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Adolescent tué en France - Le jeune Nahel inhumé

Samedi 1 Juillet 2023


Le président Emmanuel Macron a été contraint samedi de reporter sa visite d’État en Allemagne au lendemain d’une quatrième nuit d’émeutes en France causées par la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier et inhumé loin des caméras dans sa ville de Nanterre, en banlieue parisienne.
 
Quelque 45 000 policiers et gendarmes seront à nouveau mobilisés dans la nuit de samedi à dimanche pour faire face aux émeutes qui agitent le pays, a annoncé le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
 
A Marseille (sud-est) et Lyon (centre-est), principales villes touchées vendredi soir, les forces de l’ordre seront « considérablement » renforcées, a ajouté le ministre.
 
Saisi par une vidéo amateur venue contredire le récit initial livré par les policiers, le tir à bout portant d’un motard et la mort de l’adolescent lors d’un contrôle routier ont choqué jusqu’au sommet de l’État et embrasé tout le pays.
 
Quelques semaines après la longue crise causée par sa réforme contestée des retraites, le chef de l’État a téléphoné à son homologue allemand pour l’informer « de la situation dans son pays » et de sa décision de renoncer à sa visite prévue de dimanche soir à mardi, a annoncé la présidence allemande.
 
Samedi, une foule de plusieurs centaines de personnes s’est pressée au funérarium de Nanterre, dans une mosquée de la ville puis au cimetière du Mont-Valérien pour l’enterrement de Nahel, en présence de sa mère et de sa grand-mère.
 
« Paix à son âme, que justice soit faite », a lancé sous couvert d’anonymat à l’AFP une Nanterrienne en sortant du funérarium. « Je suis venue soutenir la maman, elle n’avait que lui, la pauvre ».
 
La cérémonie avait commencé au funérarium de Nanterre dans un climat de vives tensions entre des groupes de jeunes et la presse, dont la présence avait été proscrite par la famille et l’entourage de la victime.
 
L’inhumation s’est achevée vers 17 h 30 (11 h 30 heure de l’Est) de façon « très calme, dans le recueillement et sans débordement », a rapporté un témoin à l’AFP, ajoutant que de très nombreux jeunes étaient présents.
 
Incendies et pillages
 
De nombreuses villes de France ont encore été durant la nuit de vendredi à samedi le théâtre de heurts entre les forces de l’ordre et des jeunes issus des quartiers populaires criant leur haine de la police, de destructions de bâtiments publics et de mobilier urbain ou de pillages de commerces.
 
Quelque 1350 véhicules ont été incendiés, 266 bâtiments ont été incendiés ou dégradés, dont 26 mairies et 24 écoles, et 2560 feux comptabilisés sur la voie publique, selon le ministère de l’Intérieur, des chiffres en net recul par rapport à ceux de la nuit précédente.  
 
Le ministère a par ailleurs recensé dans la nuit 31 attaques de commissariats, 16 attaques de postes de police municipale et 11 de casernes de gendarmerie, et fait état de 79 policiers et gendarmes blessés.
 
À Vaulx-en-Velin, dans la banlieue lyonnaise, un émeutier a tiré au fusil à grenailles en direction de trois policiers qui ont été blessés, a rapporté une source policière.
Lyon et Marseille ont été les deux agglomérations les plus touchées.
 
Marseille a à nouveau été le théâtre de heurts et de scènes de pillages, du centre-ville puis plus au nord, dans ces quartiers populaires longtemps laissés pour compte, que le président Macron a visités en début de semaine.
 
« Ils sont venus spécialement pour casser, voler et repartir », a déploré un commerçant du centre commercial du Merlan, Youcef Bettahar. « Moi j’étais là jusqu’à 5 h du matin, de très très jeunes filles et garçons repartaient avec des sacs remplis, on est vraiment dégoûté de ce qu’il se passe ».
 
Des armes de chasse ont été dérobées dans une armurerie de la ville, mais sans munition, selon la préfecture de police.
 
À Lyon, une trentaine de magasins du centre-ville ont été pillés. « Lundi […] je mets tout en vente, ça suffit », lançait, écoeurée, la patronne d’une boutique de lingerie dans une rue piétonne jonchée de débris.
 
La région parisienne n’a pas été épargnée par les flammes, notamment Colombes (Hauts-de-Seine).
 
À Saint-Denis, un centre administratif a été incendié, et dans le Val-d’Oise, la mairie de Persan-Beaumont et le poste de police municipale ont été en partie détruits par les flammes.
 
« Un acte inqualifiable », a dénoncé sur place le ministre délégué au Logement, Olivier Klein.
Renforts
 
La nuit a été plus calme à Bordeaux, Dunkerque (Nord) ou Calais (Pas-de-Calais), mais de nombreuses villes ont été touchées par les incidents comme Lens ou Metz, dont une médiathèque a été entièrement brûlée. « Un cataclysme incroyable », s’est désespéré Patrick Thil, l’adjoint au maire en charge de la Culture.
 
Pour tenter d’enrayer la spirale des émeutes, de nombreuses communes ont instauré un couvre-feu et les bus et tramways d’Île-de-France cesseront samedi, comme la veille, de circuler à compter de 21 h.
 
À Marseille, tous les transports en commun s’arrêteront samedi dès 18 h (12 h heure de l’Est) et des renforts de CRS et des blindés sont attendus. Des éléments de la CRS 8, spécialisée dans les émeutes urbaines, ont également été dépêchés à Lyon.
 
La cellule interministérielle de crise s’est réunie une nouvelle fois samedi matin, autour du directeur de cabinet de la première ministre, Élisabeth Borne pour faire le point de la situation. Les ministres ont pour leur part été priés de rester à Paris ce week-end.
 
La question de l’état d’urgence reste posée et surveillée à l’étranger, d’autant plus que la France accueille à l’automne la Coupe du monde de rugby, puis les Jeux olympiques à Paris à l’été 2024.
 
Les joueurs de l’équipe de France de football ont envoyé vendredi soir un « appel à l’apaisement ».  
 
Cette spirale de violences et la colère de nombreux jeunes habitants des quartiers populaires ont rappelé les émeutes qui avaient secoué la France en 2005, après la mort de deux adolescents poursuivis par la police.
 
Le policier de 38 ans auteur du coup de feu qui a tué Nahel a été inculpé pour homicide volontaire et placé en détention provisoire jeudi après-midi. (AFP)
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