Les députés ont renversé le gouvernement de François Bayrou lors d’un vote de confiance, lundi. Le premier ministre remettra mardi matin sa démission après la chute de son gouvernement.
Après moins de neuf mois à son poste, François Bayrou a engagé la responsabilité de son gouvernement sur un projet de budget prévoyant 44 milliards d’euros (71 milliards de dollars canadiens) d’économies pour 2026.
Évoquant devant l’Assemblée nationale une ultime « épreuve de vérité », François Bayrou avait martelé avant le vote que le « pronostic vital » du pays était « engagé » en raison de son « surendettement » (114 % du PIB).
« Notre pays travaille, croit s’enrichir, et tous les ans s’appauvrit un peu plus. C’est une silencieuse, souterraine, invisible et insupportable hémorragie », a-t-il dit dans un discours ponctué d’invectives lancées par les partis d’opposition.
« Vous avez le pouvoir de renverser le gouvernement, mais vous n’avez pas le pouvoir d’effacer le réel », leur a-t-il lancé, comparant « la soumission à la dette » à « la soumission par la force militaire ».
Tous les regards sont désormais tournés vers Emmanuel Macron, contraint de trouver son troisième premier ministre depuis la dissolution de 2024, qui n’a dégagé aucune majorité à l’Assemblée nationale et plongé le pays dans l’incertitude.
Tractations et « lignes rouges »
Le président a pour l’instant écarté la possibilité d’une dissolution de l’Assemblée nationale, réclamée à cor et à cri par l’extrême droite.
La tenue de nouvelles élections législatives n’est « pas une option, mais une obligation », a déclaré lundi sa cheffe de file Marine Le Pen, dont le parti (Rassemblement national) et ses alliés sont donnés en tête du premier tour avec 33 % des suffrages, devant la gauche et le camp présidentiel, en cas de législatives anticipées.
Le Parti socialiste a répété ces derniers jours que la gauche, arrivée en tête aux dernières législatives, devait prendre la tête du gouvernement.
« Nous sommes prêts, qu’il vienne nous chercher », a lancé lundi le président du groupe socialiste à l’Assemblée, Boris Vallaud, à l’adresse d’Emmanuel Macron. Les socialistes ont toutefois prévenu qu’ils n’envisageaient qu’un gouvernement de gauche, sans les macronistes.
La gauche radicale (LFI) a, elle, dit son « soulagement » de voir enterrer un « projet de budget cruel et injuste qui visait à dépouiller le peuple de France ».
Le président Macron devrait plutôt tenter d’élargir son bloc central et chercher une personnalité de droite ou du centre qui serait acceptée par le Parti socialiste.
Mais la tâche s’annonce ardue face à des partis qui campent sur leurs positions. Plusieurs noms circulent, dont ceux des ministres des Armées Sébastien Lecornu, de la Justice Gérald Darmanin ou de l’Économie Éric Lombard.
Mouvements sociaux
« Le problème actuel en France, c’est que chacun [des partis] a des lignes rouges [qui] rendent totalement impossible la formation d’une coalition. Il n’y a pas de coalition majoritaire qui puisse tenir durablement », estime pour l’AFP Mathieu Gallard, de l’Institut de sondage Ipsos.
Dans un contexte de défiance généralisée envers Emmanuel Macron, dont la cote de popularité est au plus bas depuis son arrivée au pouvoir en 2017 (environ 77 % de mécontents selon un récent sondage), plusieurs échéances plaident pour une vacance courte.
Un mouvement « citoyen » né durant l’été sur les réseaux sociaux sous le slogan « Bloquons tout », soutenu par certains syndicats et la gauche radicale, a appelé à paralyser le pays mercredi. Mais la portée réelle de la mobilisation – qui rappelle à certains égards celui des « gilets jaunes » qui a secoué la France en 2018-2019 – reste incertaine.
L’ensemble des organisations syndicales ont appelé à la grève et aux manifestations le 18 septembre.
Vendredi, l’agence Fitch doit annoncer la note de la dette française, avec une possible dégradation dans le contexte d’incertitude actuel. [AFP]







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