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MIGRATIONS, DROGUES, PASSEPORTS… Les flics sénégalais dans tous leurs états

Mardi 29 Novembre 2016

Le rapport d’activités 2016 du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique est un nid d’informations sur les activités de la police nationale et de ses divers démembrements. Gestion des frontières, surveillance des flux migratoires, délivrance des passeports ici et dans la diaspora, lutte contre les trafics de drogues, les accidents mortels, les flics ne semblent pas chômer…
 
Le ministère sénégalais de l’Intérieur est dans tous ses états, comme éperonné par les allégations, farfelues ou réelles, liées à la commission éventuelle d’attentats présumés terroristes sur le sol national. Cet activisme ; compréhensible dans une certaine mesure – mieux vaut prévenir que guérir, dit l’adage – se ressent à l’échelle de ses activités aux quatre coins du territoire, notamment dans ses flancs jugés sensibles et/ou poreux aux pénétrations « ennemies ».
 
Dans son « Rapport d’activités 2016 » sous-titré « Consolidation des acquis et amélioration des performances », le ministère sis à la Place Washington détaille ainsi sa stratégie de sécurisation des biens et des personnes, composante d’une perspective globale de maintien de la stabilité nationale à l’abri des tourmentes déstabilisatrices devenues le lot quotidien de plusieurs pays voisins du Sénégal et de la région ouest-africaine.
 
Frontières
La présence « renforcée » des forces de sécurité aux frontières a imposé une « réadaptation du dispositif de surveillance et de contrôle aux frontières » pour juguler « la menace terroriste ». Ce qui a nécessité l’ouverture de nouveaux postes de contrôles dans les régions de Matam, Kédougou, à Rosso où le « passage clandestin de Gaé a été érigé en poste avancé », à Kidira Saré Eli, zone frontalière avec la Gambie, à Gandé non loin du territoire mauritanien, à Diabougou, bande frontalière avec le Mali.
 
La Gambie, le Mali et la Mauritanie sont supposées être des zones d’infiltration potentielles du territoire sénégalais par des individus, groupes violents, fraudeurs en commerce, et autres délinquants. C’est ainsi, par exemple, que la bande à Modou Fall alias « Boy Djinné » ont été cueillis le 5 juillet dernier au secteur frontalier de Kounkané, ainsi que de nombreux individus « pour détention et usage de chanvre indien, pédophilie, vol, participation à des mouvements terroristes », indique le rapport.  
 
A ce niveau, le rapport de l’Intérieur met en exergue, en termes de sécurité publique, « la priorité accordée aux grandes agglomérations frontalières dépourvues de commissariats de police », c’est-à-dire Kédougou, Richard-Toll et Sédhiou. L’Union européenne, principal soutien de ces initiatives, intervient aussi dans la construction d’infrastructures de sécurité dans les postes frontaliers suivants : Diama, Rosso, Dagana, Podor, Aroundou, en attendant Dembankané et Barkédji.
 
Le bras armé de l’Etat dans cette « Stratégie de gestion des frontières » est l’Organisation internationale des migrations (Omi) à travers le projet « MIEUX ». Le budget prévisionnel est d’environ 7,4 milliards de francs Cfa avec un premier décaissement de 2 milliards de francs Cfa qui a été effectif au début de l’année 2014.
 
Flux migratoires
A ce titre, l’Intérieur devient un gestionnaire de flux migratoires qui étale ses performances : 389 Sénégalais refoulés de l’étranger (motifs : refus d’entrée, insuffisance de ressources) ; 685 personnes expulsés du Sénégal pour infraction à la législation des étrangers : 335 à partir du poste frontalier de Rosso et 350 à partir de l’aéroport Léopold Sedar Senghor de Dakar.
 
Pour ce qui est du volet « Rapatriement », il a concerné 1 000 migrants venus de Libye et d’Algérie. Il se décompose comme suit: 318 Sénégalais, 122 Bissau-guinéens, 67 Gambiens et 02 Guinéens. Au niveau de l’aéroport Senghor, « plus de 500 rapatriés volontaires (ont été) assistés par l’Organisation internationale des migrations » (Oim).
 
En 2016, la direction de la police de l’air et des frontières (Dpaf) informe avoir « enregistré 1 million 351 mille 180 entrées sur le territoire national dont 655 627 étrangers » et « 1 million 397 mille 956 sorties comptant 600 876 étrangers. »
 
Passeports
Les Sénégalais, grands voyageurs, sont demandeurs permanents de passeports. Entre Dakar et d’autres localités (Touba, Kaolack, Saint-Louis, Thiès, Ziguinchor, Louga, Matam et Tambacounda), 123 285 documents ont été établis en 2016.

Ces mêmes titres de voyage ont été établis également pour 446 Sénégalais de Turquie, 505 d’Afrique du Sud, 730 du Cameroun et 310 du Tchad. Dans ces pays, n’existent pas de centres d’enrôlement.
 
Ailleurs, les services du ministère de l’Intérieur soulignent avoir délivré dans la même période: 13 258 passeports à Paris, 9 200 à Milan, 7 104 à Madrid, 2 418 à New York, 1 241 à Casablanca, 2 144 à Libreville et 653 à Djeddah.
 
804 personnes devant le procureur
Trois organes de la direction générale de la police nationale ont travaillé contre la « grande criminalité » afin de préserver « l’économie et la quiétude de nos concitoyens ». Il s’agit de la direction de la sécurité publique (Dsp), de l’Ocrtis et de la direction de la police judiciaire (Dpj).
En 2016, la Dpj a ainsi reçu et traité 1841 dossiers répartis en : 396 soit-transmis («document que le procureur envoie aux enquêteurs pour leur demander de faire un acte, d’entendre une personne déterminée ou de lui transmettre une procédure, etc.»), 31 délégations judiciaires et 1841 plaintes directes.
 
En gros, le document relève : « 800 procès-verbaux dont 536 en renseignements judiciaires et 297 pour déferrements ont été transmis au parquet, pour un nombre de 804 personnes conduites devant le procureur de la république pour diverses infractions. »
 
Partis politiques et syndicats
Le nombre de partis politiques légalement constitués au Sénégal en 2016 atteint le chiffre de 272. Pour l’année en cours, des récépissés de reconnaissance ont été délivrés à 14 nouvelles formations politiques.
 
Pour les syndicats, il y en a aujourd’hui 410 organisations de travailleurs dont dix nouveaux enregistrés et reconnus en 2016.
 
Quant aux associations dites ordinaires, elles sont au nombre de 288 réparties entre les nationales (270) et les étrangères (18).
 
Organisations non gouvernementales (ONG)
C’est la direction du partenariat avec les organisations non gouvernementales (DpOng) qui assure la liaison de l’Etat avec les ONG. Celles-ci sont au nombre de 655, mais « seulement 120 d’entre elles disposent, à ce jour, de programme d’investissement approuvé », souligne le rapport annuel. Des lettres de mise en demeure ont été adressées aux responsables de 33 ONG « ne disposant pas de programme d’investissement. »
 
En ce qui concerne l’agrément, 6 ONG en ont reçu notification après « avis favorable de la commission interministérielle consultative », alors que 10 ONG ont pu bénéficier du feu vert ouvrant les portes à la conclusion d’un accord de siège avec le gouvernement.
 
La route: du fric et des victimes
La présence des policiers sur les routes et notamment dans les axes stratégiques de la capitale n’est pas de pure perte. En plus du facteur dissuasion, elle permet de renflouer les caisses. Ainsi, les amendes infligées aux automobilistes auteurs d’infractions diverses ont permis de récolter près de 268 millions de francs Cfa, somme versée au Trésor public, contre 233 millions de francs Cfa en 2015.
 
Si le nombre d’accidents est passé de 6 333 en 2015 à 6773 en 2013, celui des personnes tuées sur la route a connu une baisse de 18,66% en passant de 106 morts à 86 morts.

Dakar, qui détient le record des accidents, a ses zones accidentogènes: ce sont « l’autoroute Seydina Limamoulaye (à hauteur du pont de Colobane et la passerelle des HLM), et l’entrée de l’autoroute à péage (à hauteur de l’école privée Mariama Niass).

 
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