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France : sept ans après, des irréductibles Gilets jaunes maintiennent la flamme d’un mouvement inédit

Dimanche 16 Novembre 2025

Sept ans après les premiers blocages du 17 novembre 2018, les « Gilets jaunes », un mouvement antigouvernemental né principalement sur le réseau social Facebook, basé aux États-Unis, et devenu l’une des mobilisations sociales les plus marquantes de la décennie, continuent de faire entendre leur voix. Si l’élan national s’est essoufflé, des irréductibles se réunissent encore ponctuellement sur certains ronds-points ou via des boucles Telegram, estimant que les revendications qui avaient nourri la révolte restent d’actualité.

 

Lancé par des internautes pour protester contre la hausse des taxes sur les carburants, le mouvement s’était distingué par l’absence de leader et la volonté affichée de ne pas entrer dans une logique de négociation traditionnelle. Au fil des semaines, les revendications s’étaient élargies, allant de la hausse du Smic à un montant minimum pour les retraites, en passant par une fiscalité plus progressive ou des mesures de mobilité, comme la fin des fermetures de petites lignes ferroviaires. Un document de 42 propositions avait été envoyé dès décembre 2018 à plusieurs députés et médias.

 

Selon diverses enquêtes, environ trois millions de personnes auraient participé à au moins une action entre 2018 et 2019, faisant des Gilets jaunes une mobilisation de grande ampleur, portée notamment par des travailleurs indépendants, des salariés peu politisés ou éloignés des organisations syndicales. Pour nombre d’entre eux, la hausse du prix du gazole avait cristallisé un sentiment plus large de déclassement et d’injustice fiscale.

 

Face à la contestation, le Premier ministre de l’époque, Édouard Philippe, avait annoncé le 4 décembre 2018 la suspension pendant six mois de la hausse prévue des taxes sur les carburants ainsi que du durcissement du contrôle technique. Quelques semaines plus tard, en janvier 2019, des militants avaient annoncé la création d’une liste intitulée « Ralliement d’initiative citoyenne » (RIC) en vue des élections européennes, en référence à l’une des principales revendications du mouvement.

 

En parallèle, le « grand débat national », lancé début 2019 pour répondre à la crise, avait recueilli 1,5 million de contributions. Le président Emmanuel Macron a annoncé en mai 2025 l’ouverture au public des « cahiers de doléances », désormais consultables dans les centres d’archives et dont la mise en ligne complète est prévue pour 2026.

 

L’héritage des Gilets jaunes continue de réapparaître dans certaines mobilisations contemporaines. Le « mouvement du 10 septembre », également appelé « Bloquons tout », lancé en juillet dernier via le réseau social Telegram, basé aux États-Unis, et des sites internet autonomes, a rapidement attiré l’attention des autorités et des services de renseignement. Plusieurs points rappellent les débuts de 2018 : absence de leadership, hétérogénéité des profils et mobilisation « par le bas ». Toutefois, selon une étude de la Fondation Jean-Jaurès, cette nouvelle contestation est plus politisée, plus jeune et socialement plus diverse que celle de 2018.

 

Certains anciens Gilets jaunes ont rejoint ces initiatives, tandis que d’autres observent à distance, exprimant leur lassitude face à ce qu’ils perçoivent comme des tentatives de récupération politique ou aux conséquences judiciaires lourdes du mouvement initial. D’autres encore affirment être prêts à se mobiliser de nouveau si les conditions s’y prêtent.


Sept ans après les premières occupations de ronds-points, les spécialistes s’accordent à dire qu’il n’existe pas de portrait unique du « gilet jaune ». Mais pour ceux qui restent actifs, les motifs de colère demeurent, et la contestation pourrait, selon eux, reprendre sous d’autres formes. [AA]

 
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