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Les Slovaques élisent leur président dans un scrutin serré, avec l'Ukraine en toile de fond

Samedi 6 Avril 2024

Les Slovaques choisissent leur président samedi entre le diplomate pro-occidental Ivan Korcok et le président du Parlement Peter Pellegrini, proche du gouvernement qui a cessé toute aide militaire à l'Ukraine, dans un scrutin serré qui pourrait déterminer la position du pays vis-à-vis de la Russie.

 

Selon les derniers sondages, les deux candidats sont au coude à coude pour remplacer la libérale Zuzana Caputova.

M. Pellegrini, âgé de 48 ans, est crédité de 51% d'intentions de vote, contre 49% pour M. Korcok, 60 ans, un ex-ministre des Affaires étrangères, selon l'institut Focus.

 

Après avoir voté avec sa femme, M. Korcok a appelé les Slovaques à "venir voter", ajoutant que l'élection concernait "l'avenir du pays".

 

"Je veux être au début du processus qui permettra d'améliorer la vie du pays", a-t-il déclaré depuis sa ville de Senec, dans l'ouest du pays.

 

Appelant à l'unité et reconnaissant que le scrutin risquait d'être "extrêmement serré", M. Pellegrini a de son côté assuré que le pays continuerait avec lui à être "un membre fort" de l'UE et de l'OTAN.

 

Selon Vaclav Hrich, directeur général de l'institut de sondages AKO, "il s'agit de la course présidentielle la plus serrée de tous les temps" en Slovaquie.

 

Le résultat dépendra donc du report des voix des candidats éliminés.

 

Arrivé troisième au premier tour avec 12% des voix, l'anti-européen et prorusse Stefan Harabin n'a soutenu aucun des candidats.

 

Mais selon un sondage d'AKO, plus de deux tiers des ses électeurs ont l'intention de soutenir M. Pellegrini.

Le taux de participation pourrait jouer aussi.

 

"Plus il y aura de votants, plus Peter Pellegrini aura de chances de l'emporter, car cela signifierait qu'il a réussi à convaincre les électeurs de Harabin", a déclaré M. Hrich.

 

- "Protéger la Slovaquie" -

 

Les Slovaques ne pouvant pas voter à l'étranger, Jana Kapustova est revenue du Royaume-Uni pour appuyer M. Korcok.

"Il est le garant de la poursuite d'une politique démocratique et pro-européenne", a déclaré à l'AFP cette fonctionnaire de 60 ans.

 

Le consultant en gestion Ivan Hriczko, 43 ans, a opté pour Pellegrini.

Cet habitant de Kosice (est) a souligné "la décence, la rhétorique, le comportement, le travail acharné et les services rendus au pays" de son candidat.

 

L'invasion de l'Ukraine par la Russie est devenue un des éléments clés de la campagne électorale dans ce pays de 5,4 millions d'habitants, notamment depuis que le Premier ministre populiste Robert Fico, allié de M. Pellegrini, a remis en cause la souveraineté de Kiev et appelé à la paix avec Moscou.

 

M. Pellegrini a été ministre dans les précédents gouvernements de M. Fico et l'a même remplacé à la tête du gouvernement en 2018.

 

"Je me présente à la présidence pour sauver le gouvernement", a déclaré le candidat lors d'un débat télévisé avec M. Korcok.

"Vous voulez protéger le gouvernement. Je veux protéger la Slovaquie", a riposté son rival.

 

En place depuis octobre, le gouvernement composé du parti Smer-SD de M. Fico, du parti Hlas-SD de M. Pellegrini et du petit parti d'extrême droite SNS, a interrompu l'aide militaire à l'Ukraine.

 

"Ivan Korcok est un belliciste qui soutiendra sans hésiter tout ce que l'Occident lui dira, y compris entraîner la Slovaquie dans la guerre", a accusé dans une vidéo M. Fico.

 

"Si Pellegrini gagne, la Slovaquie pourrait suivre la 'voie Orban'", a estimé l'analyste Tomas Koziaka, faisant référence au Premier ministre hongrois Viktor Orban, favorable au Kremlin.

 

- Contrepoids au gouvernement -

 

M. Korcok, critique virulent du gouvernement, soutenu par l'opposition, est pour sa part résolument pro-Ukraine.

"Je ne pense pas que l'Ukraine doive renoncer à une partie de son territoire pour parvenir à la paix", a-t-il déclaré à l'AFP.

 

Pavol Turanec, un électeur de Martin (nord) a choisi M. Korcok qui est "un vrai pro: pro-démocratique, pro-occidental, pro-européen".

 

"Ses valeurs ne changent pas en fonction des sondages", a déclaré cet homme de 50 ans à l'AFP.

 

"Ce gouvernement criminel nous mène vers une autocratie pro-russe, dévastant le système judiciaire et les finances publiques. Ils ont vraiment besoin d'un contrepoids", a-t-il ajouté.

 

Jana Mozolova, une enseignante de 66 ans à la retraite de Kosice, a voté pour M. Pellegrini. "Il est là depuis des années et n'a jamais déçu personne", a-t-elle déclaré.

 

Les résultats provisoires sont attendus vers minuit.

 

Bien que sa fonction soit essentiellement honorifique, le président ratifie les traités internationaux, nomme les principaux juges et est le commandant en chef des forces armées. Il peut également opposer son veto aux lois adoptées par le Parlement. [AFP]

 
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