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Chloroquine: visé par une enquête, un entrepreneur dénonce « une volonté de nuire »

Mardi 7 Avril 2020

Le fondateur du groupe de chimie SNF à Andrézieux-Bouthéon (Loire), René Pich, visé par une enquête après avoir proposé de la chloroquine à ses salariés, a dénoncé mardi une « volonté de nuire » à l’heure « où de nombreux malades vont mourir ».
 
« La volonté de nuire est évidente alors qu’on est dans une période où le tiers ou la moitié de la population sera contaminée et de nombreux malades vont encore malheureusement mourir », écrit le dirigeant dans un communiqué transmis à l’AFP.
 
La réaction de M. Pich, également directeur général délégué de la société, intervient au lendemain de son audition en garde-à-vue, au terme de laquelle il a été remis en liberté, dans le cadre d’une enquête pour « exercice illégal de la pharmacie et de la médecine », ouverte par le parquet de Saint-Etienne.
 
Elle était consécutive d’un signalement effectué le 31 mars par l’inspection du travail de la Loire après une note de M. Pich, datée du 18 mars, informant l’encadrement de SNF que l’entreprise avait fait l’acquisition de comprimés de phosphate de chloroquine.
 
« J’ai 79 ans et du diabète. Ma chance de mourir du Covid-19 est de plus de 20%. Nous avons dans la société une dizaine (peut-être plus) de salariés avec des pathologies graves. Le principe de précaution m’oblige à trouver dans ces périodes de polémiques des moyens de survivre », poursuit le dirigeant.
 
« J’ai acheté de la chloroquine à titre personnel, qui n’a rien à voir avec la société SNF, à la société indienne qui est reconnue comme fournisseur privilégié. Nous avons dit à nos salariés que ce produit était à leur disposition en cas d’hospitalisation », souligne M. Pich qui dit en avoir commandé « 500 grammes environ ».
 
Le dirigeant indique en outre qu’une partie de ces plaquettes avait été « donnée aux hôpitaux » avec l’indication de sa provenance.
 
« Il s’agit de produits non-validés par les autorités de santé et dont l’importation est interdite », avait indiqué lundi le procureur Charmatz.
 
Mardi soir, la quasi-totalité du stock de chloroquine de M. Pich a été retrouvée par les enquêteurs, a annoncé le magistrat.
 
Outre les 350 comprimés qui avaient été remis par l’entrepreneur la semaine dernière à la gendarmerie, lors d’une première audition, environ 500 autres ont été « retrouvés auprès de quatre établissements hospitaliers de la Loire à qui il les avait offerts » « , en même temps que des masques, des gants et du gel hydroalcoolique, selon la même source.
 
Côté syndicats, la CGT de SNF a dénoncé mardi dans un communiqué  »avec force (les) méthodes d’information sélectives«  de René Pich, dans sa communication interne auprès d’environ 200 cadres et technico-commerciaux.
 
« L’enquête a aussi établi qu’aucun des salariés de SNF ne s’en était procuré auprès de sa direction comme cela leur avait été proposé. Tout danger est donc écarté », selon le procureur stéphanois mardi soir.
 
« Tant mieux si personne n’a absorbé ce produit, mais la responsabilité pénale de Monsieur Pich reste entière et la réponse judiciaire doit être à la hauteur de son audace », a réagi pour sa part Me Sofia Soula-Michal, qui a déposé vendredi la plainte de la CFDT de la chimie pour  « mise en danger de la vie d’autrui, exercice illégal de la médecine et de la pharmacie et administration de substances vénéneuses ».
 
En France, l’usage de la chloroquine contre le coronavirus est l’objet de vifs débats. (AFP)
 
 
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