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Procès de jihadistes présumés à Dakar: le sermon anti-terroriste de imam Alioune Ndao

Vendredi 4 Mai 2018

Dakar - Un imam célèbre au Sénégal a affirmé lors de son procès jeudi à Dakar avoir ignoré que plusieurs milliers d'euros qui lui avaient été remis en 2015 provenaient de membres présumés des organisations jihadistes Boko Haram et Etat islamique (EI) et s'est déclaré en faveur d'un islam pacifique.

Alioune Ndao, 58 ans dimanche, qui a quatre épouses et 17 enfants, est le dernier des 29 prévenus à être interrogé lors de ce procès placé sous haute sécurité qui a débuté le 9 avril.

Imam réputé de Kaolack (centre) et secrétaire général de la Ligue des imams et prédicateurs du Sénégal, il est accusé de détention d'armes sans autorisation et d'avoir ourdi avec ses coprévenus un complot visant à instaurer une base jihadiste dans le sud de ce pays d'Afrique de l'Ouest.

Ils sont également poursuivis pour "actes de terrorisme par menaces d'attentat", "association de malfaiteurs, financement du terrorisme, blanchiment de capitaux" et "apologie du terrorisme".

Depuis près d'un mois, les débats se concentrent sur des transferts d'argent.

Le "cerveau" présumé du complot, Makhtar Diokhané, 31 ans, "admirateur" de l'imam Ndao, a affirmé s'être rendu au Nigeria pour "enseigner le Coran" et, avant son retour au Sénégal, avoir reçu du chef du groupe jihadiste nigérian Boko Haram, Abubakar Shekau, six millions de nairas (12.000 euros).

La moitié devait, selon lui, servir à financer le rapatriement de Sénégalais en difficultés dans des zones où sévit le groupe islamiste Boko Haram au Nigeria, et l'autre partie était un don en sa faveur.

M. Diokhané a aussi reconnu en début de semaine avoir reçu 65.000 euros d'un homme, Moustapha Diop, expliquant toutefois avoir ignoré que celui-ci était membre de l'EI comme le soutient l'accusation.

Cet argent est ensuite passé dans les mains d'un proche qui avait séjourné avec lui dans les camps de Boko Haram au Nigeria, Ibrahima Diallo, dit Abou Omar, selon le parquet.

L'imam Ndao, barbe effilée et en boubou blanc, a reconnu jeudi que M. Diallo lui avait prêté "1.500 euros" avant de lui "confier 25 billets de 500 euros", soit 12.500 euros.

"Je n'ai pas demandé à Ibrahima Diallo la provenance de cet argent", a déclaré l'imam, affirmant avoir été arrêté à Kaolack cinq jours après avoir reçu cette somme et ne pas avoir su qu'Ibrahima Diallo "venait des zones de Boko Haram".

Il a aussi affirmé que "si la charia devait être appliquée au Sénégal, il faudrait qu'au préalable, ça soit avec l'accord des populations parce que Dieu a dit qu'il n'y a pas de contrainte en religion", citant un célèbre extrait du Coran (sourate 2, verset 256).

Sa défense a produit à l'audience une vidéo d'une de ses conférences dans laquelle il propose de promouvoir l'islam "sans prendre un fusil et (sans) verser le sang".

"Si je devais envoyer des gens (faire le jihad à l'étranger), j'aurais commencé par mes élèves qui sont des centaines", s'est défendu l'imam, qui dirige une école coranique à Kaolack.

Le parquet a pour sa part fait projeter des vidéos, trouvées sur son ordinateur, montrant des jihadistes au combat et des exécutions. Il a expliqué les avoir conservées afin de "savoir ce qui se passe dans le monde".

L'interrogatoire de Alioune Ndao doit se poursuivre lundi. Il sera suivi par l'audition de témoins et des confrontations entre prévenus.

Le réquisitoire et les plaidoiries sont prévues à partir du 14 mai. (Avec AFP)
 
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