En montant sur l’estrade jeudi, le président Joe Biden ne laisse transparaître aucune inquiétude à propos des ennuis de son fils Hunter, inculpé le jour même de détention illégale d’arme à feu.
« C’est une distraction, une distraction politique », assure Susanna Anderson, 49 ans, au sujet des problèmes auxquels fait face le président démocrate, candidat à sa réélection en 2024.
« Quand il y a une élection qui approche, ils doivent balancer quelque chose et de voir si ça prend. Je ne me focalise pas là-dessus », dit cette mère de famille qui a pu poser en photo avec Joe Biden.
La veille au soir, le président a employé les mêmes termes — « ne pas se focaliser » — à propos de l’annonce de l’ouverture par l’opposition républicaine du Congrès d’une enquête en destitution le visant en raison des affaires controversées de son fils à l’étranger.
De même, jeudi, Joe Biden n’a rien dit sur l’inculpation de son cadet par la justice fédérale pour détention illégale d’arme à feu, une nouvelle épine dans le pied du président candidat.
« Poignée de main »
Qu’en est-il de son âge ? Jamais encore les Américains n’avaient élu un président aussi âgé, et Joe Biden aurait 86 ans à la fin d’un deuxième mandat, ce qui lui vaut une pluie de critiques.
« Est-ce que vous l’avez vu courir jusqu’à l’estrade ? Je ne m’inquiète pas pour ça », balaie Enicia Porter, 34 ans.
« Il a une poignée de main ferme… il me rappelle mon grand-père », poursuit-elle.
Le président américain retrouve le terrain pour sa campagne, poussé par la Maison-Blanche qui estime que sa gestion du redressement économique du pays ne s’en ressent pas dans les sondages.
Entouré de drapeaux américains et de panneaux vantant ses « Bidenomics », Joe Biden a amorcé jeudi un nouvel angle d’attaque, celui des « MAGAnomics ».
Son idée ? Présenter tous les républicains comme adeptes de l’ancien président Donald Trump-connu pour son slogan « Rendre à l’Amérique sa grandeur » (abrégé « MAGA » en anglais) — et d’insister sur les échecs économiques de ce dernier.
Le président a également reproché aux républicains de faire poser aux Américains le risque d’une paralysie de l’administration fédérale.
Mais a-t-il vraiment réussi à convaincre face à un public de seulement quelque 200 habitants et étudiants, dans une banlieue de la capitale fédérale ?
« Papa Joe »
Le président a encore du pain sur la planche pour réussir à convaincre les électeurs, reconnaît Don Pruett, 68 ans, un responsable du campus.
Le discours du président « va planter des graines qui auront besoin d’être arrosées au fil du temps », dit-il. « Nous avons besoin d’en voir les fruits ».
Susanna Anderson estime quant à elle que le président « fait passer le message aux gens qui ont besoin de l’entendre », y compris à sa sœur, qui a vu son prêt étudiant effacé par l’administration Biden, une politique à laquelle s’opposent les républicains, indique-t-elle.
Joe Biden n’a eu de cesse de dénoncer lors de son discours les projets républicains de réduction des dépenses, allant même jusqu’à marteler du poing son pupitre.
De même, il a fustigé le bilan de son prédécesseur Donald Trump, qui fait l’objet d’une série d’inculpation pénales, et qu’il affrontera probablement une nouvelle fois en 2024. « La démocratie est attaquée », a-t-il averti.
Cette campagne de réélection s’annonce « difficile » pour Joe Biden craint Don Pruett, mais « il y a tellement de chaos de l’autre côté… que s’il continue à être stable, Papa Joe restera là ».