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UBS trébuche sur la réforme fiscale américaine mais veut choyer ses actionnaires

Lundi 22 Janvier 2018

Zurich (awp) - La vaste réforme fiscale initiée par Donald Trump aux Etats-Unis aura laissé des traces dans les comptes d'UBS. La performance financière du groupe bancaire a été pénalisée par des dépréciations sur les actifs d'impôts différés au dernier trimestre 2017. L'établissement entend néanmoins choyer ses actionnaires avec un dividende à un niveau inédit depuis la crise financière.

"2017 a été une excellente année pour notre entreprise. Nous avons obtenu des résultats financiers plus solides et atteint notre objectif d'économies" nettes de 2,1 mrd CHF à fin 2017, a affirmé lundi le directeur général (CEO) Sergio Ermotti. Selon ce dernier, le groupe peut désormais mettre "l'accent sur la croissance" et offrir "des rendements intéressants aux actionnaires".

Malgré une dépréciation nette de 2,9 mrd CHF sur les impôts différés subie en raison de la réforme fiscale outre-Atlantique, UBS prévoit de gâter ses actionnaires. Le dividende ordinaire a été relevé de 50 centimes à 0,65 CHF au titre de 2017. Un tel montant n'avait plus été versé depuis 2006, juste avant que la crise des subprimes ne manque de couler le vaisseau amiral de la finance helvétique.

La banque prévoit par ailleurs de lancer en mars un programme de rachat d'actions pour un maximum de 2 mrd sur trois ans, dont 550 mio au plus cette année.

La direction a également décidé de revoir ses objectifs en matière de restitution des bénéfices. UBS prévoit désormais d'augmenter le dividende ordinaire entre 5% et 9% par an, rendant "caduc" l'objectif précédent qui visait à redistribuer au moins 50% du résultat net aux actionnaires. D'autres rachats d'actions sont prévus.

UBS a estimé disposer "d'une vision plus claire des exigences futures", après la finalisation des règles de Bâle III visant à assurer la solidité financière des grands établissements bancaires mondiaux.

Ces cadeaux aux actionnaires, mollement applaudis par les analystes, n'ont cependant pas suffi à effacer une performance financière "mitigée" selon les observateurs.

La banque a ainsi vu son résultat net virer au rouge au quatrième trimestre 2017 à -2,22 mrd CHF, après un bénéfice net de 636 mio un an plus tôt. Sur l'ensemble de l'année, l'établissement zurichois a subi un tassement du bénéfice net de 63,6% à 1,17 mrd.

Hors l'élément exceptionnel que constitue la dépréciation des actifs d'impôts différés, les résultats sont plus reluisants. Le bénéfice avant impôts est ressorti en progression de 33,6% à 997 mio CHF au quatrième trimestre et de 32,2% à 5,41 mrd sur l'ensemble de l'année. Au niveau des recettes, le produit d'exploitation a pris 0,9% à 7,12 mrd au dernier partiel.

La perte nette sur les trois derniers mois de l'exercice écoulé est un peu plus importante que ne l'anticipaient les analystes interrogés par AWP. Ces derniers s'attendaient à un résultat net négatif de 2,12 mrd CHF. Au niveau du résultat avant impôts trimestriel, la banque aux trois clés a cependant fait mieux que les 812 mio anticipés par la moyenne des prévisions.

GESTION DE FORTUNE UNIFIÉE

Les observateurs avaient anticipé cette contre-performance, due à la réforme fiscale du président américain Donald Trump, qui a amené la plupart des grandes banques à effectuer d'importants correctifs de valeur. Cet ajustement abaisse le taux d'imposition des sociétés de 35% à 21%, ce qui contraint les banques à réduire la valeur de leurs actifs d'impôts différés. Le concurrent Credit Suisse avait fait état en décembre d'une dépréciation de 2,3 mrd CHF.

Les géants américains n'ont pas été épargnés. Goldman Sachs a enregistré sa première perte trimestrielle depuis six ans, tandis que Bank of America a été à nouveau contrainte de grever ses comptes.

Les afflux d'argent nouveau ont été mitigés. Alors que ceux de Wealth Management ont bondi à 51,1 mrd CHF fin 2017, contre 26,8 mrd fin 2016, ils ont été négatifs de 6,8 mrd (+15,4 mrd fin 2016) pour Wealth Management Americas. La gestion d'actifs (Asset Management) a engrangé 58,7 mrd de liquidités, après des sorties de 15,5 mrd un an plus tôt.

La banque a d'ailleurs décidé de simplifier sa structure en matière de gestion de fortune en regroupant les deux unités - Wealth Management et Wealth Management Americas - dans la nouvelle division Global Wealth Management.

L'optimisme reste de rigueur pour la suite, la banque s'attendant à encore profiter cette année de "l'amélioration de la confiance des investisseurs" et du rebond conjoncturel. La faible volatilité risque par contre de pénaliser les marchés.

Ces annonces n'ont pas réussi à calmer les investisseurs. Après avoir reculé de plus de 3%, le titre se reprenait à la mi-journée et ne cédait plus que 1,4% à 19,06 CHF dans un SMI quasiment stable (-0,05%). (AWP)
 
 
 
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