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Femmes dominées, femmes libres (Prof Mary Teuw NIANE)

Vendredi 8 Mars 2024

Voici que s’empilent sur la tête des femmes des piles de calebasses remplies de lait frais

Voici les femmes longilignes, les tresses tombantes sur les épaules, marchant vers la ville

Sous des abris sommaires, les calebasses posées sur le sol, se trouvent les femmes qui vendent le lait

Les épaules rachitiques, les femmes affairées encaissent l’argent qui nourrira leur famille le lendemain. 

 

Sur la rive, entre les pirogues qui accostent, les pieds dans l’eau, les femmes s’activent 

Les grandes bassines sur la tête, suintant une eau ensanglantée, les femmes transportent le poisson 

Dans la fumée étouffante, les femmes fument le poisson qui voyagera à travers le Sahel

Assises nonchalantes à même le sol, les femmes bavardes vendent les poissons répartis en petits tas.

 

L’hivernage, esseulées au milieu des champs verts, les femmes se dressent la hilaire à la main

Dans nos campagnes désertiques, seules sont visibles les femmes qu’accompagnent les enfants 

Fort heureusement, les charrues que tirent des ânes dociles, atténuent le travail champêtre fastidieux

Face à l’exil des hommes, les femmes aidées par les enfants assurent la pitance quotidienne. 

 

Debout dans la rizière, le pagne replié à hauteur des genoux, les femmes repiquent le riz

Les pieds enfoncés dans l’argile grise, les jambes couvertes d’eau, les femmes exténuées se redressent 

Leurs silhouettes se réfléchissent sur la surface d’eau piquée de fines feuilles vertes

La nuit, la famille au repos, observe lâche, les femmes s’enfumer dans des cuisines suffocantes. 

 

Debout sur des charrettes, les fines nattes au vent, les femmes, la cravache à la main, conduisent leurs attelages 

Lorsque l’eau est introuvable, les femmes avec leurs bidons jaunes, vont à la quête du liquide vital

Téméraires dans la savane du Ferlo, les femmes se livrent à des rodéos fantastiques pour survivre 

Assis, sirotant le thé, les hommes lassifs, observent indifférents le retour des femmes de la corvée d’eau.

 

Jadis écartées des écoles, les filles très intelligentes prennent aujourd’hui leur revanche sur les garçons 

Peu d’hommes prennent le temps d’aller aux séances de remise des notes des élèves 

Les femmes motivées, curieuses, se bousculent à la recherche des résultats des enfants dans les écoles

Pointe à l’horizon l’époque des femmes conquérantes face à des hommes souvent défaitistes. 

 

Les femmes aussi sont frappées par les tentations malheureuses d’identification aux autres femmes

Comment abandonner la beauté du noir-pourpre de la femme Lébou au profit d’une peau dé-pigmentée sans éclat

Lorsque la femme étrangère revendique son nom de jeune-fille, nos femmes choisissent le nom de leur mari là où nos traditions les autorisent à garder le leur.

 

Nos femmes déracinées vivent l’inconfort de changer de nom à chaque divorce.

 

Quand finira l’horrible déchéance des filles-mères face à l’irresponsabilité impunie des garçons frivoles 

Quand arrivera la fin des infanticides et cessera la  déchéance en prison des filles-mères qui abandonnent leur bébé 

Quand finiront les mariages forcés pour que l’amour réciproque soit la base du mariage 

Quand la clé du paradis des femmes détenues par les hommes se brisera-t-elle pour que les femmes se libèrent. 

 

L’accès à la connaissance, à la compétence  et à la croyance religieuse constituent la voie royale de libération de la femme 

Aucun métier n’est supérieur aux capacités des femmes à apprendre et à s’en approprier 

Lorsque la société manque d’ambition, tue l’espoir, les femmes qui l’ont générée, en sont les premières victimes 

L’école est le cœur de la libération des femmes, elle est aussi le lieu de reproduction des rapports de dépendance. 

 

Les femmes unies se libéreront !

 

Dakar, vendredi 8 mars 2024

Prof Mary Teuw Niane

 
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