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TOUBA: Le diktat des «conteneurs» sur le marché local

Mercredi 23 Novembre 2016

TOUBA: Le diktat des «conteneurs» sur le marché local
Les conteneurs de marchandises d'occasion importées constituent un nouveau business à Touba. Les magasins de fortune poussent comme des champignons dans la cité religieuse. On les retrouve à tout coin de rue. Ils ne désemplissent pas. Les avis des commerçants et des consommateurs recueillis sont partagés quant à leur impact socio-économique.
 
Chaque année, le Grand Magal, impacte considérablement, et à bien des égards, sur l’économie locale. L’événement draine, en effet, une intense activité économique, tant au niveau micro que macro. Si l’on considère le commerce, il apparait que les acteurs de ce secteur ne connaissent pas de périodes plus fastes dans l’année que cette période là.
 
Avec l’évènement qui a drainé des centaines de milliers de personnes, tous les chemins ont mené à Touba. La ville, en l’espace d’une semaine, s’est transformée en une véritable foire aux bonnes affaires, profitant à toutes les couches sociales. Des détenteurs de grands magasins aux marchands ambulants, en passant par les propriétaires de cantines, les vendeurs de cacahuètes ou d’eau, tous profitent de cet événement.
 
Mais le phénomène de ces dernières années dans la capitale du Mouridisme, c’est les « containers ». Ce sont en fait des marchandises d’occasions importées que l’on appelle ainsi dans le jargon local. Elles font fureur à Touba. Les magasins, les expositions ou étalages que l’on retrouve à tout coin de rues, ne désemplissent pas. On y retrouve toutes sortes de produits. De l’électroménager au textile en passant par la bureautique, la vaisselle et l’habillement, tout se vend au niveau de ces magasins de fortune. Et à bon prix.
 
Les tenants de ces expositions ou magasins se frottent bien les mains pendant cette période. Si l’on en croit Baye Modou, un commerçant propriétaire de ce type de magasin sis sur la route de Touba, leurs chiffres d’affaires peuvent atteindre quinze voire vingt millions de francs Cfa. « On vend bien plus en période de Magal car les gens achètent plus pour leurs hôtes », déclare-t-il. « On parvient à vendre de trois cent mille à cinq cent  mille FCFA par jour, et même plus, au fur et à mesure que l’événement approche », ajoute un autre tenancier de magasin de tissus appelés « Venant ».
 
Réglementation
S’agissant des inconvénients et des avantages, les avis recueillis des commerçants et des consommateurs sont partagés. « Cela ne nous dérange guère parce que les gens commencent à faire la part des choses », fulmine Cheikh Ndiaye, commerçant, vendeur de quincaillerie à Touba 28. « Certes, les marchandises d’occasion sont moins chères mais les gens préfèrent maintenant les produits tout neufs. C’est moins fatiguant. ».
 
D’autres commerçants de la place estiment qu’il faut réglementer ce secteur. « Ce n’est pas normal surtout par rapport aux commerçants qui s’acquittent de leurs droits en payant correctement leurs taxes, alors que ces importateurs de marchandises d’occasion ne payent pas de taxes et viennent nous bousculer. Nous risquons tous de fermer boutiques. On doit réglementer ces magasins », s’exclame en colère Ahmadou Dia, très connu dans l’import-export à Touba. « Sincèrement, cela a impacté sur nos chiffres d’affaires. Les ventes ont considérablement baissé ».
 
Khabane Touré, ancien émigré, établi en Italie, actuellement de retour au pays natal, est catégorique sur la question avec une position tranchée. « Il faut barrer la route à ces formes d’importation de marchandises qui n’ont plus de valeur dans les pays occidentaux et qui, aujourd’hui, submergent nos marchés et fragilisent nos vaillants commerçants », suggère-t-il.
 
Demande forte
En revanche, coté avantages, ces marchandises d’occasion importées profitent bien aux consommateurs. « Sur le plan de la qualité, au niveau des conteneurs fraichement arrivés, on trouve des produits et des appareils en très bon état et souvent préférables aux neufs », fait remarquer Aicha Gaye, une cliente que nous avons trouvée sur les lieux. Un autre de renchérir: « au-delà de la qualité, ces marchandises sont plus abordables et plus accessibles aux pauvres citoyens que nous sommes, car avec 9000 francs Cfa, on peut facilement disposer de 6 kg de tissus de bonne qualité, à raison de 1 500 francs le kg, soit relativement 12 yards de tissus. Or, au marché, dans les magasins huppés de tissus, on débourse pour le même tissu, près de 30 000F à raison de 2 500F le yard ».
 
Quant à la demande, elle est plus forte au niveau des « containers », si l’on se fie aux propos d’un propriétaire de magasin de vente de marchandises. Qui explique parvenir à écouler ses produits de toutes sortes et de passer une autre commande de container, le tout en l’espace d’un mois. Alors que « le tenant de quincaillerie peine à vendre son stock de 3 mois ». Ce qui prouve que les gens sont plus portés vers ces marchandises d’occasions, moins chères, plus accessibles et parfois de meilleure qualité. (Abdoulaye FAM)
 
 
 
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