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Trois districts électoraux exclus de la présidentielle en RD Congo

Mercredi 26 Décembre 2018

Béni, un des bastions de l'opposition où les électeurs ne voteront pas pour la présidentielle du 30 décembre.
Béni, un des bastions de l'opposition où les électeurs ne voteront pas pour la présidentielle du 30 décembre.

KINSHASA (Reuters) - Les électeurs de trois villes de la République démocratique du Congo connues pour être des bastions de l'opposition seront exclus de l'élection présidentielle de dimanche, a annoncé mercredi la commission électorale qui invoque des raisons de santé publique et de sécurité.

Deux des villes concernées, Beni et Butembo, sont situées dans la province du Nord-Kivu, dans l'est du pays. Elles sont confrontées à une épidémie d'Ebola depuis août. La décision s'applique également aux zones rurales situées aux abords de Beni.

La troisième ville, Yumbi, dans l'ouest, est le théâtre de violences ethniques qui ont fait plus de 100 morts la semaine dernière.

Au total, ces trois districts représentent plus de 1,2 million d'électeurs, sur un total de 40 millions d'électeurs inscrits dans toute la RDC. Ils sont historiquement favorables à l'opposition au président sortant Joseph Kabila, qui soutient la candidature de son ancien ministre de l'Intérieur, Emmanuel Ramazani Shadary.

Le 5 décembre, le ministre de la Santé, Oly Ilunga, avait assuré que l'épidémie de fièvre Ebola ne perturberait pas le processus électoral et avait fait remarquer que les opérations d'enregistrement sur les listes électorales l'an dernier en RDC n'avaient pas été gênées par la précédente épidémie.

Dans un communiqué, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) annonce que "les élections directes dans les circonscriptions électorales de Beni, Beni ville et Butembo ville, en province du Nord-Kivu, ainsi que Yumbi, dans la province de Maï-Ndombe, (...) sont programmées au mois de mars 2019".

Pour le Nord-Kivu, la CENI met en avant "la persistance de l'épidémie de la maladie à virus Ebola" et "la menace terroriste qui place sur cette région". Elle souligne que les mouvements des électeurs vers leur bureau de vote augmentent "le risque de propagation de cette maladie et favorisent opportunément les attaques terroristes".

Pour Yumbi, la commission estime que la "tension persistante ne permet pas la tenue des scrutins apaisés dans le délai imparti".

Les élections législatives et provinciales auront lieu en mars à Beni, Butembo et Yumbi, a indiqué la CENI. "Nous avons bien conscience que c'est difficile, mais telle est la situation à laquelle nous sommes confrontés", a dit à la presse le porte-parole de la CENI, Jean-Pierre Kalamba.

"UNE ÉNIÈME STRATÉGIE POUR DÉTOURNER LA VÉRITÉ DES URNES"

Le principal candidat de l'opposition, Martin Fayulu, a mis la CENI en garde contre toute tentative visant à suspendre le vote à Beni et à Butembo. "Le prétexte d’Ebola est fallacieux car il y a bien eu campagne dans ces contrées. C’est une énième stratégie pour détourner la vérité des urnes", écrit-il sur Twitter.

Kizito Bin Hangi, président d'un collectif issu de la société civile à Beni, a déclaré à l'agence Reuters que la décision de la CENI était injustifiée. Il a ajouté que des manifestations débuteraient jeudi pour réclamer que le scrutin se déroule comme prévu.

Les élections présidentielle, législatives et régionales, qui devaient initialement avoir lieu en novembre 2016, ont été reportées à plusieurs reprises, ce qui a déclenché des violences au cours desquelles les forces de sécurité ont tué des dizaines de personnes.

Elles ont encore été repoussées d'une semaine, du 23 au 30 décembre, du fait de retards dans l'acheminement du matériel de vote.

Ces élections doivent tourner une page en RDC, qui ne sera plus présidée par Joseph Kabila, au pouvoir depuis l'assassinat de son père, Laurent-Désiré, en 2001.

Mais, à 47 ans seulement, Kabila a indiqué dans une interview accordée début décembre à Reuters qu'il entendait continuer à faire de la politique après la présidentielle et qu'il n'excluait pas d'être de nouveau candidat à la magistrature suprême en 2023.

Les résultats définitifs de la présidentielle seront annoncés le 15 janvier et le nouveau président sera investi trois jours plus tard.

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