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La Chine injecte 83 milliards de dollars dans son système financier, un record

Mercredi 16 Janvier 2019

La Chine injecte 83 milliards de dollars dans son système financier, un record

SHANGHAI (Reuters) - La banque centrale chinoise a injecté un montant record de 560 milliards de yuans (83 milliards de dollars ou 73 milliards d'euros) dans le système financier mercredi, cherchant ainsi à prévenir une pénurie de liquidités susceptible d'accroître encore les maux de la deuxième économie mondiale.

Alors que la croissance de 2018 a probablement été la plus faible depuis 1990, les dirigeants chinois promettent d'accroître leur politique de soutien cette année et de défendre l'emploi. Mais les nombreuses mesures annoncées l'an dernier, des baisses d'impôts aux projets géants d'infrastructures ferroviaires, tardent à porter leurs fruits et les derniers indicateurs économiques pointent vers un ralentissement plus fort qu'attendu de l'activité.

L'annonce coup sur coup d'une contraction de l'activité du secteur manufacturier en décembre et d'une chute des exportations a choqué les observateurs.

L'opération de mercredi de la Banque populaire de Chine (BPC) sur le marché monétaire intervient au lendemain de la promesse de nouvelles mesures de soutien par la banque centrale mais aussi par la Commission nationale de développement de réforme (CNDR) et par le ministère des Finances.

"Le message est clair - l'économie a besoin d'aide", résume Trinh Nguyen, économiste qui suit les pays émergents d'Asie pour Natixis à Hong Kong. "Les autorités s'accordent désormais sur la nécessité d'un soutien plus décisif et l'importante injection de capitaux d'aujourd'hui reflète cela".

La BPC a indiqué que l'opération visait à assurer d'amples liquidités dans le système financier qui est mis sous tension par le pic des paiements d'impôts à la mi-janvier et par la hausse de la demande de cash à l'approche des vacances du Nouvel An lunaire qui commencent début février.

"Les liquidités totales du système bancaire baissent rapidement", a-t-elle expliqué dans un communiqué.

Si les injections de liquidités d'un montant élevé sont courantes à cette période de l'année, le total inédit de mercredi s'ajoute à la forte baisse du niveau des réserves obligatoires des banques annoncée début janvier qui leur permettra d'allouer l'équivalent de 116 milliards de dollars à des nouveaux crédits.

La première étape, une baisse de 50 points de base du coefficient des réserves obligatoires, a pris effet mardi et une diminution de même ampleur est prévue pour le 25 janvier.

L'opération de la BPC intervient aussi au lendemain de la publication de données montrant que la croissance de la masse monétaire reste faible et que l'octroi de prêts ne repart pas en dépit des efforts des autorités pour faciliter l'accès des entreprises au crédit.

Selon Nomura, les nouveaux crédits de moyen et long termes aux entreprises ont représenté le mois dernier moins de la moitié de leur niveau moyen pour un mois de décembre.

Les banques, encore échaudées par la campagne passée des autorités contre les crédits risqués, hésitent encore à prêter tandis que les entreprises sont réticentes à investir face au ralentissement de leurs carnets de commandes.

Tout en promettant de nouvelles mesures, les autorités écartent pour l'heure un plan de relance massif qui aurait pour effet d'alourdir la dette.

Prié de dire si la BPC devait réduire ses taux directeurs, un responsable de la banque centrale a répondu mardi que les mesures existantes devaient être améliorées.

Les marchés semblent le croire puisque les taux du marché monétaire n'ont que peu évolué mercredi. Le taux repo à sept jours, une mesure de la liquidité suivie de près, s'établissait à 2,6142% dans l'après-midi, sans grand changement par rapport à la veille.

"L'injection nette de ce jour est importante mais c'est peu à côté de ce qu'une baisse de taux libérerait, et c'est cela qu'on regarde sur le marché", dit Ken Cheung, stratège changes chez Mizuho à Hong Kong.

Pékin publiera lundi les chiffres du produit intérieur brut de 2018 qui devraient faire ressortir une croissance de 6,6% selon les économistes, au plus bas depuis 28 ans, contre 6,9% en 2017. Ce rythme pourrait encore ralentir à 6,2% cette année, voire plus bas si la tendance des derniers indicateurs se prolonge, sur fond d'impasse persistante dans les négociations commerciales avec les Etats-Unis.
 

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