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Le Kenya lance son "train de la liberté" entre Nairobi et Mombasa

Mercredi 31 Mai 2017

Le président kényan Uhuru Kenyatta a inauguré mercredi le plus grand projet d'infrastructure accompli au Kenya depuis son indépendance en 1963: une ligne ferroviaire reliant la capitale Nairobi à Mombasa, sur l'océan Indien, et devant asseoir la position du Kenya comme porte d'entrée de l'Afrique de l'Est.

Après une cérémonie en grande pompe dans la ville portuaire de Mombasa, M. Kenyatta a embarqué dans un train du Standard Gauge Railway (SGR) d'une capacité de 1.260 passagers pour rejoindre la capitale Nairobi, accompagné notamment de divers responsables kényans et chinois, ainsi que de 47 enfants issus des 47 comtés du pays.

Ces 472 kilomètres de rail financés et construits principalement par la Chine doivent remplacer le "Lunatic Express", la ligne construite par le colon britannique. Cette dernière a façonné le Kenya moderne et faisait jusqu'en avril le bonheur des touristes avides de désuétude, mais désespérait par sa lenteur les passagers et les transporteurs de marchandises en quête de rapidité.

Le nouveau SGR, mu par des locomotives rouges et blanches au diesel, offre désormais une alternative compétitive au pénible voyage sur une des routes les plus dangereuses du pays. Le trajet par la route prend généralement deux jours aux camions, alors que le nouveau trajet en train durera cinq heures pour le transport de passagers, et huit pour les marchandises.

"Aujourd'hui, nous célébrons une des étapes clé de la transformation du Kenya en un pays industrialisé, un pays prospère à revenu moyen", a déclaré M. Kenyatta à Mombasa. Le gouvernement s'attend à ce que le SGR, surnommé le Madaraka Express (liberté en swahili), gonfle le PIB de 1,5% par an.

Ce projet de 2,8 milliards d'euros s'inscrit dans la perspective de relier par le rail l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi, le Soudan du Sud et l'Ethiopie.

Malgré plusieurs controverses - son coût, des accusations de corruption et des préoccupations environnementales -, il est aussi un des principaux arguments de l'exécutif kényan en vue de sa réélection en août.

- "Peine de mort" –
La foule rassemblée à Mombasa s'est par ailleurs fendue d'une clameur lorsque M. Kenyatta a assuré avoir ordonné aux gestionnaires du SGR de fixer à 700 shillings (6 euros) le ticket le moins cher pour un aller simple entre Nairobi et Mombasa.

"C'est la meilleure chose qui soit arrivée à notre pays, je suis content d'être témoin de cela et d'y participer", a déclaré à l'AFP Rahab Wangui, un des passagers choisis pour être à bord de ce voyage inaugural, au lendemain de l'inauguration du train de marchandise, lors d'une cérémonie plus modeste.

Mardi, quatre suspects avaient été arrêtés après le vol de matériel du SGR visant "à affaiblir la ligne et exposer les passagers innocents à un grand danger", selon un document judiciaire dont l'AFP a vu copie.

M. Kenyatta a évoqué mercredi du "sabotage économique" et menacé ses auteurs de peine de mort par pendaison. Si la peine capitale est prévue par le code pénal, aucune exécution n'a eu lieu au Kenya depuis 1987.

Surnommée le "Lunatic Express", l'ancienne ligne a été construite à partir de 1896 par les Britanniques, qui souhaitaient relier l'Ouganda et ses richesses à l'océan Indien, et est devenue synonyme d'aventure des temps coloniaux. On prête également au "Lunatic Express" d'avoir façonné le Kenya moderne.

Nairobi n'était au tournant du XXe siècle qu'un petit poste avancé perdu dans les marais, mais entamait son irréversible développement après avoir été choisi pour accueillir le siège de la société des chemins de fer kényans. Un siècle plus tard, Nairobi est la capitale de la première économie d'Afrique de l'Est et un des centres névralgiques de la région.

"Maintenant, nous célébrons non pas le Lunatic Express, mais le Madaraka Express, qui va façonner l'histoire du Kenya pour les 100 prochaines années", a conclu mercredi M. Kenyatta.

Quant au prochain tronçon du SGR, qui doit relier Nairobi à Naivasha, dans la vallée du Rift, il a fait bondir les défenseurs de l'environnement: un pont doit être construit à travers l'emblématique parc national de Nairobi.
 
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