Une attaque de drones attribuée aux paramilitaires a ciblé mercredi pour la deuxième journée consécutive l’aéroport de la capitale soudanaise, Khartoum, sur le point de rouvrir après plus de deux ans de fermeture, a indiqué à l’AFP une source militaire.
« Des drones ont de nouveau ciblé l’aéroport de Khartoum à l’aube », a affirmé cette source, sous couvert d’anonymat, en imputant ces frappes à la « milice terroriste », désignant ainsi les Forces de soutien rapide (FSR).
L’aéroport était hors service depuis le déclenchement du conflit en avril 2023 entre l’armée régulière et FSR, mais sa réouverture était prévue mercredi pour les vols intérieurs.
Les attaques de mardi et mercredi ont entraîné une suspension « jusqu’à nouvel ordre », selon un responsable de l’aéroport qui a requis l’anonymat faute d’autorisation.
Plus tard, un appareil de la compagnie soudanaise Badr Airlines a atterri sur le tarmac, marquant ce que l’aéroport a salué comme’un retour progressif du trafic », dans un communiqué, sans donner plus de précisions sur la nature de ce vol.
Mardi, des témoins ont rapporté avoir entendu plusieurs explosions près de l’aéroport.
Le chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Burhane a affirmé mardi que l’armée était « déterminée à écraser cette rébellion » des FSR, lors d’un déplacement à l’aéroport.
Le même jour, dans une allocution diffusée sur les réseaux sociaux, le chef des FSR, le général Mohamed Daglo, n’a pas mentionné les frappes, mais il a réaffirmé que ses troupes « attaquaient uniquement les positions militaires ». Il a répété que l’armée, qu’il a qualifiée de « cancer », serait vaincue.
Le général Daglo a également averti que tout avion envoyé en soutien à l’armée, y compris « au départ d’un pays voisin », serait considéré comme une « cible légitime ». Les FSR ont par le passé accusé l’Égypte de mener des frappes aériennes pour le compte de l’armée, ce que Le Caire dément.
Malgré des efforts internationaux pour négocier un cessez-le-feu, les deux camps restent sourds aux appels à la paix.
Le mois dernier, le gouvernement soudanais, allié de l’armée, a rejeté une nouvelle proposition de trêve formulée par les États-Unis, l’Arabie saoudite, l’Égypte et les Émirats arabes unis – ces derniers étant accusés d’avoir armé les FSR, ce qu’Abou Dabi nie.
En septembre, ce groupe de médiateurs dit du « Quad » avait appelé à une trêve humanitaire de trois mois, à laquelle succéderaient un cessez-le-feu permanent et une transition de neuf mois vers un gouvernement civil. Ce plan prévoyait notamment l’exclusion du gouvernement actuel et des FSR de la transition politique post-conflit.
Les deux camps, tous deux accusés d’exactions sur les civils, persistent à vouloir poursuivre les combats jusqu’à une victoire militaire totale.
Escalade de la violence
Malgré la reprise de la capitale par l’armée au printemps dernier, la ville reste en grande partie détruite, avec des coupures d’électricité fréquentes, notamment à cause des frappes de drones des FSR.
Plus d’un million de personnes déplacées sont retournées à Khartoum au cours des dix derniers mois, selon l’agence des migrations de l’ONU.
Depuis quelques semaines, le gouvernement pro-armée s’efforce d’y rétablir les services, dont l’aéroport, dans le but de relocaliser des institutions clés depuis Port-Soudan, port de la Mer Rouge devenu capitale de facto depuis le début de la guerre.
Les combats se concentrent désormais à l’ouest du pays, où les FSR assiègent depuis 18 mois El-Facher, dernière grande ville du Darfour échappant à leur contrôle. Sa chute leur permettrait de dominer l’ensemble du Darfour et une large partie du sud du Soudan, tandis que l’armée conserve le centre, l’est et le nord.
L’ONU s’est inquiétée lundi d’une escalade de la violence dans les États du Darfour du Nord et de l’Ouest ainsi que dans la région du Kordofan et l’État du Nil Bleu au sud, où des frappes de drones et des affrontements terrestres sont signalés.
Mardi soir, l’armée a affirmé avoir intercepté des drones visant des centrales électriques à Roseis, dans l’État du Nil Bleu.
La guerre au Soudan a tué des dizaines de milliers de personnes, déplacé près de 12 millions d’habitants et provoqué ce que l’ONU qualifie de « pire crise humanitaire au monde ». [AFP]







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