examens, les ménages contribueraient à hauteur de 660.667.000 FCFA au lieu de 165.166.750, soit un effort supplémentaire de 495.500.250 FCFA supportés par les candidats.»
 
Pire, défend-il, «il semblerait que ces hausses des droits d’inscription aux examens scolaires (CFEE et BFEM) aient été fixées d’un commun accord entre le ministère de l’éducation nationale et les présidents de l’UNAPEES et de la FENAPEES (cf. rapport de présentation), qui prétendent parler et agir au nom des véritables parents d’élèves du Sénégal.» 
 
En réalité, dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord du 17 février 2014 qui stipule que certains taux des indemnités liées aux examens soient revus à la hausse, des concertations ont effectivement eu lieu avec les représentants des organisations syndicales pour proposer de nouveaux taux afin d’apporter les mesures correctives. Mais il n’a jamais été question de solliciter quoique ce soit des parents, encore moins des élèves.
 
Bien au contraire, les revendications des syndicats d’enseignants ne sont adressées qu’au gouvernement. En atteste le rapport de présentation du décret 2017-1403 du 05 juillet 2017 portant modification du décret 2009-340 du 10 avril 2009 fixant le montant des indemnités de surveillance, de correction et de supervision du CFEE et du BFEM qui indique que « l’incidence financière de l’application de ces taux a, d’ores et déjà, été évaluée et prévue pour un montant de 642.117.000 FCFA inscrit en nouvelle mesure dans le budget 2017 du MEN ».
 
Des hausses exorbitantes
 
Par rapport au CFEE, le syndicaliste signale que les seuls changements intervenus «portent sur les indemnités de surveillance et de secrétariat de jury dont les taux passent de 3.000 à 4.000 FCFA (2.000 F/jour pendant 2 jours), ainsi que celles de correction dont le taux passe de 3.000 à 8.000 F CFA par examinateur. Or, la totalité de ces augmentations n’excède pas 75.000.000 FCFA.
 
Pourtant lors des négociations en commission technique du vendredi 03 juin 2011, il était convenu de porter l’indemnité de correction à 100 F la copie du CFEE, d’autant que l’examen comporte 7 épreuves et la double correction est obligatoire pour toutes les épreuves écrites (article 17 du décret 2013-738 du 07 juin 2013).»
 
Quant au BFEM, fait-il remarquer, «cette hausse ne saurait dépasser 90.000.000 FCFA, car les changements intervenus concernent seulement les présidents de jurys dont les indemnités passent de 7.000 à 20.000 FCFA (environ 15.000.000 FCFA de plus sur le budget), les secrétaires de jurys dont les indemnités passent de 1.000 F/ jour à 2.000F/ jour (environ 25.000.000 FCFA de plus sur le budget) et les surveillants non correcteurs dont les indemnités passent aussi de 1.000 F/ jour à 2.000 F/ jour (environ 50.000.000 FCFA de plus sur le budget).
 
A l’opposé, la suppression de l’indemnité de supervision des IEF permet de faire des économies de 885.000 FCFA.» A l’en croire, «au total, on ferait supporter aux ménages des efforts supplémentaires de plus 500.000.000 FCFA contre des charges additionnelles qui n’excèdent pas 165.000.000 FCFA.» (Par Abdoulaye Mbow)
 

 
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