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Présidentielle américaine : le plan de guerre de Facebook pour protéger les élections américaines

Mercredi 28 Octobre 2020

 
Traumatisé par les scrutins de 2016, Facebook a multiplié les mesures pour prouver qu’il est devenu un acteur majeur et responsable lors des élections, et non plus un véhicule de désinformation massive, propice à la manipulation des électeurs.
 
La présidentielle américaine qui a porté Donald Trump au pouvoir avait en effet été marquée par différentes ingérences via les réseaux sociaux. Le cabinet britannique Cambridge Analytica avait détourné les données personnelles de dizaines de millions d’utilisateurs de Facebook à des fins de propagande. Des organisations proches du Kremlin avaient aussi mené des opérations massives d’influence, en faveur de Donald Trump.
 
Voici une revue non exhaustive des outils et règles en place à moins d’une semaine du scrutin américain.
 
Participation
 
Facebook estime avoir aidé 4,4 millions de personnes à s’inscrire sur les listes électorales aux États-Unis cette année. Le «centre d’information sur le vote», lancé mi-août, bombarde en effet les utilisateurs de la plateforme d’encouragements à s’enregistrer.
 
Ce guichet unique, sur le modèle de celui créé sur le coronavirus, fournit notamment les modalités du vote dans chaque État, un outil pour recruter des agents pour les bureaux de vote et des informations en temps réel.
 
Lutter contre certaines tactiques
 
Mais favoriser la participation passe aussi par la lutte contre les diverses tactiques de «suppression du vote» dont sont souvent accusés des républicains vis-à-vis des minorités noires ou hispaniques, généralement plus enclines à voter démocrate.
 
Le réseau social s’est donc par exemple engagé à retirer les publications assurant qu’aller voter entraînerait une contamination au coronavirus. Facebook a récemment ajouté une règle, apparemment taillée sur mesure contre une vidéo de la campagne républicaine, dans laquelle Donald Trump Junior demande à toute personne «en bonne santé» de rejoindre «l’armée de Trump pour la sécurité des élections». Les termes militaires et intimidations sont désormais proscrits dans ce contexte.
 
Désinformation
 
C’est le cheval de bataille le plus emblématique, tant le mandat de Donald Trump aura été marqué par les polémiques autour des «fake news». Facebook a massivement investi dans son programme de vérification par des tiers, auquel participent une soixantaine de médias dans le monde, dont l’AFP.
 
Si une information est jugée fausse ou trompeuse par l’un de ces médias, les utilisateurs sont moins susceptibles de la voir apparaître sur leur fil d’actualité. Le réseau leur suggère aussi la lecture de l’article de vérification.
 
Le géant des réseaux a accumulé de l’expérience avec la création en 2018 d’une unité dédiée aux élections pour les scrutins de mi-mandat aux États-Unis, ensuite utilisée en Europe et ailleurs dans le monde. L’accent a été mis sur la transparence, afin que les utilisateurs sachent toujours clairement qui s’adresse à eux.
 
Les pages de médias contrôlés par des États (financièrement et éditorialement) sont signalées comme telles depuis cet été, et les publicités de ces organisations interdites si elles visent les Américains.
 
Manipulation
 
Semaine après semaine, Facebook démantèle des opérations de manipulation orchestrées depuis l’étranger. Il débusque aussi des réseaux tentant de répandre fausses informations, théories du complot, incitations à la haine et vidéos détournées.
 
Les acteurs impliqués ont perfectionné leurs techniques pour être moins facilement repérés, mais ils sont aussi devenus moins efficaces. La collaboration avec les autorités permet souvent de les stopper avant qu’ils n’aient construit une audience conséquente.
 
Facebook a aussi renforcé les protections des comptes des candidats. Le groupe craint désormais surtout les tactiques «hack-and-leak»: des entités liées à des États donnent des informations piratées aux médias et se servent des réseaux pour les propager. C’est ce qu’il s’était passé avec des courriels d’Hillary Clinton en 2016.
Jour J
 
Facebook doit aussi se protéger des candidats eux-mêmes, dans un contexte national tendu, entre la pandémie et la vague de manifestations contre le racisme, qui entraînent régulièrement des violences. La plateforme se prépare à des scénarios catastrophes au cas où ses services seraient utilisés pour proclamer des résultats ou appeler à les contester.
 
Aucune nouvelle publicité politique ne pourra être diffusée dans la semaine précédant l’élection. Et toutes les publicités sur des sujets de société ou de politique seront interdites sur ses plateformes aux États-Unis le soir du 3 novembre, pour réduire les risques «de confusion ou d’abus», le temps qu’il faudra.
 
Des dispositifs d’urgence
 
Facebook craint que les résultats ne mettent longtemps à être connus, à cause du recours plus important que d’ordinaire au vote par correspondance en période de pandémie, et que les résultats ne soient très disputés dans l’intervalle. Au risque de violences dans la rue.
 
«Si un candidat ou un parti annonce sa victoire de façon prématurée avant qu’un résultat ne soit donné par les organes de presse majeurs, nous ajouterons des informations spécifiques indiquant que le décompte des votes est toujours en cours et que le vainqueur n’a pas encore été déterminé», a récemment rappelé Facebook.
 
Si jamais la situation dérapait et tournait au chaos, Facebook a prévu des dispositifs d’urgence. La plateforme pourrait «réduire la circulation des contenus» en cas de violences, a indiqué Nick Clegg, son responsable des affaires publiques. (AFP/NXP)
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