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Corée du Nord: le front international se brise à l'ONU

Lundi 17 Septembre 2018

Les ambassadeurs russe (Vassily Nebenzia, à g.) et américain Nikki Haley (au siège de l'ONU)
Les ambassadeurs russe (Vassily Nebenzia, à g.) et américain Nikki Haley (au siège de l'ONU)
Le front international forgé en 2017 à l'ONU contre les programmes nucléaire et balistique de la Corée du Nord s'est brisé lundi avec des accusations de "tricherie" et de "mensonges" échangées entre Américains et Russes au Conseil de sécurité.

"La Russie triche". "La Russie a été prise en défaut". "La Russie s'emploie à court-circuiter le régime de sanctions", a asséné l'ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikki Haley, lors d'une réunion sur l'application des sanctions contre Pyongyang.

La diplomate américaine a notamment dénoncé de récentes pressions russes pour faire enlever aux experts onusiens chargés de vérifier l'application de ces mesures plusieurs passages de leur dernier rapport, relatifs à des violations par des entités russes.

C'est un "mensonge" que de dire que Moscou aide "des sociétés russes à violer les sanctions". "Qui trompe la communauté internationale ? Qui diffuse des mensonges ?", s'est insurgé son homologue russe, Vassily Nebenzia.

Alors que nous "approchons d'un accord de paix", "vous balayez tout ce qui est positif", a-t-il ajouté, en reprochant à l'ambassadrice américaine un "discours enflammé". "Pour une dénucléarisation, il faut d'abord renforcer la confiance, avec un accord de paix", a-t-il dit.

"Nous ne devons pas assouplir le régime de sanctions au niveau mondial", a au contraire affirmé Nikki Haley. "Le moment n'est pas venu d'atténuer la pression sur la Corée du Nord. Il faut d'abord une dénucléarisation', a-t-elle insisté. 

Reprenant la parole en fin de session, la diplomate américaine a estimé que "dénier, distraire et mentir" était devenu le lot régulier de la Russie, pour la Syrie, le Royaume Uni et l'empoisonnement d'ex-espions, comme pour la Corée du Nord. "Mentir, tricher est devenu la norme de la culture russe!", a-t-elle lancé, s'attirant une nouvelle salve russe l'accusant de "faire obstacle" au travail de l'ONU.

- "A la carte" -

Inquiets de voir le Conseil de sécurité à nouveau se déchirer, plusieurs de ses membres ont appelé à en préserver "l'unité".

"Ce Conseil doit rester uni" pour obtenir une dénucléarisation de la péninsule, a ainsi réclamé l'ambassadeur chinois, Ma Zhaoxu, l'ambassadrice britannique, Karen Pierce, lançant "un appel à tous ses membres à ne pas mettre en péril son unité". 

Les échanges américano-russes houleux, inédits à cette échelle dans l'enceinte du Conseil de sécurité sur le dossier nord-coréen, surviennent à la veille d'un nouveau sommet entre les Corées du Nord et du Sud, soutenu par Pékin et destiné à donner une nouvelle impulsion à la détente dans la péninsule.

Pour le rapport des experts, l'"ingérence russe était si flagrante que les Etats-Unis n'ont eu d'autre choix que de bloquer sa diffusion", a indiqué Nikki Haley, en rappelant le précédent du groupe d'experts JIM, démantelé en 2017 après avoir vu ses conclusions prouvant l'utilisation d'armes chimiques en Syrie rejetées par Moscou.

Dans le dossier nord-coréen, "les Etats-Unis ont des preuves de violations russes de grande ampleur", a assuré la diplomate américaine, parlant de photos et de vidéos montrant des navires se livrant à du transbordement illicite en haute mer de charbon ou pétrole à destination de la Corée du Nord.

Cet été, les Etats-Unis avaient cependant échoué à faire sanctionner par l'ONU les cas les plus flagrants de violations de la triple série de sanctions économiques adoptées par le Conseil de sécurité à l'unanimité en 2017. 

"Nous avons transmis nos informations au Comité de sanctions, mais la Russie a bloqué", a précisé l'ambassadrice. Et "aujourd'hui, la Corée du Nord continue de se procurer illégalement de produits pétroliers raffinés avec l'aide de la Russie".

La délégation américaine "a voulu imposer sa propre vision des choses", a rétorqué Vassily Nebenzia. Il a nié toute pression russe et relevé au passage que l'expert de nationalité américaine dans ce groupe avait accepté ce que Washington avait in fine refusé.

Les sanctions "ne sont pas un menu à la carte où chacun piocherait en fonction de ses appétits", a indiqué l'ambassadeur français, François Delattre. Le rapport "nous dit que Pyongyang continue ses programmes nucléaires et balistiques en violation des résolutions de l'ONU" et "nous devons être prêts à renforcer les sanctions si nécessaire", a-t-il estimé.
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