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« Poser les actes attendus pour la transparence vaut mieux que toutes les explications du monde » (Plateforme Avenir)

Dimanche 19 Avril 2020

Cheikh Tidiane Dièye, un des leaders de la Plateforme
Cheikh Tidiane Dièye, un des leaders de la Plateforme
« Suite aux interrogations légitimes soulevées par la Plateforme Avenir Senegaal Bi Nu Begg ainsi que d’autres organisations politiques, de la société civile et la presse, faisant écho aux demandes des citoyens, sur la gestion des fonds pour l’achat de vivres, le Ministre en charge du développement communautaire s’est livré à un exercice d’explication et de clarification sur les conditions d’attribution des marchés de denrées alimentaires et les modalités du transport de ces produits vers les régions du Sénégal.
 
Cet exercice du ministre n’a pas dissipé les craintes de la Plateforme Avenir car n’ayant pas répondu aux principales questions posées. En reconnaissant que le Président de la République a mis à sa disposition les 69 milliards destinés à l’achat de vivres à distribuer à environ 1 million de ménages, il a aussi avoué que seuls les techniciens de son ministère ont eu à gérer toutes les opérations de sélection et d’attribution des marchés et l’organisation de la logistique du transport.
 
« Confiner des idées et des expériences dans un seul ministère en laissant de côté l’expertise nationale »

Cela est contraire à l’esprit de transparence, d’inclusion et de bonne gouvernance évoqué par le Président de la République dans son discours à la Nation du 3 avril, lorsqu’il annonçait la nécessité de mettre en place un Comité de Pilotage pour superviser le Fonds « Force COVID 19 ».
 
Les errements actuels prouvent, à l’évidence, que le fait de confier cette importante responsabilité à un seul Ministre et à ses techniciens, si tant est que les véritables techniciens de ce ministère ont été impliqués, est un choix inapproprié car il a confiné les idées et les expériences dans un seul ministère au lieu de faire appel à une expertise nationale large pouvant venir de plusieurs secteurs et catégories d’acteurs.
 
Si l’urgence était la seule raison pour expliquer la précipitation du Ministère à acheter et à distribuer les denrées, il était plus facile, et certainement moins coûteux, d’effectuer des transferts monétaires directs aux ayants-droits à travers leur téléphone, à charge pour eux d’acheter leurs denrées dans leurs lieux d’achat habituels en toute responsabilité. Dire que ces populations auraient dépensé cet argent à autre chose qu’à l’achat de riz est une façon d’infantiliser ces dernières et de leur nier toute responsabilité.
 
« L’Etat pouvait réquisitionner tous les camions du pays en vertu des pouvoirs conférés au président de la République par la loi d’habilitation »
 
De même, il n’a pas su donner des explications convaincantes sur son choix de faire payer le transport des marchandises vers les régions au moment où des organisations de transporteurs avaient décidé, depuis le 28 mars, de mettre leurs camions à sa disposition à titre gracieux. A cela s’ajoute le fait que l’État pouvait aussi, en vertu des pouvoirs conférés au Président de la République en cette période de crise, réquisitionner tous les camions du pays pour les rajouter à ceux de l’armée.
 
La plateforme AVENIR rappelle, une fois encore, à Monsieur le Président de la République que les 69 milliards sont une partie intégrante du Fonds « Force COVID 19 » et devraient être gérés dans les mêmes conditions de transparence que le reste de l’argent destiné à d’autres secteurs. C’est pourquoi la Plateforme invite le Président à mettre en place, sans délai, le Comité de Pilotage du « Fonds Force COVID 19 » et de lui donner toutes les attributions légales, institutionnelles et techniques pour gérer toutes les dépenses liées à la riposte.
 
Un comité de pilotage fantôme
 
L’effectivité d’un tel Comité de Pilotage aurait épargné au Président de la République la réponse gênante donnée au journaliste de France 24 qui l’a interpellé sur la polémique liée à un soupçon de « favoritisme » dans l’attribution des marchés du transport du riz par un Ministère géré par son beau-frère. Il a été obligé d’affirmer qu’il venait de créer un Comité de Pilotage alors que tout le monde sait que celui-ci n’existe pas encore. En tout cas s’il existe, il n’est pas encore rendu public à travers des textes.
 
Une fois le Comité mis en place, il devra vérifier non seulement les conditions d’attribution de ces marchés, mais aussi s’assurer que les quantités de riz commandées et payées soient effectivement livrées par les entreprises. Car dans certains marchés de fourniture de denrées alimentaires ou d’autres produits commandés en grandes quantité, les malversations peuvent se trouver moins dans les prix pratiqués par les entreprises quand dans une tactique consistant à livrer seulement une partie de la commande, si les mécanismes de contrôles appropriés ne sont pas mis en place. Et cela se fait le plus souvent avec la complicité des agents publics. »
Fait à Dakar le 17 avril 2020
Plateforme Avenir Senegaal Bi Nu Begg
 
 
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