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Nigeria : 1 600 suspects de Boko Haram en procès à huis clos

Vendredi 29 Septembre 2017

Maiduguri, un des lieux choisis pour les procès à huis clos
Maiduguri, un des lieux choisis pour les procès à huis clos
Kano (Nigeria) - Les procès de 1.600 membres présumés du groupe jihadiste nigérian Boko Haram qui doivent s'ouvrir en octobre, se dérouleront à huis clos, a annoncé vendredi à l'AFP une source proche du dossier.

"Il n'y aura aucun accès à la presse", a expliqué cette source au sein du ministère de la Justice d'Abuja, sous le couvert de l'anonymat. La décision a été prise après des discussions entre le gouvernement et les Services de renseignements (DSS).

"Des informations qui peuvent se révéler importantes pour la sécurité de ce pays pourront y être abordées", a expliqué cette source.

Le ministère nigérian de la Justice avait annoncé la semaine dernière que les procès de 1.600 jihadistes présumés commenceraient le 9 octobre : "Tout est prêt désormais pour la lecture des actes d'accusation des suspects de Boko Haram dans les différents centres de détention dans le pays".

Des milliers de membres présumés de Boko Haram ont été arrêtés et placés en détention, selon les forces de sécurité nigériane, mais les poursuites et les condamnations restent rares.

Début septembre, seules 13 personnes avaient été présentées aux juges et neuf condamnées pour leurs liens avec l'insurrection de Boko Haram, qui se poursuit depuis huit ans, selon le gouvernement.

Le ministère de la Justice a notamment mis en cause des méthodes d'investigation insuffisantes, davantage fondées sur la recherche des aveux que des preuves matérielles.

Des groupes de défense des droits de l'Homme, qui dénoncent régulièrement des exécutions sommaires de jihadistes présumés et le maintien en détention des milliers de personnes sans recours à un avocat, s'inquiètent de la tenue d'un procès à huis clos, qui soulève, selon eux, de grandes interrogations sur la transparence du système judiciaire nigérian.

Selon la source au sein du Ministère de la Justice, le consulat britannique, l'ambassade américaine, l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, ainsi que la Croix-Rouge seront représentés par une délégation "d'observateurs".

"Ils surveilleront le processus et nous garantissons la présence d'une défense".

Le consulat britannique a affirmé toutefois à l'AFP n'avoir jamais été informé par les autorités nigérianes à ce sujet. "Nous pouvons confirmer qu'aucune proposition ne nous a été faite pour assister aux procès", a expliqué la responsable de la communication.

Les procès se dérouleront dans des installations militaires à Kainji, dans l'Etat de Kogi, ainsi qu'à New Bussa, dans l'Etat du Niger (centre du Nigeria) et à Maiduguri, capitale du Borno, épicentre du conflit contre Boko Haram.

Umar Ado, un des avocats de la défense basé à Kano, la plus grande ville du Nord, a dénoncé cette mise à l'écart des médias.

"La liberté d'information exige que les médias aient accès aux procès parce qu'ils représentent le public qu'ils informent", a-t-il déclaré à l'AFP, estimant que les motivations sécuritaires mises en avant par les autorités sont injustifiées.

"Organiser une procédure judiciaire à huis clos revient à nier au public le droit de savoir comment le procès est mené, en envoyant un mauvais signal, que la justice n'est pas rendue ou qu'il y a des compromissions", a-t-il dit.
 
 
 
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