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LIBYE: la communauté internationale veut mettre fin aux ingérences étrangères

Dimanche 19 Janvier 2020

Les dirigeants des principaux pays concernés par le conflit qui déchire la Libye doivent promettre dimanche de s'abstenir d'intervenir, mais la question du déploiement d'une présence internationale sur place pour aider à la paix est posée.
 
Une déclaration commune devrait être adoptée en début de soirée à l'issue d'un sommet sous l'égide de l'ONU organisé à Berlin, qui réunit onze dirigeants étrangers, dont Vladimir Poutine, Emmanuel Macron, Boris Johnson, Recep Tayyip Erdogan et Angela Merkel, dans un contexte de fragile trêve des combats sur le terrain.
 
Outre la fin des immixtions étrangères dans ce pays plongé dans le chaos et la guerre civile, sur fond d'appétits pétroliers et de rivalités politiques régionales, l'accord, vu par l'AFP, devrait comprendre un engagement à respecter l'embargo sur les livraisons d'armes.
 
Ce dernier a été décrété en 2011 par l'ONU mais est largement resté lettre morte. Un appel à un arrêt "total" et durable des hostilités sur le terrain doit aussi être lancé.
 
Depuis la reprise des combats entre camps rivaux en Libye en avril 2019, plus de 280 civils et 2.000 combattants ont été tués et, selon l'ONU, plus de 170.000 habitants ont été déplacés.
 
"Le temps est venu d'une action immédiate et déterminée pour empêcher une guerre civile totale", a dit le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres lors du sommet de Berlin.
 
- 'Guerre par procuration' -
 
"Vous avez affaire fondamentalement à une guerre par procuration pilotée par des forces extérieures, qu'il s'agisse de la Russie et de l'Egypte d'un côté et de la Turquie et d'autres de l'autre côté (...) la population libyenne a assez souffert, il est temps que ce pays aille de l'avant", lui a fait écho le chef du gouvernement britannique Boris Johnson.
 
La Turquie soutient en Libye le camp de Fayez al-Sarraj, le chef du Gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par l'ONU à Tripoli, mais qui ne contrôle qu'une petite partie du territoire, tandis que son rival Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, peut compter dans une grande mesure sur celui de Moscou, de l'Egypte, l'Arabie saoudite ou des Emirats arabes unis.
 
Pour Ankara le coupable est tout trouvé. "Pour parvenir à une solution politique et à la mise en œuvre des autres phases de la solution, l'attitude hostile de Haftar doit cesser", a déclaré dimanche Recep Tayyip Erdogan lors d'un entretien avec son homologue russe Vladimir Poutine.
 
Le chef de l'Etat français Emmanuel Macron lui a répondu lors de la conférence en demandant l'arrêt de l'envoi de miliciens syriens pro-turcs pour soutenir le GNA.
 
"Je dois vous dire la vive inquiétude que m'inspire l'arrivée de combattants syriens et étrangers dans la ville de Tripoli, il faut que cela cesse", a déclaré Emmanuel Macron, faisant aussi allusion à l'envoi sur place de militaires turcs.
 
Le GNA a signé un accord formel de cessez-le-feu suite à la trêve engagée en Libye le 12 janvier, sous l'impulsion de l'axe russo-turc, mais pas le maréchal Haftar. Les deux protagonistes de la crise en Libye se sont rendus à Berlin pour des entretiens bilatéraux mais n'ont pas participé à la conférence.
 
Les dirigeants turc et russe sont restés au centre de l'attention à Berlin: ils jouent aujourd'hui un rôle central en Libye en profitant du vide laissé par les Européens et du mouvement de retrait plus général des Etats-Unis au Moyen-Orient.
 
L'ONU espère surtout que cette conférence renforcera le cessez-le-feu entré en vigueur à l'initiative de la Russie et la Turquie.
 
Jusqu'ici, la trêve a été plus ou moins respectée entre les deux camps rivaux aux portes de la capitale.
 
- Force internationale à l'étude -
 
Mais des escarmouches sont signalées presque quotidiennement, y compris le jour du sommet au sud de Tripoli.
 
Après s'être emparé de l'Est et d'une grande partie du sud de la Libye, Khalifa Haftar est parti à la conquête du centre du pouvoir à Tripoli. Il fait cependant face depuis début avril à une résistance farouche.
 
Dans ce contexte, le chef du GNA a demandé dimanche l'envoi dans son pays d'une "force militaire internationale" sous l'égide de l'ONU au cas où le maréchal Haftar reprendrait les combats.
 
Elle aurait pour mission de "protéger la population civile", a-t-il dit, faisant écho à des propos similaires cette semaine du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
 
Plusieurs dirigeants, notamment les chefs de gouvernement italien et britannique, se sont dits ouverts à l'idée de l'envoi d'une mission internationale mais pour aider à garantir un cessez-le-feu agréé entre les deux camps, pas pour l'imposer. Le Kremlin est aussi ouvert à la discussion sur une force internationale, sur la base du "consensus". (AFP)
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