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«Jeunes de mon pays, en tout pensez d’abord à votre avenir! » (par Mody Niang)

Mardi 22 Février 2022

Nous vivons la soixante-deuxième année de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale. En d’autres termes, à l’indépendance ou ce qui est considéré comme tel. Cette indépendance, nos autorités de l’époque l’ont proclamée le 20 août 1960, après que notre pays s’est retiré de la Fédération du Mali, qui regroupait le Sénégal et l’ancien Soudan français. Les autorités de cepays ont gardé le nom Mali, malgré l’éclatement de la Fédération. Notre premier Président de la République est Léopold Sédar Senghor, qui l’a été du 5 septembre 1960 au 31 décembre 1980. Á cette date, il a quitté volontairement le pouvoir au profit de son Premier ministre d’alors, Abdou Diouf. Ce dernier est resté 19 ans à la tête de notre pays, du 31 décembre 1980 au 19 mars 2000. Ce jour-là, les Sénégalaises et les Sénégalais lui ont retiré leur confiance pour l’accorder, à 58% des suffrages exprimés, à Abdoulaye Wade. Cette victoire mettait donc un terme au pouvoir des socialistes qui aura duré quarante (40) longues années. Me Wade sera officiellement installé comme troisième Président de la République le 1er avril 2000, après une longue opposition de vingt-six (26) ans[[1]]url:#_ftn1 .
 
Avec lui donc, arrivaient au pouvoir les libéraux ou ceux qu’on considérait comme tels. Il restera à la tête du pays pendant douze longues années, du 1er avril 2000 au 25 mars 2012, date de sa cuisante défaite au profit de son « fils » et sosie Macky Sall, auquel les Sénégalaises et les Sénégalais ont accordé leur confiance pour 65% des suffrages exprimés. Depuis son installation comme quatrième Président de la République le 2 avril 2012, il prolonge la gouvernance dite libérale. Le 24 février 2019, il a été réélu et dès le premier tour à un peu plus de 58% des suffrages exprimés, pour un second et dernier mandat qui se terminera en février ou mars 2024, année à laquelle un nouveau président de la République sera élu.
 
Donc, jeunes de mon pays, nous sommes indépendants ou sensés l’être depuis plus de soixante-et-un (61) ans et faisons encore partie, dit-on, de la liste peu enviable des 25 pays les plus pauvres et les plus endettés du monde. Pourtant, nos premiers gouvernants s’engageaient à sortir notre pays du sous-développement dans un délai raisonnable, et mettaient en place des plans (quinquennaux) de développement pour y arriver. Le président Senghor présageait déjà très tôt que Dakar, la capitale de notre pays, serait comme Paris en l’an 2000. Nous sommes en l’an 2022, soit plus de cinquante (50) ans après. Dakar est ce qu’elle est devenue, et nous le vivons ensemble : une ville désordonnée, encore sale malgré les efforts constatés çà et là, envahie d’ordures de toutes sortes, d’eaux usées nauséabondes et surtout de gravas qui constituent une plaie béante échappant pourtant à notre attention ; une ville où se déplacer en véhicules devient une véritable gageure, malgré la mise en circulation de ce coûteux TER dont on nous disait, en bombant le torse, qu’il améliorerait notablement la mobilité urbaine. Il n’en a rien été et Dakar, la capitale nationale, est envahie par des charrettes et surtout de ce qu’on appelle des véhicules « clandos » qui sont de plus en plus nombreux, peut-être même plus nombreux que les véhicules dits réguliers. Les cimetières de véhicules sont vidés aujourd’hui et de toute l’étendue du territoire national, de Matam, de Louga, de Diourbel-Mbacké, de Kaolack-Kaffrine, de Tamba-Kédougou, de Sédhiou-Kolda, etc., nous viennent des véhicules qui ne le sont que de noms. Et ce qui est choquant, qui me choque en tout cas, c’est que ces « clandos » et ces charrettes, auxquels s’ajoutent des milliers de « Jakarta », ne dérangent personne.
 
Voilà donc ce qu’est devenue Dakar en 2022, à l’image d’ailleurs de tout le pays ou presque. Aujourd’hui, plusieurs secteurs sociaux comme l’école et la santé, pour ne citer que ceux-là, sont malades, très malades. En attestent les grèves qui chauffent le front social, souvent légitimement et dont les principaux responsables sont le vieux président-politicien et son successeur et sosie le président-politicien Jr. Ils ont outrancièrement politisé notre administration et carrément détraqué notre système de rémunération des agents publics et d’octroi d’indemnités. Á la tête du client, ils augmentent des salaires et distribuent de façon irresponsable des indemnités diverses : de logement, de judicature, celles octroyées à la place des véhicules dits administratifs, etc. Ce qui est plus choquant encore dans leur irresponsabilité et qui explique toutes les frustrations qui chauffent le front social aujourd’hui, c’est le montant exorbitant de ces indemnités qu’ils accordent à une minorité de compatriotes qui sont déjà pourtant gâtés par de nombreux autres avantages. Quand le vieux président-politicien accordait une indemnité de judicature de 800.000 francs CFA aux magistrats, des professeurs d’université de rang A n’avaient pas un salaire net de plus de 600.000 francs et des médecins, des ingénieurs de toutes catégories, des administrateurs civils, des professeurs d’enseignement secondaire et des inspecteurs d’enseignement les plus gradés n’avaient pas plus de 300.000 francs de salaire mensuel. Et encore ! Personnellement, quand je faisais prévaloir mes droits à une pension de retraite, en tant qu’inspecteur de l’enseignement élémentaire de classe exceptionnelle (hiérarchie A 1), mon salaire atteignait à peine les 300.000 francs.
 
Si on ajoute à cette confortable indemnité celle aussi confortable de logement qui va pour eux d’un million (1.000.000) à cinq cent mille (500.000) francs, sans compter une autre possible de fonction, ils peuvent se retrouver, avec les seules indemnités, à deux millions (2.000.000) de francs ou plus. Sans compter que les fonds communs sont désormais étendus à leur corps. Sans compter que, quand il y a un lotissement quelque part, leur association reçoit souvent son quota de terrains. Les fonds communs ont été accordés, semble-t-il, du temps de Jean Collin. Ils sont attribués dans des conditions qui peuvent heurter sur la base, semble-t-il, des redressements fiscaux et autres actes contribuant à faire monter notablement les recettes fiscales. Que donne l’État à des médecins qui, affectés dans les coins les plus reculés du Sénégal et travaillant dans des conditions souvent très difficiles, sauvent des vies avec l’assentiment du Seigneur ? Et les enseignants, qui sont malheureusement de moins en moins nombreux, qui sacrifient tout à leur difficile métier et font chaque années d’excellents résultats dans les différents examens et concours ? Que leur propose l’État à la place des fonds communs ? Cette iniquité qui dure depuis de longues années doit être sérieusement repensée.
 
Je peux donner l’exemple des forces de défense et de sécurité au profit de qui l’indemnité de logement a été généralisée. Il semble même que les officiers généraux vont à la retraite avec le même salaire qu’ils touchaient en activité, en même temps que l’indemnité substantielle de logement. Évidemment, je prends des risques en donnant en exemples ces gens-là et des magistrats, moi qu’un juge a condamné pour avoir seulement préfacé le livre de Papa Allé Niang qui mettait en cause la gestion du COUD par Cheikh Oumar Hanne. Le juge me reprochait d’y avoir traité cette gestion de scandaleuse. Je connais particulièrement le dossier de M. Hanne, et si j’avais en tête un qualificatif plus dur, je l’aurais attribué à sa gestion. Je connais bien d’autres, aussi lourds les uns que les autres, qui dorment sur la table du Président de la république et celle de son procureur. Ces dossiers sont des rapports des corps de contrôle (Inspection générale d’État, Cour des Comptes, Office national de lutte contre la Fraude et la Corruption, Autorité de Régulation des Marchés publics) mettant gravement en cause des hommes et des femmes qui gravitaient tous et toutes autour du vieux président-politicien, les mêmes qu’on retrouve pratiquement autour du président-politicien Jr. Quand on évoque ces dossiers, on s’entend rétorquer facilement l’argument qu’il faut cesser de citer leurs noms, car ils (elles) sont présumé(e)s innocent(e)s jusqu’à preuve du contraire. Qu’on les juge, pour nous permettre d’en avoir le cœur net ! Tant qu’ils (elles) ne le seront pas, nous croirons plutôt à leur culpabilité. Pourquoi a-t-on peur de les juger ? Pourquoi le Président-politicien Jr met-il lourdement le coude sur ces dossiers, aussi bien ceux qui gisent sur sa table comme ceux qui dorment à poings fermés sur le bureau de son procureur ? En tout cas, moi Mody Niang, je crois davantage à leur culpabilité. Depuis le 1er avril 2000, je crois bien plus à la présomption de culpabilité qu’à celle d’innocence. Quand on est innocent, on ne met pas du temps à le prouver. Que personne ne m’oppose surtout pas le temps de la justice ! Ces dossiers dorment quand même depuis vingt-deux (22) longues années. Pourquoi nos magistrats les ont-ils laissés là où ils sont pour trouver le temps de traiter celui de Khalifa Ababacar, Sall avec toute la diligence qui n’a échappé à personne. Basta waay !
 
Mes chers jeunes compatriotes, pour revenir à vous, ce texte est déjà long  et s’il l’est un peu plus, vous n’aurez certainement pas le temps de le lire de façon intégrale, vos études et autres préoccupations ne vous le permettant pas. Je le conclus donc ici, avec le ferme engagement à revenir très bientôt, dans une seconde contribution, pour vous expliquer largement pourquoi je me suis permis de vous interpeller, dès le titre de ce texte.
 
Dakar, le 21 février 2022
Mody Niang
 
[[1]]url:#_ftnref1 Vingt-six ans auxquels il faudrait quand même enlever les trois ou quatre ans pendant lesquels lui et son parti le Pds ont siégé dans deux gouvernements dits d’ouverture du président Abdou Diouf.
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1.Posté par Me François JURAIN le 23/02/2022 10:12
Et si je peux me permettre de compléter cette belle contribution de Mody NIANG, dont la droiture n'est plus à démontrer, Jeunes de ce pays, mais cela pourrait s'adresser à tous les pays du monde, n'écoutez pas le chant des sirènes, ceux qui vous font de beaux discours, du toit de leur gros 4X4, et vous font croire qu'il suffit de claquer dans les mains pour que l'argent vous tombe du ciel. Vous seuls bâtirez votre avenir, sur trois fondements essentiels: Instruction, éducation, formation. L'instruction devrait vous être assurée par l'état: malheureusement, l'état est plus que défaillant; ici comme ailleurs, les instruits ne font plus recette, pour être admiré et bénéficier d'un jugement de valeur, il faut avoir une grosse voiture et un compte en banque bien garni, peu importe l'origine de l'argent.(combien de députés, dans l'émicycle, ne savent même pas lire,) Cette instruction, vos professeurs vous enseigneront la base, ils vous donneront les clefs, à vous d'ouvrir les portes, et surtout ne pas considérer que l'apprentissage du savoir se termine en sortant de l'école. Tant que vous avez les yeux ouverts, apprenez, apprenez sans cesse. L'éducation, c'est en principe ce que vos parent vous transmettent, dès le plus jeune âge. Malheureusement, beaucoup de parents ont baissé les bras, alors, comblez de vous même cette lacune. Ici, au SENEGAL, la bonne éducation est encore de mise, mais malheureusement, au fil des ans, on s'aperçoit que cela se perd un peu: dommage, n'imitez surtout pas les jeunes de l'occident. La formation, il vous appartient de savoir ce que vous voulez faire de votre vie, car elle vous appartient, et de choisir le métier qui fera de vous un homme (ou une femme!), responsable, compétent, et attentif aux autres. Là encore, l'état est défaillant, alors, , ne comptez que sur vous même. Ayez en tête que, dans le monde entier, la vie n'est ps facile, mais que pour vous, Africains, peuples d'Afrique, elle est encore plus dure, et qu'il vous faudra fournir deux fois plus d'efforts qu'un européen ou qu'un américain, un canadien, ou un australien. Vous pouvez vous révolter contre cet état de fait, mais cela ne changera rien. Ayez en tête, à 20 ans, que vous allez changer le monde, et si vous n'y arrivez pas, vous vous changerez vous, et ce sera déjà bien et beaucoup. Il n'y a pas de fatalité, il n'y a que des fatalistes. Ne faites aucune confiance aux politiques, quels qu'ils soient, et surtout, ne comptez jamais sur leur belles promesses: ils ne les réaliseront jamais. Si l'on excepte le Président SENGHOR, qui a vraiment travaillé dans cette esprit (instruction-éducation-formation), ce qui a suivi n'a pas été très glorieux; L'époque des wade, qui a ouvert l'ère du soit disant "liberalisme" a été une calaminté, et ce qui a suivi a été pire. Pour s'en convaincre, jeunes de la nation, ne regardez que deux chiffres pour comprendre, et vous faire un jugement: le pourcentage de l’illettrisme au sénégal, en 2012, par rapport à celui de 2022, et le pourcentage de gens vivant en dessous du seuil de pauvreté en 2012 par rapport à ceux de 2022. Oui, c'est le même, c'est à dire qu'en dix ans, rien n'a changé pour l'instruction, rien n'a changé pour la misère, à part que la vie est encore devenue plus dure pour ceux qui sont concernés par ces deux fléaux. Alors la faute à qui? A tous ces politiques qui n'ont aucune intention d'améliorer les conditions de vie de leur peuple, mais ne pensent qu'à améliorer leur propres conditions, en volant, détournant sans vergogne les fonds publics, au détriment du bien être des populations. A ces dirigeants qui n'ont qu'une idée en tête, faire pousser des racines à leur fauteuil, en piétinant la constitution du pays qu'ils dirigent, constitution qu'ils ne cessent de tripatouiller à leur avantage; à ces mêmes dirigeants qui font exactement l'inverse de ce à quoi ils se sont engagés, et ce pour quoi ils ont été élus, pratiquant à outrance le népotisme, pillant sans honte les richesses du pays, et cultivant en permanence le culte de la personnalité, à l'instar de ce qui semble être leur idole, Mao tse tung, autre dictateur de sinistre mémoire...
Oui, jeunes de ce pays (ou d'ailleurs), gardez en tête que les valeurs telles que l’honnêteté, le respect de la parole donnée, le sens de l'honneur, le respect de son prochain, sont des valeurs essentielles de la vie, sans lesquelles vous ne pourrez jamais réussir VOTRE vie. Gardez en tête que c'est votre instruction, votre éducation, et votre formation que vous cultiverez et travaillerez sans cesse, et à tout âge, ce sont toutes ces valeurs essentielles qui vous permettront non pas de rêver votre vie, mais de vivre vos rêves; votre vie sera ce que vous en ferez, Elle vous appartient, et à vous seul. Enfin, choisissez vos héros: admirez un Sadio MANE, qui a le sens des valeurs, et n'oublie pas d'où il est venu, et à toujours en tête non pas la chance (même si il en faut toujours un peu, dans la vie, ) mais tout le travail qu'il lui a fallut, les privations, les abnégations les humiliations qu'il a eu à affronter pour en arriver là ou nous le connaissons aujourd'hui (qui prêtait attention à ce gamin il y a dix ans et plus en arrière, qui prenait en compte sa souffrance, qui regardait les efforts et le travail tant sur le terrain que sur lui même qu'il fournissait chaque jour?) Mais bannissez un Karim WADE, honte à jamais de tout un pays, condamné pour avoir volé l'argent de tout un peuple, votre argent, celui qui aurait permit de créer de vrais centres de formation, des hôpitaux dignes de ce nom, des écoles ou l'on apprend le savoir, et cultive le pouvoir qui vous appartient, à vous et à vous seul: faire de votre vie ce qu'elle sera.
Ne vous laissez pas éblouir par les marchands de rêve, qui vont vous endormir avec un train flambant neuf, ou un stade de cinquante mille places, dans lequel il vous faudra attendre d'être adulte pour payer le ticket d'entrée, cherchez toujours à comprendre à qui cela profite vraiment, et intéressez vous toujours au "dessous des cartes". Bannissez les traitres, les menteurs, les voleurs, ils ne vous apporteront rien de bien que de l misère eet du malheur.
Enfin, et pour conclure, n'ayez de cesse de viser la lune: et si vous ne pouvez pas l'atteindre, alors, reposez vous en chemin sur une étoile.
Toute votre vie, vous vous entendrez dire: "c'était mieux avant" Alors, à vous de vous appuyer sur cet avant, pour construire votre vie de demain.
Et faites votre, la pensée d'un vieux(moi, en l’occurrence): LA VIE EST FORMIDABLE, ET VAUT VRAIMENT LA PEINE D’ÊTRE VÉCUE!
Me François JURAIN

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