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Le Qatar affirme agir contre le terrorisme en coordination avec Washington

Jeudi 8 Juin 2017

Le Qatar a rejeté jeudi toute intervention dans sa politique étrangère, refusant d'expulser des militants islamistes et affirmant agir contre le terrorisme en coordination avec Washington, quelques jours après l'éclatement d'une crise sans précédent avec plusieurs pays arabes.

"Nous sommes un pays indépendant et souverains, nous refusons une quelconque tutelle sur le Qatar", a dit le ministre qatari des Affaires étrangères, cheikh Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani, dans un entretien à l'AFP à Doha.

"Personne n'a le droit d'intervenir" dans la politique étrangère du Qatar, a-t-il dit, mettant au défi les pays arabes ayant rompu leurs relations avec Doha de "prouver quel genre de méfait" il a commis.

Lundi, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l'Egypte ont rompu leurs relations diplomatiques avec Doha en l'accusant de "soutenir le terrorisme" et des "organisations extrémistes". Ryad, Abou Dhabi et Manama ont aussi imposé de sévères restrictions aériennes et fermé leurs frontières terrestres et maritimes avec le petit émirat gazier.

"Sur quel base fondent-ils leurs accusations", a demandé cheikh Mohammed, en rappelant que le Qatar "coopère avec le gouvernement américain dans la coalition mondiale" contre le groupe Etat islamique (EI).

"Bien sûr, chacun doit faire plus pour contrer le financement du terrorisme", a-t-il dit.

"Ce n'est pas parce qu'un individu finance une organisation terroriste (...) que le Qatar finance le terrorisme. C'est arrivé avec les Américains et les Britanniques et cela ne veut pas dire que le Royaume Uni ou l'Amérique finance le terrorisme".

- 'Campagne systématique' –
Le ministre a dénoncé une "campagne systématique contre le Qatar, en particulier ces derniers mois".

Interrogé sur la présence au Qatar du mouvement islamiste palestinien Hamas, des Frères musulmans et des Talibans afghans, il est resté sur la ligne adoptée dans le passé par le Qatar.

"(La confrérie) des Frères musulmans n'est pas listée comme une organisation terroriste au Qatar", a-t-il dit, ajoutant que le Hamas "a une utilité ici" qui est "d'oeuvrer à la réconciliation entre Palestiniens et de mettre fin aux divisions".

Quant aux Talibans, ils sont "hébergés ici" pour "des entretiens de paix" en "coordination avec les Américains".

Il s'est étonné des accusations de soutien aux rebelles Houthis yéménites accusés de liens avec l'Iran, alors que le Qatar a envoyé des troupes au Yémen "pour soutenir l'Arabie saoudite".

Ryad conduit une coalition militaire arabe qui intervient au Yémen depuis deux ans pour soutenir le président Abd Rabbo Mansour Hadi face aux rebelles qui gagnaient du terrain.

Comme on lui demandait si le Qatar allait "changer de politique", comme l'exigent ses adversaires, cheikh Mohammed s'est insurgé contre "toutes les mesures" visant son pays, qui ressemblent à "une punition collective", alors que "rien n'a encore été présenté jusqu'ici" officiellement en termes de demandes.

"S'il s'agit de parler de sécurité collective des pays du Golfe, nous sommes prêts à nous asseoir et à discuter", a-t-il dit.

- 'Politique alternative' –
Le ministre a semblé exclure que la crise puisse dégénérer. "Une solution militaire n'est pas une option", a-t-il dit, précisant qu'aucun mouvement de troupes n'avait été opéré vers la frontière saoudienne.

Il a affirmé que le Qatar pouvait tenir "éternellement" malgré le blocus.

Le ministre a assuré que son pays "respectait" ses engagements internationaux et qu'à ce titre, il ne couperait pas ses livraisons de gaz aux Emirats arabes unis, l'un des trois pays du Golfe à avoir rompu avec lui.

Mercredi, le ministre d'Etat émirati aux Affaires étrangères Anwar Gargash avait posé une série de conditions pour une sortie de crise.

Il avait exigé notamment l'arrêt de ce qu'il a qualifié de propagande "extrémiste" de la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera et des mesures contre des représentants des Frères musulmans et d'autres islamistes ayant trouvé refuge à Doha.

Après l'interview jeudi avec l'AFP, le chef de la diplomatie du Qatar s'est adressé à un groupe plus large de journalistes, affirmant: "nous ne sommes pas prêts à nous rendre (...) Personne ne nous brisera".

Il a déclaré que le Qatar offrait "une plateforme pour une politique alternative dans cette région".

Le ministre a enfin assuré que les entreprises travaillant sur les chantiers du Mondial-2022 de football ne seraient "pas affectées" par la crise.
 
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