Toutes les époques et toutes les cultures attestent de la puissance du lien d’amitié. De fait, ils sont nombreux à l’avoir célébré dans des termes qui la rendent à la fois magnifique et sublime ! Ecoutons celui-là séduit par sa grandeur faire cet aveu bouleversant : «Parce que c’était lui, parce que c’était moi.»
Ainsi, Montaigne traduit-il l’évidence et l’intensité de sa relation avec Étienne de La Boétie, son alter ego trop tôt disparu. L’amitié entre les deux hommes est l’une des plus belles histoires offertes par la philosophie. Une «divine liaison» que l’auteur des «Essais» n’a cessé de célébrer pour son caractère unique et fusionnel, et dont il n’est jamais parvenu à faire le deuil.
Ce bel hymne à l’amitié vraie, peut- on le déclamer tel quel aujourd’hui et cela à l’aune de ce que nous voyons, observons et entendons tous les jours ? En guise réponse, je peux m’autoriser cette affirmation : l’amitié de nos jours n’est plus ce qu’elle était ; elle a perdu de sa superbe ! Elle est en prise avec un monde féroce qui ne fait pas la part belle aux réalités créatrices d’attitudes et de comportements estimables.
Au demeurant, le contexte a beaucoup changé. Et pour preuve, cette interrogation sur les valeurs correspond à une crise dans la société, une société quelque peu désorientée dans laquelle un certain pluralisme vient drainer une multitude de visions et de préférences.
Du reste, la dureté des temps modernes, ajoutée au triomphalisme d’un libéralisme débridé avec sa marque déposée - la société de consommation et tout ce qu’elle charrie comme frustrations chez le plus grand nombre - finit par modeler un paysage sociologique dans lequel l’individu apparaît comme un entrecroisement de multiples appartenances qui finissent par déteindre sur sa personnalité et être décelable dans sa façon de faire et d’agir; et même au-delà : dans la licence dont nos mœurs sont affectées.
Pour dire les choses crûment : beaucoup d’amitiés de nos jours ne sont fondées que sur l’intérêt et seulement sur cela. Je connais un monsieur dont la maison ne désemplissait pas. Ils venaient de partout et repartaient avec des jurons de fidélité éternelle à la bouche. Mais quand la roue de la fortune a tourné, il ne voyait plus personne.
Tout cela donne raison à La Rochefoucauld: « C’est l’intérêt seul qui produit notre amitié. Nous ne nous donnons pas à eux pour le bien que nous leur voulons faire, mais pour celui que nous en voulons recevoir. »
Cette façon de faire est bien triste mais nombre de gens fonctionnent sur ce registre. Et parfois ces «traitres» en amitié vont plus loin en vous portant les critiques les plus acerbes. Ils ont oublié tout ce que vous avez fait pour eux dans le passé.
Ce qui fait dire à François Mitterrand qui en connait un bout sur le genre humain: « Peu d’amitiés subsisteraient si chacun savait ce que nos supposés amis disent de nous en nos absences. (...) Mais quand nous sommes présents, ils nous sourient comme si de rien n’était».
Tout compte fait, l’amitié vraie dans toute sa beauté et sa splendeur est devenue une denrée rare au Sénégal; pour autant je serai affirmatif pour dire que ses jours ne sont pas comptés: des personnes – en nombre infiniment réduit, il est vrai – continueront à la vivre en la faisant vivre, dans la pureté et la vérité jusqu’à la fin de leur odyssée sur terre.
Pour finir, que dire sinon puiser dans mes souvenirs pour exhorter les uns et les autres à méditer sur ces paroles pleines de sagesse d’un sage chinois: « l’ami est celui qui n’hésite pas à applaudir des deux mains quand il juge la posture adoptée, bonne; à contrario, il n’hésite pas à ‘sanctionner’ quand il se rend compte que le chemin emprunté peut mener à l’abîme».
Quiconque fonctionne avec vous sur ce registre de vérité – et sur la longue durée- vous pouvez le considérer comme… un ami jusqu’à la preuve du contraire
Madi Waké TOURE
tmadiwaketoure@gmail.com
Ainsi, Montaigne traduit-il l’évidence et l’intensité de sa relation avec Étienne de La Boétie, son alter ego trop tôt disparu. L’amitié entre les deux hommes est l’une des plus belles histoires offertes par la philosophie. Une «divine liaison» que l’auteur des «Essais» n’a cessé de célébrer pour son caractère unique et fusionnel, et dont il n’est jamais parvenu à faire le deuil.
Ce bel hymne à l’amitié vraie, peut- on le déclamer tel quel aujourd’hui et cela à l’aune de ce que nous voyons, observons et entendons tous les jours ? En guise réponse, je peux m’autoriser cette affirmation : l’amitié de nos jours n’est plus ce qu’elle était ; elle a perdu de sa superbe ! Elle est en prise avec un monde féroce qui ne fait pas la part belle aux réalités créatrices d’attitudes et de comportements estimables.
Au demeurant, le contexte a beaucoup changé. Et pour preuve, cette interrogation sur les valeurs correspond à une crise dans la société, une société quelque peu désorientée dans laquelle un certain pluralisme vient drainer une multitude de visions et de préférences.
Du reste, la dureté des temps modernes, ajoutée au triomphalisme d’un libéralisme débridé avec sa marque déposée - la société de consommation et tout ce qu’elle charrie comme frustrations chez le plus grand nombre - finit par modeler un paysage sociologique dans lequel l’individu apparaît comme un entrecroisement de multiples appartenances qui finissent par déteindre sur sa personnalité et être décelable dans sa façon de faire et d’agir; et même au-delà : dans la licence dont nos mœurs sont affectées.
Pour dire les choses crûment : beaucoup d’amitiés de nos jours ne sont fondées que sur l’intérêt et seulement sur cela. Je connais un monsieur dont la maison ne désemplissait pas. Ils venaient de partout et repartaient avec des jurons de fidélité éternelle à la bouche. Mais quand la roue de la fortune a tourné, il ne voyait plus personne.
Tout cela donne raison à La Rochefoucauld: « C’est l’intérêt seul qui produit notre amitié. Nous ne nous donnons pas à eux pour le bien que nous leur voulons faire, mais pour celui que nous en voulons recevoir. »
Cette façon de faire est bien triste mais nombre de gens fonctionnent sur ce registre. Et parfois ces «traitres» en amitié vont plus loin en vous portant les critiques les plus acerbes. Ils ont oublié tout ce que vous avez fait pour eux dans le passé.
Ce qui fait dire à François Mitterrand qui en connait un bout sur le genre humain: « Peu d’amitiés subsisteraient si chacun savait ce que nos supposés amis disent de nous en nos absences. (...) Mais quand nous sommes présents, ils nous sourient comme si de rien n’était».
Tout compte fait, l’amitié vraie dans toute sa beauté et sa splendeur est devenue une denrée rare au Sénégal; pour autant je serai affirmatif pour dire que ses jours ne sont pas comptés: des personnes – en nombre infiniment réduit, il est vrai – continueront à la vivre en la faisant vivre, dans la pureté et la vérité jusqu’à la fin de leur odyssée sur terre.
Pour finir, que dire sinon puiser dans mes souvenirs pour exhorter les uns et les autres à méditer sur ces paroles pleines de sagesse d’un sage chinois: « l’ami est celui qui n’hésite pas à applaudir des deux mains quand il juge la posture adoptée, bonne; à contrario, il n’hésite pas à ‘sanctionner’ quand il se rend compte que le chemin emprunté peut mener à l’abîme».
Quiconque fonctionne avec vous sur ce registre de vérité – et sur la longue durée- vous pouvez le considérer comme… un ami jusqu’à la preuve du contraire
Madi Waké TOURE
tmadiwaketoure@gmail.com






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