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«Projet d’attentat terroriste à Dakar»: Pourquoi le Sénégal ne demande-t-il pas des comptes aux Etats-Unis?

Samedi 21 Octobre 2017

Dans une note adressée à ses ressortissants et tombée dans les oreilles de la presse sénégalaise, l’ambassade des Etats-Unis à Dakar enjoint à ses ressortissants de redoubler de prudence, notamment dans leurs déplacements sur le territoire sénégalais. Il est question en effet, dans cette alerte devenue virale sur les réseaux sociaux en particulier, d’un projet d’attentat terroriste qui menacerait des établissements hôteliers locaux. Pour les Américains, les scénarios dramatiques survenus à Bamako (Radisson Blu), Ouagadougou (par deux fois) et Grand-Bassam (Côte d’Ivoire) seraient déjà ficelés dans leurs cartons en attendant d’être balancés au-dessus du ciel sénégalais.
 
A ce jour, on ignore encore (comme d’habitude d’ailleurs) ce que sont les sources qui ont «informé» la représentation diplomatique Us à Dakar. Mais en attendant, plusieurs questions restent sans réponse dont celles-ci: les Américains ont-ils procédé au nécessaire travail de recoupement de cette «information» au regard de son extrême sensibilité pour notre pays? L’ont-ils partagée avec les autorités sénégalaises au plus haut niveau politique et aux échelons opérationnels ?
 
Nous n’en savons rien. D’autant plus rien que, justement, les autorités sénégalaises sont restées extraordinairement aphones alors qu’au même moment le consulat de France semblait prendre le contrepied des Américains, selon des sources de Jeuneafrique.com.
 
Ainsi donc, sur le territoire sénégalais, pendant que Washington et Paris «s’occupent» si délicatement de leurs ressortissants, l’Etat du Sénégal ne trouve rien à dire à ses propres ouailles pris au piège d’incertitudes et, peut-être, d’enjeux qui les dépassent. A moins qu’il ait considéré que soit les Américains ont été induits en erreur par leurs sources, soit ils ont été simplement incompétents.
 
L’autre dimension de cette «information» concerne directement les rapports entre la France et les Usa. L’alerte diplomatique américaine court jusqu’en décembre 2017 et constitue une sorte d’état d’urgence pour ses propres ressortissants (et pour tous ceux qui voudraient en tenir compte). Mais entre-temps, la France et le Sénégal préparent depuis plus d’un an le désormais Sommet sur la paix et la sécurité en Afrique qui aura lieu le 14 novembre prochain. Les Américains voudraient-ils polluer cette rencontre qui peine déjà à être «légitime» sur le continent qu’ils ne s’y prendraient pas autrement. D’où d’ailleurs la banalisation de ladite alerte par… l’ambassade de France à Dakar.
 
Dans une telle situation, le silence du gouvernement sénégalais est incompréhensible. A une époque troublée par l’extrême puissance de dissémination que portent les réseaux sociaux, la loi du silence systématique si chère aux «services» apparait comme un non sens. Comme Etat indépendant et souverain, le Sénégal a l’impérieux devoir de demander des comptes à la grande Amérique coupable d’avoir créé les conditions basiques d’une psychose généralisée au sein des populations. Les codes et coutumes diplomatiques internationaux lui en donnent le droit. Piqûre de rappel d’autant plus souhaitable que des journalistes et hommes politiques ont été emprisonnés ici, chez nous, pour «diffusion de fausses nouvelles». Les Etats-Unis sont-ils intouchables chez nous ?
 
Encore un coup de rumeur non maîtrisé comme celui-là et il faudra commencer par évaluer l’impact négatif potentiel sur l’environnement des affaires dans un pays politiquement engagé dans la course à l’émergence. Un Etat qui se mure dans le silence alors qu’on installe la déstabilisation dans son espace de souveraineté devient un danger public ambulant pour ses populations.
 
 
 
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