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Poutine, « un tueur » : Moscou rappelle son ambassadeur après les accusations de Biden

Mercredi 17 Mars 2021

Joe Biden a dit penser que son homologue russe Vladimir Poutine était « un tueur » et a promis qu’il paierait « le prix » de ses actes, provoquant la première crise diplomatique de son mandat.
 
« Pensez-vous que c’est un tueur ? » La question de George Stephanopoulos, journaliste vedette de la chaîne américaine ABC, est directe, et la réponse du président des États-Unis ne laisse pas de place au doute : « Oui », a-t-il acquiescé dans cet entretien diffusé mercredi.
 
Il n’a pas précisé s’il pensait à l’empoisonnement de l’opposant russe Alexeï Navalny en août, imputé par les États-Unis à la Russie. L’opposant a été incarcéré à son retour en Russie après cinq mois de convalescence en Allemagne, et Washington exige sa libération.
 
Joe Biden avait-il prévu d’aller aussi loin, allant à l’encontre des usages diplomatiques s’agissant du dirigeant d’une grande puissance mondiale, au risque de susciter l’ire du Kremlin ?
 
Moscou a en tout cas annoncé sans tarder avoir rappelé son ambassadeur aux États-Unis Anatoli Antonov « pour des consultations ».
 
« La nouvelle administration américaine est au pouvoir depuis près de deux mois », « c’est un bon prétexte pour essayer d’évaluer ce qui réussit à l’équipe Biden et ce qui ne lui réussit pas », a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères, tout en assurant vouloir « éviter » la « dégradation irréversible » des relations bilatérales.
 
Le président de la chambre basse du Parlement russe Viatcheslav Volodine avait auparavant reproché au président américain d’avoir « insulté » tous les Russes et « attaqué » son pays.
Le président Biden affiche depuis son arrivée à la Maison-Blanche en janvier une grande fermeté à l’égard du maître du Kremlin, par opposition avec la bienveillance souvent reprochée à son prédécesseur Donald Trump jusque dans son camp républicain.
 
« Beaucoup de tueurs »
 
Le parallèle avec l’ex-président est frappant. A un journaliste de la chaîne Fox News qui, en février 2017, lui affirmait que Vladimir Poutine était « un tueur », Donald Trump avait répondu par une pirouette, en invitant de manière surprenante l’Amérique à un examen de conscience.
 
« Beaucoup de tueurs, beaucoup de tueurs. Pensez-vous que notre pays soit si innocent ? », avait-il lancé.
 
Washington a déjà sanctionné début mars sept hauts responsables russes en réponse à l’empoisonnement d’Alexeï Navalny.
 
Mercredi, toujours en réponse à l’utilisation d’« armes chimiques », le département américain du Commerce a annoncé qu’il étendait les restrictions d’exportation de produits sensibles vers la Russie, sans plus de détails.
 
Ces mesures n’améliorent pas « les chances d’une normalisation des relations », a réagi le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov.
 
« Les États-Unis seront pleinement responsables d’une nouvelle dégradation des relations russo-américaines, cela ne doit faire aucun doute », a-t-il estimé, cité par l’agence de presse étatique RIA Novosti.
 
Le renseignement américain est aussi en train de mener un examen de différents autres faits dont les États-Unis ont déjà ouvertement soupçonné à la Russie, dont une récente cyberattaque géante et le versement de primes à des talibans pour qu’ils tuent des soldats américains en Afghanistan.
 
Dans un tout nouveau rapport, les autorités américaines ont par ailleurs accusé « des acteurs liés au gouvernement russe » de nouvelles ingérences électorales en 2020, après celles de 2016.
 
Vladimir Poutine « en paiera les conséquences », a prévenu Joe Biden au sujet de ces ingérences. Relancé un peu plus tard par le journaliste sur la nature de la riposte américaine aux actes russes, il a ajouté : « Vous verrez bientôt le prix qu’il va payer. »
 
Il a toutefois réaffirmé qu’il voulait pouvoir « travailler » avec les Russes « quand c’est dans notre intérêt commun », à l’instar de la prolongation de l’accord de désarmement nucléaire New Start décidée peu après son arrivée au pouvoir.
 
La Russie a aussi dénoncé mercredi les accusations d’ingérence électorales.
Ce rapport est incorrect, tout à fait sans fondement et sans preuves «, a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
 
 » La Russie ne s’est pas ingérée dans les élections précédentes « de 2016 ayant abouti à la victoire de Donald Trump » et elle ne s’est pas ingérée dans les élections de 2020 « remportées par Joe Biden, a-t-il assuré.
 
Selon lui, ce rapport est un » prétexte pour remettre à l’ordre du jour la question de nouvelles sanctions « contre la Russie. (AFP)
 
 
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