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Justice couchée : la démocratie sénégalaise bascule du coté obscur

Mercredi 18 Juillet 2018

«Le dernier rempart de la Démocratie vient de voler en éclats, le 18 juillet 2018.»
 
Le Sénégal entre dans une nouvelle ère le 18 juillet 2018. Tout est possible. Tout peut arriver désormais. Y compris l’irréparable.L’Institution chargée de veiller au respect des droits et de garantir l’exercice des libertés individuelles et collectives s’est effondrée littéralement :

un Procureur de la République et des officiers de police judiciaire qui s’accusent mutuellement et se donnent en spectacle,

un Juge d’appel qui fait fi du Droit et viole la loi (REGLEMENT N°05/CM DE l’UEMOA ET ARTICLE 55 DU CODE DE PROCEDURE PENALE) pour satisfaire les désirs d’un Prince,

un Procureur Près la Cour d’appel (Dakar) qui signe de ses propres mains un réquisitoire auquel il ne croit pas,

de hauts magistrats épinglés par la Cour de Justice de la CEDEAO comme étant les principaux responsables d’actes d’une extrême gravité (violation du Droit à l’assistance d’un conseil, du droit à la présomption d’innocence et du Droit à un procès équitable du Député-Maire de Dakar),

un procès qui tourne au fiasco politique et judiciaire,

un Juge, ancien assesseur de la Cour de répression de l’Enrichissement illicite qui dénonce ouvertement la forfaiture du régime visant à éliminer un candidat aux joutes présidentielles de 2019,

le 1er magistrat du pays (Président de la République) qui commente une affaire pendante devant la Justice et se comporte comme un irresponsable,

un Avocat qui fustige la corruption de certains magistrats,

une justice fragmentée entre partisans de l’indépendance de l’Institution (magistrats dignes, intègres et impartiaux) et collaborateurs du « système », etc.
 
Le spectacle pitoyable auquel nous avons assisté le 18 juillet 2018 est inédit, écœurant et déshonorant pour le Sénégal. Le 18 juillet 2018, ce n’est seulement pas un Député-Maire qui a été arbitrairement privé de liberté : c’est la vitrine de la démocratie sénégalaise qui s’est fracassée sur l’autel du complot politique et judiciaire, du mensonge, de la cupidité et de l’abject instinct de conservation du pouvoir (intérêts bassement politiques).

C’est l’Institution de régulation par excellence, le dernier rempart contre l’arbitraire qui s’est affaissé, parce qu’un homme atteint du syndrome d’Hubris (maladie du pouvoir) a décidé de prendre en otage un pays, ses institutions et sa Démocratie pour réaliser son sombre dessein: obtenir vaille que vaille un second mandat. Envers et contre tout.
 
Le 18 juillet 2018, le Sénégal a quitté le monde du Droit et dévié de sa trajectoire démocratique pour faire un saut vers l’Inconnu. Pour le pays, c’est l’ère des incertitudes et le risque de basculement vers une forme d’anarchie. Parce que Macky Sall est un risque pour l’Etat de Droit et la stabilité du Sénégal, le Temps du Sursaut Citoyen est arrivé.
 
Seybani SOUGOU – E-mail : sougouparis@yahoo.fr
 
 
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1.Posté par Me François JURAIN le 01/08/2018 20:14
Il y a bien longtemps que j'écris, ici, dans ces mêmes colonnes, que le SENEGAL n'est plus vraiment une démocratie, mais une démocrature, à l'exemple du fidèle ami turc de notre président en exercice.
Quand aux prochaines élections, elles sont pliées d'avance, pour une simple raison: si le clan FAYE-SALL perd les élections, sa prochaine destination est connue d'avance: trop de scandales, trop de corruption au plus haut sommet de l'état, trop de détournements de fonds, constatés dans des dossiers que le procureur s'acharne, vu les ordres à cacher sous le tapis, mais le tapis devient trop petit! Donc, le clan FAYE-SALL n'a pas le choix, ces élections seront gagnées par lui, d'une manière ou d'une autre, et au premier tour, car un deuxième tour serait trop risqué. Le score? à mon avis autour de 54%...Pas d'opposants pour limiter les risques: les plus dangereux sont soit en exil, soit en prison, pour les autres, un bon contrôle fiscal bien appuyé devrait les dissuader de se mettre en travers de la volonté (forcée) du prince.
La faute à qui? en grande partie à une opposition quasiment inexistante, qui n'a encore pas compris que la pléthore de candidats avançant en marche désordonnée, ne peut que faire le jeu du locataire en place, qui distribue les enveloppes à tour de bras, et les promesses par tonnes: elle ne seront évidemment pas tenues, mais les gogos-responsables auront bien le temps de s'en apercevoir. Car finalement, le gros des candidats de l'opposition, pour l'instant, ne veulent la place que pour pouvoir faire pire que l'occupant en place! si c'est possible de faire pire!!!
Plus intéressantes seront les élections de 2023: qui sera le candidat: Macky SALL, son épouse FAYE qui en meurt d'envie? Le frère, ALIOU,? les jeux sont ouverts...hélas!
Mais il faut aussi se dire que l'on a les hommes politiques que l'on mérite: est ce que le peuple sénégalais aura le courage d’affronter un régime corrompu, qui défendra ses avantages et sa protection jusqu'à la mort (de l'autre), est que le peuple sénégalais prendra conscience que l'argent qui est dilapidé au profit de quelques uns qui se bâtissent des fortunes de plusieurs milliards de dollars ou d'euros, c'est l'argent du peuple, qui devrait servir à permettre à chaque citoyen d'avoir de l'eau, de l'électricité, des infrastructures dignes de ce nom, du travail pour nourrir sa famille? Pour être objectif, il faut bien reconnaître que le Président en place n'a fait que suivre l'exemple de ses prédécesseurs, tous les trois à la tête d'une immense fortune personnelle, bâtie avec l'argent volé au peuple.
Mais cette révolte du peuple, ce refus de continuer d'être maintenu dans un état de pauvreté inacceptable au 21° siècle, ne pourra se faire que dans des affrontements, dont on a vu que le pouvoir en place savait jouer de la violence extrême, lorsque ses propres avantages sont en danger.
Que dieu nous protège des jours sombres à venir, mais je pense que sa protection ne sera pas suffisante...Hélas.
Me François JURAIN

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