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Affaire Navalny : Bras de fer entre Berlin et Moscou

Dimanche 6 Septembre 2020

Les relations se durcissent entre la Russie et l’Allemagne autour d’Alexeï Navalny.


Berlin fixe un ultimatum pour avoir des explications sur son empoisonnement avant de possibles sanctions, tandis que Moscou a accusé l’Allemagne de retarder l’enquête.
 
«Fixer des ultimatums n’aide personne, mais si dans les prochains jours la partie russe ne contribue pas à clarifier ce qui s’est passé alors nous allons devoir discuter d’une réponse avec nos partenaires», a averti le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas dans le quotidien Bild.
 
Il a ajouté qu’en cas de sanctions, elles devraient être «ciblées» et n’a pas totalement exclu un impact sur le projet phare de gazoduc Nord Stream 2, entre la Russie et l’Europe.
 
Contre-attaque
 
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a en retour reproché à Berlin «de retarder le processus de l’enquête qu’elle réclame» en ne transmettant pas les pièces du dossier. «Délibérément?», a-t-elle écrit sur Facebook.
 
«Jusqu’à présent, nous ne sommes pas sûrs que l’Allemagne ne joue pas un double jeu», affirme Mme Zakharova, estimant que Berlin tardait à répondre de son côté aux requêtes de la justice russe. «Quelle est l’urgence sur laquelle vous insistez?», ajoute-t-elle, à l’adresse de M. Maas.
 
Principal opposant russe, Alexeï Navalny est actuellement hospitalisé à Berlin.
 
Kremlin mis en cause
 
Selon le gouvernement d’Angela Merkel, il a été «sans équivoque» empoisonné en Russie lors d’une tournée électorale par un agent neurotoxique de type Novitchok, conçu à l’époque soviétique à des fins militaires.
 
Berlin et les autres pays occidentaux ont exhorté Moscou à plusieurs reprises à faire la lumière sur l’empoisonnement.
 
Le ministre britannique des Affaires étrangères Dominic Raab a jugé dimanche «très difficile» de penser à une autre explication «plausible» que celle d’une «émanation de l’Etat russe». Il est «clair que le Novitchok a été utilisé», a-t-il estimé sur Sky news.
 
Mais son homologue russe Sergueï Lavrov a accueilli cette semaine avec «une bonne dose de scepticisme» les accusations de tentative d’assassinat et demandé à Berlin de fournir des preuves.
 
Abandonnant les précautions diplomatiques utilisées jusqu’ici par Berlin, M. Maas a mis directement en cause l’Etat russe dans l’empoisonnement.
 
«Il y a plusieurs indices en ce sens, c’est la raison pour laquelle la partie russe doit maintenant réagir», a-t-il dit.
 
«La substance mortelle avec laquelle Navalny a été empoisonné s’est trouvée dans le passé en possession des autorités russes, seul un petit nombre de personnes ont accès au Novitchok et ce poison a déjà été utilisé par les services russes pour l’attaque contre l’ex-agent (russe) Sergueï Skripal» en Grande-Bretagne, a-t-il encore énuméré.
 
Jeudi déjà, le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, avait évoqué d’éventuelles sanctions.
 
Dans ce registre, M. Maas a évoqué les menaces sur le projet très controversé en cours de finition de gazoduc Nord Stream 2, censé approvisionner l’Allemagne et l’Europe en gaz russe. Un projet jusqu’ici très cher à l’Allemagne.
 
«J’espère en tout cas que les Russes ne nous contraindront pas à changer notre position sur Nord Stream», a dit le ministre, tout en appelant à ne pas «réduire» le débat à ce seul dossier.
 
Menace sur le gazoduc
 
Le gouvernement d’Angela Merkel est avec l’affaire Navalny sous une pression croissante pour revoir son soutien à ce projet.
 
Les Etats-Unis mènent déjà depuis plusieurs années déjà une intense campagne pour tenter de le torpiller. Ils ont imposé des sanctions contre les entreprises impliquées dans le chantier, actuellement à l’arrêt, malgré les protestations européennes.
 
Jusqu’ici, la chancelière a toujours tenu à scinder la relation avec Vladimir Poutine de ce projet, eu égard aux intérêts économiques et énergétiques majeurs en jeu: plus d’une centaine d’entreprises européennes, dont la moitié allemandes, y sont associées.
 
Au plan national, Nord Stream est néanmoins devenu pour elle un sujet controversé de débat, notamment entre les prétendants à sa succession à la chancellerie dans son camp conservateur, en vue des élections législatives de fin 2021.
 
Deux d’entre eux, Friedrich Merz et le président de la commission des Affaires étrangères de la chambre des députés, Norbert Röttgen, ont appelé à stopper le gazoduc, sous peine selon ce dernier «d’encourager Poutine» à «poursuivre sa politique».
 
Un autre, Armin Laschet, un des favoris, a lui appelé à ne pas agir «par réflexe». (ATS/NXP)
 
 
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