Connectez-vous

Au Tchad, le "dialogue national inclusif et souverain" s'ouvre après plusieurs reports

Samedi 20 Août 2022

Le dialogue national inclusif entre l'opposition civile et armée et la junte au pouvoir au Tchad, plusieurs fois reporté, s'est ouvert samedi pour trois semaines avec pour objectif de "tourner la page" de la transition et permettre d'organiser des "élections libres et démocratiques".
 
Le chef de la junte, Mahamat Idriss Déby Itno (photo), est arrivé vers 10h30 (09H30 GMT) en tenue militaire dans la cour extérieure du palais du 15 janvier, encadré par un important dispositif de sécurité, où il a inauguré une statue symbolisant l'unité nationale avant de passer en revue les détachements d'honneur et de rejoindre l'intérieur du palais, a constaté un journaliste de l'AFP.
 
Le jeune dirigeant, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en avril 2021 à la tête d'un Conseil militaire de transition (CMT) après la mort de son père Idriss Déby, qui a dirigé le pays d'une main de fer pendant 30 ans, avait promis d'organiser un dialogue avec l'opposition pour permettre le retour du pouvoir aux civils, dans un délai de 18 mois, renouvelable une fois.
 
Quelque 1.400 délégués, membres de syndicats, de partis politiques et du CMT, se réuniront pendant 21 jours au Palais du 15 Janvier, au cœur de la capitale N'Djamena, pour discuter de la réforme des institutions et d'une nouvelle Constitution, qui sera ensuite soumise à référendum. Les questions de la paix et des libertés fondamentales seront également évoquées. Les délégués se réuniront en différentes commissions.
 
Le président de la Commission de l'Union africaine (UA), le Tchadien Moussa Faki Mahamat, doit également s'exprimer pour l'ouverture du dialogue.
 
- "Rebâtir le Tchad" -
 
Ce DNI, qui devait initialement se tenir en février avant d'être plusieurs fois repoussé, s'ouvre moins de deux semaines après la signature, à Doha, d'un accord entre la junte tchadienne et une quarantaine de groupes rebelles.
 
Ce pré-dialogue avec certains groupes armés qui avaient combattu le régime d'Idriss Déby pendant des années prévoit notamment un "cessez-le-feu". L'accord signé le 8 août permet aux rebelles de participer au dialogue.
 
"Nous avons signé cet accord pour rebâtir le Tchad", a affirmé à l'AFP Timan Erdimi, chef de l'Union des forces de la résistance (UFR), revenu jeudi à N'Djamena après plusieurs années d'exil pour participer au dialogue tout comme Mahamat Nouri, chef de l'Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD).
 
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a félicité le Tchad pour ce dialogue, dans lequel il a salué une "opportunité historique de poser de nouvelles fondations pour la stabilité" du pays.
 
Le Tchad, indépendant de la France depuis 1960, a connu durant son histoire de nombreux coups d'Etat et tentatives. "Ce dialogue doit nous permettre de mettre définitivement le recours aux armes derrière nous", a affirmé Abderamane Koulamallah, porte-parole du gouvernement.
 
Selon un décret signé mercredi par le chef de la junte, Mahamat Idriss Déby, ce DNI aura un caractère "souverain" et ses décisions seront "exécutoires".
 
"Le président du Conseil militaire de transition, président de la République, chef de l'État, en est le garant", précise le décret.
 
- "Biaisé" -
 
Or le Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT), l'un des principaux groupes rebelles à l'origine de l'offensive qui a coûté la vie à Idriss Déby, n'a pas signé l'accord de Doha et ne participera pas au dialogue, le considérant "biaisé d'avance".
 
Wakit Tamma, une coalition de partis d'opposition et de membres de la société civile, a également refusé de participer au dialogue, accusant la junte de perpétuer des "violations des droits humains" et de préparer une candidature à la présidentielle du général Déby, qui s'était engagé, au début de la transition, à ne pas se présenter.
 
De son côté, Succès Masra, un opposant à la junte à la tête du parti Les Transformateurs, qui est membre de Wakit Tamma, a appelé samedi à la résistance civile et à des manifestations lors d'un meeting au siège de son parti à N'Djamena, devant plusieurs centaines de ses partisans entourés d'une forte présence policière.
 
Mahamat Idriss Déby a dû donner des gages à la communauté internationale à qui il a promis de rendre, sous 18 mois, le pouvoir aux civils, et de ne pas se présenter aux futures élections.
 
Mais le chef de la junte a porté en juin 2021 un premier coup de canif à ses promesses, en envisageant une prolongation de 18 mois de la transition et en remettant son "destin" à "Dieu" sur une éventuelle candidature à la présidentielle. (AFP)
 
Nombre de lectures : 106 fois

Nouveau commentaire :












Inscription à la newsletter