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CHRONIQUE: ‘’Ndoumbélane’’ et ‘’Jakarlo’’ : pauvreté d'un débat pour une démocratie de pacotille.

Samedi 3 Avril 2021

"Dans l'histoire comme dans la période actuelle, que de situations où le capitalisme se développe avec le soutien d'un régime politique, autoritaire ou dictatorial, oppresseur et répressif ! En outre, là où le capitalisme s'est engagé dans une voie postindustrielle, on voit bien progresser et l'individualisme et de nouvelles recompositions sociales ; mais la démocratie paraît partout affaiblie " Joseph Shumpeter
 
Dans ces deux talk-show qui semblent tenir le haut du pavé et qui, par la force de leur cristallisation dans le champ médiatique, semblent érigés en tribunaux populistes, s'y révèle une pauvreté déconcertante.
 
Les lieux communs et la vulgate sont l'ethos d'un discours à vocation scientiste sur des faits sociaux et politiques pour lesquels l'historicité, le fondement théorique et le substrat idéologique sont complètement bordurés.
 
Autant ce pays souffre de leadership, autant il est regrettable que ceux qui souhaitent élever le niveau d'exigence soient à ce point aussi vils que les leaders à qui ils voudraient faire la leçon.
 
Qui pour s'alarmer de cette dérive, cette propension tendancieuse à réduire le débat "scientifique" en une péroraison de prêt à penser ? Souffle de foucades et d'inepties rondement formulées telles un bréviaire de l'impertinence codifiée.
 
Donneurs de leçon à l'expertise vierge, ces commentateurs de l'actualité, tout fondés qu'ils se croient, par leur roulement de la mécanique, infatué de palinodies, ne se démontrent d'une épaisseur bien plus consistante qu'un critique politique de la trempe de Kouthia ou Sa Ndiogou.
 
Un chroniqueur médiatique, quelque soit la thématique, ne s'improvise pas. C'est un historien des idées et non un poncif du verbiage grossissant des traits de l'évènement, par la caricature fétide.
 
Henri Maler, enseignant au département de sciences politiques de Paris 8, en charge de la chaire Médias, Pouvoir et Opinion, en Master, nous mettait en garde contre la vilenie à laquelle l'infrastructure médiatique peut se rapporter, quand elle se soustrait aux exigences de veille scientifique et de vigie citoyen.
 
Il disait en filigrane qu'il est devenu monnaie courante de voir descendant de l'Olympe où siègent et pérorent les présentateurs-chroniqueurs-éditorialistes, flanqués d'une cohorte d'experts attitrés, une même rhétorique soutenant consciemment et/ou inconsciemment les discours politiques dominants qu'elle prétend combattre.
 
Telle est le constat sans appel auquel ces talk-show nous induisent. On fait la leçon aux politiques, et singulièrement aux agents du régime, avec les mêmes outrances verbales et/ou non verbales qu'on le leur reproche.
 
Ces deux talk-show sont à revoir fondamentalement, si les initiateurs souhaitent en faire le Prométhée du débat contradictoire et démocratique à la hauteur d'une société aux prétentions savantes.
 
Le manque de rigueur n'est pas propre au Macky, il est enkysté dans nos usages sur l'étendue des segments de notre société. Le reconnaître serait un véritable pas accompli vers l'humilité, mère des sagesses.
 
Mais avouons qu'humilité est un peu trop fâchée avec Sénégalais et c'est bien là notre drame.
Aguibou DIALLO
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