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RDC: Heurts après l'arrêt de la campagne présidentielle à Kinshasa

Mercredi 19 Décembre 2018

KINSHASA (Reuters) - Des affrontements ont opposé mercredi des partisans de l'opposition et des forces de police à Kinshasa dont le gouverneur a ordonné la suspension de la campagne pour l'élection présidentielle dans la capitale de la République démocratique du Congo (RDC).

Le gouverneur André Kimbuta a pris cette décision mercredi après des violences au cours desquelles sept personnes sont mortes et un millier d'urnes électorales ont été détruites dans un incendie la semaine passée.

Les affrontements à Kinshasa ont eu lieu quelques heures après l'annonce de la suspension de la campagne électorale dans la capitale, mesure qui a provoqué la colère des partisans de l'opposant Martin Fayulu.

Des unités de la police ont procédé à des tirs de gaz lacrymogènes pour empêcher les partisans de Fayulu de se rendre à un rassemblement électoral dans la banlieue de Kinshasa.

La commission électorale a démenti dans la soirée l'information relayée par plusieurs organes de presse locaux annonçant que le scrutin dont le premier tour prévu dimanche était reporté.

Cette élection présidentielle pourrait déboucher sur le premier transfert démocratique du pouvoir dans ce pays après des décennies de système autoritaire, de coups d'Etat et de conflits armés.

Le scrutin, sous tension, doit désigner le successeur de Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, atteint par la limitation du nombre de mandats.

Le gouverneur Kimbuta ajoute que les candidats ne pourront mener campagne que dans les médias, un avantage de taille pour Emmanuel Ramazani Shadary, ancien ministre de l'Intérieur choisi par le camp Kabila, compte tenu de l'influence que les pouvoirs publics et le parti au pouvoir exerce sur de nombreux médias.

"LE RÉGIME A PEUR"

Kinshasa est un bastion de l'opposition congolaise, qui a vu dans la décision du gouverneur une nouvelle preuve de la volonté prêtée au pouvoir de manipuler le scrutin.

La campagne officielle devait, comme dans le reste du pays, s'achever vendredi à minuit et Martin Fayulu, un des principaux candidats de l'opposition avec Félix Tshisekedi, avait prévu de tenir un rassemblement à Kinshasa ce mercredi.

"Kimbuta a pour seul objectif d'empêcher le meeting de Martin Fayulu. Cette annulation à la hâte, alors que la foule est déjà mobilisée, est dangereuse et traduit la peur du régime", a réagi sur Twitter l'opposant Moise Katumbi, qui s'est rallié à la candidature de Fayulu après avoir été interdit de se présenter.

"C'est une décision illégale, la campagne va continuer ! Le peuple sanctionnera ce régime finissant", ajoute-t-il.

La campagne a été marquée par la répression brutale de rassemblements de l'opposition ou encore la destruction de milliers de machines à voter dans un incendie la semaine dernière à Kinshasa.

Des affrontements entre membres des ethnies Batende et Banunu ont fait une centaine de morts cette semaine dans le nord-ouest du pays, des violences sans précédent depuis plusieurs années.

Elles ont éclaté dimanche dans la province de Mai-Ndombe après une controverse sur le lieu d'inhumation d'un chef coutumier Banunu, a expliqué Jules Bango, membre de la société civile locale.

"Aujourd'hui, nous avons identifié près de 120 morts et 71 blessés à l'hôpital", a-t-il déclaré à Reuters, ajoutant que beaucoup d'habitants avaient trouvé refuge en République du Congo. Un autre représentant de la société civile ayant requis l'anonymat a fait état de 150 morts.

Les chefs Batende seraient favorables à la coalition au pouvoir, alors que les dirigeants Banunu soutiendraient l'opposition.

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