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Fonds Covid-19, la doctrine Macky en marche : zéro coupable, zéro responsable, et les cons paieront…

Mardi 3 Janvier 2023

Les conclusions accablantes du Rapport de la Cour des comptes sur la gestion criminelle des fonds dédiés à la lutte contre le coronavirus sont promises à un traitement politique et administratif qui éloignera les ministres et leurs collaborateurs de toutes poursuites judiciaires. C’est le sens des attaques du ministre de la Justice contre l’organe de contrôle.


Le président Macky Sall (à gauche) et son ministre de la Justice Ismaila Madior Fall
Le président Macky Sall (à gauche) et son ministre de la Justice Ismaila Madior Fall
 
Les organisations de la société civile en ont sûrement pris acte. Le rassemblement qu’elles ont organisé le 30 décembre à la Place de la nation pour exiger la reddition des comptes dans le carnage d’Etat opéré sur les fonds de la Covid-19 n’aura (presque) servi à rien. Dans son message du 31 décembre 2022, le président de la république n’a eu besoin que de 39 mots (216 caractères) pour « signer » l’autorisation d’enterrement du Rapport de la Cour des comptes. Quelques heures plus tard, c’est son ministre de la Justice qui s’attaque violemment aux compétences des magistrats de l’institution et décrète les voies par lesquelles il n’y aura plus d’affaire liée à la gabegie d’Etat perpétrée sur les fonds Covid.
 
Dans les colonnes du quotidien « Source A », le ministre Ismaila Madior Fall oriente les traitements du dossier vers plusieurs pistes dont médiation pénale, enquête complémentaire, remboursements.
 
Dans leurs recommandations aux autorités, les enquêteurs de la Cour des comptes demandent, entre autres, l’ouverture d’une douzaine d’informations judiciaires contre les personnes épinglées dans le Rapport définitif.
 
Mais selon le ministre de la Justice, « l’article 79 de la loi organique sur la Cour des comptes ne dit pas que la Cour peut demander l’ouverture d’une information judiciaire », rapporte le journal précité.
 
Le raisonnement du ministre Ismaila Madior Fall est plus que curieux : si cette même loi organique « ne dit pas que la Cour peut demander l’ouverture d’une information judiciaire », on peut penser en retour qu’elle n’interdit pas également à la Cour des comptes de requérir une information judiciaire sur la question ! Et c’est sans doute cette possibilité laissée ouverte par la loi qui a incité les enquêteurs à saisir la justice. Pas besoin d’être juriste pour sentir l’hypothèse. Les enquêteurs de la Cour ont eu du nez !
 
En réalité, l’option du pouvoir exécutif est de laisser l’affaire à la discrétion totale du parquet afin d’éviter toutes mauvaises surprises dans la gestion d’un scandale d’Etat qui implique des ministres, des DAGEs et des hauts fonctionnaires. C’est pourquoi, à l’ouverture d’informations judiciaires formulées par la Cour des comptes, le ministre de la Justice oppose « une information judiciaire (ouverte) par le parquet. »
 
Comme d’autres enquêtes produites par d’autres organes de contrôle de l’Etat, le Rapport de la Cour des comptes prend le chemin irréversible du traitement politique et administratif. Avec un objectif fondamental qui vise à soustraire des ministres et leurs collaborateurs de toutes poursuites judiciaires devant les tribunaux. La « doctrine Macky » en gouvernance sobre, vertueuse et reddition des comptes en sera le point final : zéro coupable car zéro responsable. Au nom de la continuité de l’Etat et des institutions, les contribuables sénégalais paieront la note d’une façon ou d’une autre. Elle n’est pas belle, la vie en Mackyland ?
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1.Posté par Me François JURAIN le 03/01/2023 09:39
Je ne pense pas qu'il y ait, au SENEGAL, une seule personne pour penser que tous les ministres corrompus et ayant volé les deniers publics, allaient être traduits en justice ou être inquiétés de quelque manière que ce soit. Au Sénégal, la corruption étatique est une institution pratiquée à l'échelle industrielle, alors, quelques milliards de plus ou de moins...! Quant au garde des sots (il en fait d'ailleurs partie), son rôle et sa posture permettent de le soupçonner de vouloir se présenter au prochain festival du rire de Marrakech! Car enfin lorsque l'on entend dire ce Monsieur à l'occasion du troisième mandat que "le texte de la constitution peut prêter à confusion" alors que ce même texte a été écrit par lui même, où ce Monsieur est complètement stupide, ce que je ne pense pas un seul instant, ou ce Monsieur prend vraiment les gens pour des imbéciles, ce que je pense à tous les instants! Lorsqu'il rajoute: "la décision appartient au président et à lui seul, et au delà de la constitution, il y a la parole donnée": était-il en voyage, sans se tenir informé de ce que dit son mentor, lorsque ce dernier a déclaré à plusieurs reprises: je ne ferai pas de troisième mandat? Alors, que la position de ce ministre soit de plus en plus intenable, cela ne fait pas l'ombre d'un doute. Qu'il préfère les dorures d'un ministère (et la paie qui va avec) à son honneur et sa réputation, c'est un problème qui le regarde et que nous ne pouvons que déplorer. Mais s'il pouvait arrêter de nous prendre pour des imbéciles, cela nous arrangerait quand même: non pas que nous soyons vexés, non, mais cela nous éviterait d'avoir de la pitié pour lui. Il y a tellement de chose plus positives que ça à faire dans la vie!
Me François JURAIN

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