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ZONE DE PRODUCTION HORTICOLE DE PIKINE : Mise en péril et menaces sur l’Avenir du poumon vert de Dakar

Dimanche 6 Novembre 2016

Nous sollicitons l’urgente organisation d’un débat serein sur l’avenir de la Grande Niaye de Pikine, zone à vocation agricole affirmée et reconnue depuis plusieurs décennies.

Cette zone humide, qui s’étend entre la Patte d’Oie, les Parcelles Assainies, Guédiawaye, Dalifort et Hann Mariste est le poumon vert de Dakar. Elle a une importance capitale pour l’environnement et les écosystèmes qu’elle abrite, l’économie et l’agriculture urbaine, ainsi que le tourisme.
 
Malgré son importance économique et écologique, et malgré la batterie de mesures juridiques pour sa conservation depuis l’époque coloniale jusqu’à nos jours, cette zone de culture ne cesse de faire l’objet de destruction pour « utilité publique », nous sert-on la plupart du temps (le Golf, le Technopole, l’extension de la voie menant vers la STEP ONAS Pikine, l’Autoroute à Péage, la Voie de Contournement de l’autoroute à péage, l’Arène Nationale de Lutte …).
 
L’Etat du Sénégal s’est pris tardivement à une politique effective de protection des Niayes de la région de Dakar. Le 15 octobre 2002, le Président de la République avait promulgué le décret 2002.1042 ordonnant l’élaboration et la mise en œuvre du Programme d’Actions pour la Sauvegarde et le Développement Urbain des Niayes et Zones Vertes de Dakar (PASDUNE) et prescrivant des mesures de sauvegarde. Ce programme était doté d’un Plan Directeur d’Aménagement et de Sauvegarde (PDAS). Pour rappel, nous avons été associés à toutes les phases de son élaboration en tant qu’acteurs réels de la zone.
 
Le récent engagement du Président de la République à sauvegarder les zones de production horticole lors du dernier conseil des Ministres délocalisé à Pikine dans la région de Dakar avait donné l’espoir que nos terres agricoles seraient définitivement préservées de toute destruction.
Contre toute attente, les périmètres horticoles de nos producteurs implantés au Technopole ont été dévastés ce jeudi 27 octobre 2016 sur instruction du préfet de Pikine et sans aucune procédure administrative au préalable (sommation, évaluation impasse etc. pour la grande majorité des producteurs).
 
Les raisons motivant cette destruction seraient que Monsieur Serigne Mboup du Groupe CCBM est titulaire d’un titre foncier de 08 ha et souhaiterait récupérer son site. Ce titre, jusqu’à ce moment, aucun élément probant ne nous a été présenté malgré notre insistance de voir un document justifiant ce déguerpissement.
 
La Brigade Zonale de Gendarmerie de la DSCOS (Direction de la Surveillance et du Contrôle de l’Occupation du Sol) invitée sur les lieux avait dans un premier demandé l’arrêt des destructions.
Ce n’est qu’après discussion à notre insu avec le Préfet de Pikine, arrivé un peu plus tard sur les lieux, que les opérations de destruction se sont poursuivies avec l’encadrement de cette même brigade et l’ordre et la volonté farouche de nous tenir à distance pendant toute une journée.
 
Cette destruction inopinée à notre avis pourrait résulter :
 
1. d’une méconnaissance par certaines de nos autorités administratives locales des décrets et lois protégeant cette zone des Niayes ; il s’agira alors pour nous d’un abus de pouvoir exercé par l’autorité administrative locale en l’occurrence le Préfet de Pikine que nous avions préalablement alerté sur l’irrégularité d’une éventuelle décision de déguerpissement avec à l’appui une demande de sauvegarde de la zone,
 
2. du non-respect de la procédure permettant d’octroyer le titre d’occupation sur ce site. En principe, le demandeur doit transmettre un dossier aux services des domaines qui ouvrent l’instruction (état exhaustif des lieux, visites de terrain, annonce pour d’éventuelles contestations, enquête d’usage et évaluation éventuelle des impenses etc.).
 
3. de l’instabilité de la politique de l’Etat par rapport à l’esprit de protection accordé à cette zone et cela au grand bonheur des industriels, promoteurs immobiliers et autres spéculateurs fonciers. Cette instabilité de la position de l’Etat, si l’on n’y prend pas garde, peut être source de tension entre producteurs maraichers établis dans la zone depuis des décennies et des tiers qui tentent de s’accaparer des terres.
 
Ces tensions risquent d’engendrer des événements sociaux imprévisibles d’un moment à l’autre.
Conscient de votre rôle d’alerte et de régulateur social, nous osons croire à la réalisation de ce débat dans les plus brefs délais.
 
NB : A toute fin utile, les justificatifs nécessaires pourront être mis à votre disposition.
Le Président de l’UPROVAN - Ibrahima Amadou WATT
 
 
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