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Insécurité et recul démocratique, freins au développement de l’Afrique (Mo Ibrahim)

Mercredi 25 Janvier 2023

Mo Ibrahim, parrain de l'Indice qui porte son nom
Mo Ibrahim, parrain de l'Indice qui porte son nom
Les progrès dans le développement humain et économique en Afrique sont freinés par un "recul généralisé de la démocratie" et une "situation sécuritaire de plus en plus tendue", selon l'indice de la fondation Mo Ibrahim publié mercredi qui évalue la gouvernance sur le continent. "Même si le niveau moyen atteint par la gouvernance globale sur le continent est meilleur en 2021 qu'en 2012", celui-ci "stagne depuis 2019", note le rapport.
 
"La majeure partie du continent est moins sûre et moins démocratique en 2021 qu'elle ne l'était en 2012", poursuit le document qui souligne que la pandémie de Covid-19 a "accentué ces tendances préoccupantes".
 
L'indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique (IIAG) est fondé sur plus de 80 indicateurs classés en quatre sous-catégories: "sécurité et Etat de droit", "participation, droits et inclusion", "développement humain" et "fondements des opportunités économiques". …
 
Dans l'indice, les cinq pays les plus performants en matière de gouvernance, en prenant en compte l'ensemble des indicateurs, sont l'Ile Maurice, suivi des Seychelles, de la Tunisie, du Cap Vert et du Botswana. Le Soudan du Sud est dernier derrière la Somalie et l'Erythrée. …
 
Le rapport s'attarde également sur une "inquiétante décennie de coups d'Etat récurrents au Sahel", dénombrant que sur 29 coups d'Etat dans le monde entre 2012 et 2021, 23 ont eu lieu en Afrique et principalement dans la région sahélienne. (VOA)
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1.Posté par Me François JURAIN le 27/01/2023 11:57
Et cela n'a rien d'étonnant, surtout lorsque l'on voit ce qui est en train de se passer au SENEGAL, mais pas que. Le problème, c'est que cet état de fait est la résultante des dirigeants, et qu’il faudrait faire la distinction entre les dirigeants, et les peuples qu'ils dirigent. Il est constant, mais regrettable, que sur les cinquante quatre pays d'Afrique, il y en a...disons, par sympathie, au moins cinquante deux qui ont à leur tête des Présidents voyous, et qu'il ne faut pas tirer de cette triste conclusion qu'un Président voyou dirige un peuple de voyous! Lorsque l'on voit un Paul BIYA, au CAMEROUN, qui règne sans partage depuis plus de trente ans, au RWANDA, un Paul KAGAME depuis vingt cinq ans, en COTE D'IVOIRE, un Alassane OUATTARA qui a imposé son troisième mandat dans les conditions que l'on sait, au SENEGAL, un Macky SALL qui s'apprête à déclencher une guerre civile pour protéger ses intérêts personnels sur lesquels il y aurait beaucoup à redire, on peut se demander si le mot DEMOCRATIE a encore un sens. Et sans pour autant céder à la sémantique ou à la dialectique, je ne pense pas que l'on soit dans un régime dictatorial, mais plutôt dans un régime anarchique, où la loi du plus fort et la seule loi qui prévale. Et la loi du plus fort, c'est la loi de celui qui détient l'argent et le pouvoir. On a l’impression d'être revenu quelques siècles en arrière, dans le FAR WEST, où, comme on peut le voir dans les films de western, on fait d'abord parler la poudre, et on discute après: un dialogue avec un mort est quand même plus facile à mener qu'entre deux vivants! C'est exactement la technique appliquée par Macky SALL: avec tous ses adversaires politiques, car en poltron qu'il est, il a peur d'un affrontement, et la liste est longue! Ailleurs, on assassine d'abord les gênants, Messieurs BIYA, KAGAME, pour ne parler que d'eux, ont les mains tellement rouges de sang qu'ils sont obligés de porter des gants. Mais pourquoi pas, si c'est l'AFRIQUE AFRICAINE dont tout les Africains rêvent, c'est à eux, et à seuls de choisir. Seul problème, c'est qu'il y a une différence de vue et de ton notable, entre les peuples africains et leurs dirigeants: et c'est bien là tout le problème, car si une équipe dirigeante n'est pas en phase avec son peuple, si un dirigeant ne respecte pas les institutions de son pays, l'opposition de son pays, son peuple lui-même, jamais ce pays ne pourra se développer et avancer. On parle souvent de la "malédiction du pétrole", en Afrique, c'est une malédiction qui affecte toutes les populations Africaines, des pays qui ont cette ressource naturelle. Ces pays d'Afrique ont souvent le taux de croissance le plus élevé, le PIB le plus élevé, le classement des économies en tête, mais...aussi le taux de pauvreté le plus élevé, le taux d'illettrisme le plus élevé! cherchez l'erreur!

La réalité, c'est que depuis les indépendances, qui datent toutes en gros depuis une soixantaine d'année, la politique a été considérée comme un métier, et un moyen unique de s'enrichir vite et bien. Il n'est pas concevable, en Afrique, qu'un Président de la république ne se bâtisse pas une fortune en milliards d'euros ou de dollars, évidemment de la manière la plus illégale et illicite qu'il soit, et s'il y a un continent où la corruption règne en maître, c'est bien l'Afrique.

J'entend ca et là, le discours ambiant du moment, et depuis un certain temps, tous les maux de l'Afrique ont trouvé leur responsable: LA FRANCE! Ce sont les entreprises Françaises qui pillent la France, qui volent le travail des Africains, qui, pour les militaires, installent des bases sans justification réelles, etc. Il y a certainement, dans ce discours, une part de vérité...Mais il y a surtout une part énorme de mensonge, et comme "qui veut abattre son chien, dit qu'il a la rage", Les Africains eux-mêmes, doivent regarder en face la vérité, s'ils veulent prendre leur destin en mains, et faire de l'Afrique une AFRIQUE AFRICAINE.

Le cancer qui ronge l'Afrique, et pas seulement depuis aujourd'hui, c'est la corruption. Tant que ce problème ne sera pas réglé, l'AFRIQUE ne sera jamais considérée. Alors, là encore, j’entends dire que ce sont les Français qui corrompent les chefs d'état: non, dans un pacte de corruption, il y a deux intervenants: le corrupteur, et le corrompu. Que le corrupteur essaie de vous corrompre, je dirai presque que c'est dans l'ordre normal des choses: en tant qu'ancien avocat pénaliste, j'ai été souvent sollicité dans ce genre d'exercice, par des client adverses, qui me proposaient des sommes, souvent importantes, voire très importantes dans des dossiers sensibles, si je faisais dire à mon client des choses qui allaient dans le sens de l'intérêt adverse: je n'ai jamais cédé à cette tentation, non pas parce que je suis meilleur qu'un autre, je n'aurai pas cette prétention, mais tout simplement parce que j'ai reçu une éducation, qui m'a formaté ainsi, et qui m'a appris que le seul argent qui vaille, c'est celui que l'on gagne à la sueur de son front et que l'on mérite, quel que soit le métier que l'on fasse. Je trouve "normal" que l'on essaie de me corrompre. Mais comme j'ai le pouvoir de dire non, je trouve normal d'user de ce pouvoir, et de la manière la plus naturelle qu'il soit! Donc, tant que les dirigeants africains continueront dans cette voie là, il ne faut pas s'étonner que l'Afrique ne sera jamais africaine, qu'elle ne sera jamais prise au sérieux sur le plan international, et que malheureusement, les peuples, qui eux ont une mentalité qui se rapproche beaucoup plus de la mienne, que de celle de leurs dirigeants, continueront d'évoluer dans le cycle de la pauvreté, de l’illettrisme, afin de permettre à ces Présidents voyous de se bâtir des fortunes personnelles colossales de la façon la plus illégale qu'il soit.

Si les peuples ont cette différence avec leur dirigeants, on peut penser que, si eux-mêmes avaient la possibilité de voler, comme leur dirigeant, ils le feraient...mais je n'en suis pas si sûr.

J'ai constaté que ce qui a une extrême importance, y compris chez les jeunes, mais toute classe d'âge confondu, c'est le respect du coran qui passe avant toute chose. Et dans le coran, le vol, la compromission, le fait de porter tort à son prochain sont bannis. Dans un pays comme le SENEGAL, si l'on peut se préoccuper de l'augmentation de la délinquance en tout genre, on peut aussi s'étonner qu'elle ne soit pas plus importante: la pauvreté est une raison importante du taux de la délinquance, et pas seulement en Afrique. Et je pense sincèrement que, grâce à la religion, cette délinquance est contenue.

C'est donc dans la mentalité de ces chefs d'Etat voyous, différente de la mentalité des peuples, qu'il faut rechercher l'origine de leur forfaiture. Une expression sénégalaise (?) que j'aime beaucoup: "qui gagne le pouvoir perd le savoir". Pour devenir Président de la République, il faut avant tout être doté d'une ambition démesurée et d'un ego surdimensionné. En Afrique, pour gagner une élection, il faut un parti politique sur lequel s'appuyer, et ce parti est la propriété d'un seul homme: on l'a vu avec le PDS, qui est plus que moribond depuis que son propriétaire a fermé les vannes; on le voit avec l'APR, parti présidentiel essentiellement alimenté par son chef, le Président en exercice, qui a la possibilité de puiser en toute discrétion dans les caisses de l'Etat pour acheter les voix et les consciences. Donc, dès lors que vous mettez le doigt dans l'engrenage, il n'y a aucune raison de s'arrêter, surtout lorsque nécessité fait loi. Il est bien évident que le Président, quel qu'il soit, ne va pas puiser dans ses ressources personnelles pour faire tourner son parti. Il faut donc investir d'abord, et cela se fait par le biais des "généreux donateurs", hommes d'affaires, entrepreneurs, capitaines d'industrie, qui apportent de "l'argent frais", pour faire démarrer la machine, attendant en retour des avantages fiscaux ou autres, une fois leur poulain élu, qui leur permettra de rentabiliser l'investissement de départ. Le Président, une fois élu, n'est pas en reste non plus. Il a souvent travaillé dur pour y arriver, il a fait des sacrifices, notamment financiers, il entend donc se rémunérer à sa juste valeur, c'est-à-dire à la valeur qu'il estime lui et qui est très, très élevée, correspondant à son ego surdimensionné. Et c'est tout ce système corruptif qui ouvre la voie à une corruption généralisée et étatique à grande échelle.

Tant que ce système perdurera, il ne faut pas s'étonner que l'Afrique ne pourra jamais faire entendre sa voix. Les richesses naturelles seront naturellement pillées, les fonds publics détournés, etc. et la situation vécue au Sénégal, pour ne parler que de ce pays, n'a rien d'extraordinaire, même si elle peut (et doit) choquer.
Le remède, pour mettre à bas ce système, est assez simple: il faut légiférer.

Pour ce faire, il faudrait que chaque candidat à une élection présidentielle, prenne l'engagement, sous peine de destitution immédiate, de renoncer à son immunité;
Sans aller jusqu'à inscrire le délit de corruption d'Etat dans la constitution, il faudrait modifier le code pénal en ce sens, prévoyant un article qui punirait de dix ans, peine plancher, tout acte de corruption ou de détournement public à des fins personnelles, perpétré par un détenteur de l’autorité publique, avec évidemment remboursement des sommes volées, plus amende du double de ces sommes. Cela refroidirait l'ardeur de certains, voire de la quasi totalité de ces délinquants en col blanc.

Mais il faudrait également moraliser la vie politique. C'est-à-dire qu'il faut financer les partis politiques, comme cela se fait en France, suite à de nombreux scandales de corruption, en fonction de leur représentation dans le pays, plafonner les dépenses électorales, surveiller de très près les comptes de campagne avec évidemment sanctions à la clef. Dès lors, vous empêcherez les achats de voix et de conscience, surtout dans un pays comme le SENEGAL où le Président de la République se trouve être également le Président de son parti: ce qui soit dit en passant, permettrait de l'inculper, car si en tant que Président de la République, il jouit de son immunité présidentielle, il n'a pas cette immunité en tant que simple chef de parti politique!

Mais tant que l'on aura pas un Président désireux de s'attaquer à ce problème essentiel, et bien la corruption aura de beaux jours devant elle, et les peuples n’auront à attendre que larmes et souffrances; En fait, pour que le Sénégal soient un pays de cocagne tant espéré en 2012, il eut fallu que le Président Macky SALL applique à la lettre l’engagement pris envers son peuple, le 03 Avril 2012; la suite à permis de s’apercevoir qu'il s'agissait en fait d'une véritable forfaiture, une trahison d'Etat, dans le seul but de se constituer la fortune dont il jouit aujourd'hui.

Il n'est pas le seul, en AFRIQUE, dans ce cas là, il n'est pas le pire, mais malheureusement pour le peuple sénégalais, il est aussi.
Il n'est donc pas étonnant qu'aujourd'hui, époque où l'information se propage à la vitesse de la lumière, que les peuples se soulèvent, que les coups d'Etat se succèdent, et que l'on constate, jour après jour, que l'Afrique se met elle-même en lambeau, malgré tous ses atouts et ses richesses. Car les peuples, générations après générations, deviennent de plus en plus matures, s'intéressent de plus en plus à la politique de leur pays, les jeunes générations ne comprennent pas pourquoi étant assis sur des tas d'or, ils sont réduits à l'état de pauvreté et forcés à la mendicité, et il est difficile de leur donner tort. C'est donc essentiellement pour ces raisons que, si l'avenir économique de l'Afrique s'annonce radieux, le devenir économique des peuples s'annonce des plus sombres, car au final, l'addition est toujours payée par les mêmes, qui sont l'immense majorité, permettant à une infime minorité de s'enrichir dans des proportions scandaleuses et indécentes.

Seul problème: depuis soixante ans, que constate-t-on? Simplement que ceux qui veulent prendre la place, n'ont qu'une seule idée en tête, faire la même chose que leur prédécesseur, en pire bien souvent, il ne s'agit que de "faire tourner le mistigri".

Mais que veulent les peuples? rêver, que quelqu'un les fassent rêver, d'un avenir meilleur, pour eux, pour leurs enfants, accéder à ce bonheur simple de la vie qui leur est interdit: ces marchands de rêve, ils les trouvent, mais où il y a charlatanisme, c'est que ces marchands de rêve oublient de dire le plus important, à savoir que après les rêves, suit la longue période du réveil! Et que depuis Jésus Christ, les miracles, on ne peut vraiment pas dire qu'il y en a eu beaucoup!

De même qu'il n'y a pas d'homme irremplaçable, il n'y a pas d'homme providentiel. Cela implique, pour le Président en place, de respecter ceux qui ne pensent pas comme lui, c'est-à-dire son opposition, et dialoguer avec ses membres: on a vu, ces derniers temps, combien cela est difficile, lorsque le Président en place perd sa majorité automatique à l'assemblée! Il n'y a qu'à voir, en FRANCE, le désarroi de Monsieur MACRON, suprême intelligentsia du monde auto-proclamé, qui ne sait pas comment s'y prendre pour dialoguer, lui qui a toujours été habitué aux monologues...Idem au SENEGAL, où le Président en place s'est fixé un seul but: réduire l'opposition à sa plus simple expression! Quelle bêtise, quel cynisme!

Et cela veut dire qu'il faut impérativement respecter l'alternance, car le pays n'appartient aucunement à son Président. Celui-ci est là ou il est par la seule volonté du peuple, et c'est cette même volonté populaire qui l’enlèvera, dès lors qu'il ne respectera pas son engagement. WADE en a fait les frais, il est parti d'une manière pathétique et pitoyable, Macky SALL fera de même, malheureusement et parce que les temps changent , dans la douleur, les larmes et le sang.

Le peuple sera meurtri, il perdra beaucoup de ses enfants, mais il se redressera: et finalement, le Président, même élu, n'a que peu d'importance, et c'est tant mieux. Petit à petit, les peuples imposeront leur mentalité aux dirigeants, et enfin, enfin, grâce aux peuples, l'Afrique trouvera la place qu'elle mérite et le respect qui lui est dû sur l'échiquier international. La route est encore longue, le chemin semé d'embuche, mais l'arrivée au but final, faire de l'Afrique un continent qui appartient avant tout aux Africains est inévitable. Courage!
Me François JURAIN

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