L’élection présidentielle sénégalaise prévue à l’origine le 25 février 2024 aura finalement lieu « très prochainement », a décidé le président Macky Sall. Selon le communiqué du conseil des ministres de ce 21 février, le scrutin ne sera tenue qu’« après les consultations avec les acteurs politiques, les responsables de la société civile et les représentants des forces vives de la nation. » A cet égard, lit-on dans la même source, le président de la République entend favoriser « un processus inclusif de concertation et de dialogue afin de bâtir des consensus autour de la réconciliation nationale, de l’apaisement et de la pacification de l’espace public en vue de consolider la stabilité politique, économique et sociale. »
« Très prochainement », un horizon qui semble renvoyer à une échéance plus lointaine que celle fixée par le Conseil constitutionnel dans sa Décision du 15 février 2024 même si le flou artistique sciemment entretenu pourrait tout autant contenir une date d’avant le 2 avril 2024, jour d’expiration du second et dernier mandat du président Sall.
Depuis la délibération des juges constitutionnels, les principales organisations de la société civile et le collectif de 16 des 19 candidats retenus pour la présidentielle s’emploient á obtenir du chef de l’Etat la fixation d’une date pour la tenue de l’élection. La plupart d’entre eux proposent le 3 ou le 10 mars 2024 afin de rester dans les limites tracées par le Conseil constitutionnel. A ce propos, la plateforme AAR SUNU ELECTION et certaines de ses composantes comme « Sursaut Citoyen » ont exprimé leur inquiétude devant l’inaction prolongée du président Sall face á « l’urgence » de poser des « actions concrètes » qui permettront de « respecter les délais constitutionnels ».
En conseil des ministres, le président de la République a pourtant instruit le ministre de l’Intérieur « de prendre toutes les dispositions en relation avec le ministre des Finances et du Budget, la Cena (NDLR: Commission électorale nationale autonome) et les autorités administratives pour une bonne organisation de l’élection présidentielle. »
Dans le souci de prendre le temps nécessaire pour continuer la « pacification » du champ politique, Macky Sall a relancé sa ministre de la Justice pour « finaliser les projets de textes » en gage de sa « volonté de réconciliation et de pardon dans le respect de l’Etat de droit et la consolidation de la paix sociale durable ».
Cette orientation devrait se concrétiser par la reprise des libérations massives de prisonniers entamée la semaine dernière. Selon Aïssata Tall Sall, 272 individus pourraient très bientôt quitter les prisons dakaroises après que 344 autres ont bénéficié d’une « liberté provisoire ».
« Très prochainement », se tiendra donc l’élection présidentielle au Sénégal. Mais avant, le président Macky Sall, « en qualité de gardien de la Constitution et garant de l’Etat de droit », veut redonner de la crédibilité á « nos institutions » ainsi qu’au processus électoral dans son ensemble pour, en fin de compte, « asseoir la rayonnement de notre démocratie. »
Le Conseil constitutionnel qui semble devoir passer pour l’agneau du sacrifice présidentiel en tant qu’institution électorale majeure du système démocratique sénégalais y laissera-t-il sa peau ?







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