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RDC: élections reportées d'une semaine, la campagne s'arrête dès vendredi

Jeudi 20 Décembre 2018

La "première transmission pacifique" du pouvoir en République démocratique du Congo attendra encore au moins une semaine: les élections supposées désigner le successeur du président Joseph Kabila ont de nouveau été reportées de sept jours, au 30 décembre.

Fin 2017, puis le 23 décembre 2018, et maintenant le 30 décembre: c'est le troisième report de ces élections générales depuis la fin du deuxième et dernier mandat de M. Kabila le 20 décembre 2016, dans le plus grand pays d'Afrique sub-saharienne, connu pour son instabilité et ses richesses minérales.
 
La campagne électorale, rattrapée par la violence, s'arrête en revanche dès vendredi 21, a précisé le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), Corneille Nangaa.

Après les élections du 30, les résultats seront annoncés "le plus rapidement possible", a indiqué M. Nangaa, sans autre précision. Plus question du délai d'une semaine pour la proclamation des résultats provisoires prévu initialement.

"Kabila n'a pas l'intention de quitter le pouvoir", s'est énervé Yannick Sadisa, étudiant en droit, et membre du parti historique d'opposition UDPS. "Après la fin de son mandat, il s'est tapé deux ans supplémentaires et aujourd'hui même si on donne sept jours supllémentaires, ça ne va pas suffire. Trop c'est trop".

Au moins cinq manifestants réclamant des élections ont été arrêtés près du siège de l'UDPS où la police a tiré des gaz lacrymogènes, a rapporté un photographe de l'AFP.

Trois principaux candidats se détachent parmi les prétendants à la succession de M. Kabila: son "dauphin", le candidat du pouvoir Emmanuel Ramazani Shadary, et les deux frères ennemis de l'opposition, Félix Tshisekedi (UDPS) et Martin Fayulu.

Les violences pré-électorales ont fait au moins six morts. Plusieurs ont éclaté lors de déplacements de l'opposant Fayulu, dont la popularité ne s'est pas démentie pendant la campagne. 

Il est soutenu par deux poids lourds anti-Kabila, Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba.

D'après la Céni, l'incendie a détruit une bonne partie du matériel électoral destiné à la capitale (huit à 12 millions d'habitants, dont 4,4 millions d'inscrits sur les listes électorales, soit 11% du total).

Ce matériel comprend les "machines à voter" fabriquées par la société privée sud-coréenne Miru Systems.

M. Nangaa assure avoir réussi à remplacer les quelque 8.000 machines brûlées dans l'incendie, mais pas les bulletins de vote qui vont avec.

"Il a donc fallu en commander auprès du fournisseur en Corée du Sud", a assuré M. Nangaa, avançant le chiffre de cinq millions. "Le dernier lot ne peut arriver qu'au soir du samedi 22 décembre".

Les "machines à voter" se présentent sous la forme d'un écran tactile dans lequel l'électeur introduit un bulletin de vote cartonné. 

L'électeur ou l'électrice clique ensuite sur la photo et le nom des candidats, avant l'impression du bulletin de vote à glisser dans l'urne pour un comptage manuel.

Pour l'organisation des élections, la Céni refuse l'aide logistique et financière que lui propose la communauté internationale, à commencer par les moyens aériens de l'imposante Mission des Nations unies au Congo (Monusco).

- "Aucun report n'est justifiable" -

Ces élections ont été reportées une première fois à l'expiration du deuxième et dernier mandat du président Kabila fin 2016, officiellement faute de moyens financiers.

Ce report avait suscité des protestations réprimées dans le sang en septembre et décembre 2016.

Un accord in extremis sous l'égide des évêques le 31 décembre 2016 avait prolongé de facto d'un an le pouvoir du président Kabila, moyennant des élections en décembre 2017.

Elles ont une nouvelle fois été reportées, officiellement en raison du retard pris dans l'enregistrement des électeurs au Kasaï, région du centre de la RDC victime d'un violent conflit entre septembre 2016 et mi-2017.

"Plus de deux ans après l'expiration des délais constitutionnels, aucun report n'est justifiable", a prévenu la coalition Lamuka constituée autour de l'opposant Martin Fayulu.

Mercredi soir, M. Fayulu a été raccompagné sous escorte policière chez lui à Kinshasa après avoir été retenu par un barrage policier à l'extérieur de la capitale où il voulait tenir une réunion publique, a rapporté l'AFP.

Juste avant son arrivée, le gouverneur provincial avait suspendu la campagne électorale à Kinshasa pour des "impératifs sécuritaires", dans une lettre curieusement datée à la fois de mardi et mercredi.
 
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