Aujourd’hui, Wave représente la seule licorne du Sénégal et de toute l’Afrique francophone. C’est un symbole de réussite entrepreneuriale inédit dans l’histoire économique du pays. À ce titre, elle doit être chérie, protégée et encouragée, non seulement comme un fleuron technologique mais aussi comme un catalyseur de l’inclusion financière et de la modernisation des paiements.
Cependant, une question essentielle se pose, à l’aune du débat public : le secteur du mobile money est-il faiblement taxé ou au contraire surimposé ?
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. À chaque transfert d’argent générant une commission de 100 FCFA – qui constitue le chiffre d’affaires de l’opérateur – l’État perçoit 17 FCFA au titre de la Taxe sur les Activités Financières (TAF). De même, lors d’un paiement marchand facturé 100 FCFA, ce sont 18 FCFA de TVA qui reviennent au Trésor public.
Ces prélèvements existent depuis l’avènement du mobile money au Sénégal, vers les années 2010, et se cumulent année après année.
Il est donc incontestable que ce secteur est largement taxé. Il est en même temps :
• pourvoyeur massif d’emplois directs et indirects,
• levier majeur d’inclusion financière pour des millions de Sénégalais non bancarisés,
• outil de formalisation progressive de l’économie, en réduisant la prédominance du secteur informel et en élargissant l’assiette fiscale.
Face à ces réalités, il devient nécessaire de réexaminer la fiscalité du mobile money afin d’assurer un équilibre juste entre la mobilisation des recettes publiques et le soutien à un secteur stratégique. Une taxation trop lourde risque de freiner l’innovation et d’augmenter les coûts pour l’usager, alors même que ce dernier utilise les services aux heures critiques de la journée (par exemple autour de 10h, moment clé des transferts destinés à la dépense quotidienne des ménages).
En définitive, si le Sénégal veut voir naître d’autres champions technologiques et consolider son rôle de pionnier en Afrique francophone, il lui faut une politique fiscale adaptée, stable et incitative, qui reconnaisse à la fois la contribution budgétaire et le potentiel transformateur du secteur du mobile money.
El Hadji Mama Dieng
Ingénieur de recherche, Inspecteur des impôts et domaines







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