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L'Église veut laver le péché de ses prêtres pédophiles

Dimanche 10 Novembre 2019

Les évêques de France ont voté samedi en faveur d'une «somme forfaitaire» pour les victimes d'agressions sexuelles commises par des prêtres lorsqu'elles étaient mineures, un dispositif qui doit être précisé en avril mais jugé insuffisant par les victimes.
 
Réunis à Lourdes (sud-ouest), les quelque 120 évêques ont voté «très largement», ce dispositif destiné à la «reconnaissance de la souffrance» des victimes et qui passe par «une somme d'argent unique et forfaitaire», a annoncé à la presse le président de la Conférence des évêques de France (CEF), Eric de Moulins-Beaufort.
 
Ce n'est «ni une indemnisation qui dépend de la justice de notre pays ou de la justice canonique, ni une réparation», a-t-il expliqué. Son montant sera proposé aux évêques lors de leur prochaine rencontre à Lourdes en avril.
 
Différentes procédures d'indemnisation mises en place par l'Eglise - ou à son initiative - existent déjà en Belgique ou en Suisse.
 
Les victimes d'agressions concernées sont celles pour lesquelles les faits sont prescrits. Pour celles dont les dossiers judiciaires sont encore en cours, le versement interviendra après.
 
Le fonds de dotation sera alimenté par un financement «auprès des évêques, des prêtres coupables quand ils sont vivants, et des fidèles qui voudront bien venir nous aider», a-t-il souligné.
 
L'Eglise catholique de France est depuis plusieurs années en pleine tourmente avec les révélations successives sur des scandales d'agressions pédophiles commises pendant des décennies par des prêtres ou des religieux et souvent couverts par leur hiérarchie. Les mesures de réparation financière sont très attendues par les victimes, de même que la reconnaissance par l'Eglise de sa responsabilité.
 
«Dysfonctionnements» au sein de l'Eglise
 
«Le mot responsabilité de l'Eglise n'apparaît pas, ça me gêne beaucoup», a réagi Jean-Luc Souveton, prêtre, agressé lorsqu'il était mineur.
 
Ce mot n'a pas été prononcé par Eric de Moulins-Beaufort, mais il a souligné que les victimes avaient aussi souffert «du silence, de la négligence, de l'indifférence, de l'absence de réaction, ou de mauvaises décisions ou des dysfonctionnements au sein de l'Eglise».
 
«D'une certaine façon, ils le disent sans le dire, c'est très important», a estimé Véronique Garnier, une autre victime. Cette dernière regrette toutefois, comme d'autres, que l'épiscopat n'ait pas attendu la fin des travaux de la Ciase, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise, attendus pour début 2021.
 
«Depuis 2016 les victimes attendent des choses de nous, on ne va pas les faire attendre encore jusqu'au printemps 2021», a affirmé Eric de Moulins-Beaufort. «Nous tiendrons compte de l'avis de la Ciase sur ce dispositif s'il le faut».
 
Selon les premiers éléments dévoilés par cette Commission «la majorité des abus (sexuels) se sont produits dans les années 1950, 1960, 1970, beaucoup plus que dans les décennies ultérieures».
 
Elles ont concerné des hommes, très souvent mineurs au moment des faits, a déclaré jeudi son président, Jean-Marc Sauvé, après cinq mois de travaux. Il a aussi évoqué une «gestion de ces affaires qui dans le passé a souvent été défaillante». (afp/nxp)
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