Joe Biden a préféré vendredi garder un silence qui en disait long sur les nouveaux déboires judiciaires de son fils Hunter, accusé d’évasion fiscale tout en menant une vie de château, et dont l’inculpation la veille pourrait troubler la campagne de réélection du démocrate.
Chaussé de ses éternelles lunettes de soleil, le président américain a salué la presse en quittant la Maison-Blanche pour un déplacement dans l’Ouest du pays. Mais le dirigeant démocrate, d’habitude volubile, n’a pas prononcé un mot quand les journalistes lui ont demandé s’il pensait que son fils était innocent.
Et toujours pas un mot sur le sujet au moment d’embarquer à bord d’Air Force One, pour son déplacement dans le Nevada et en Californie où il doit dévoiler de grands investissements dans le ferroviaire et participer, à un an de la présidentielle de 2024, à des réceptions pour sa campagne.
Mais celle-ci pourrait pâtir de la seconde inculpation de son fils, après celle dans le Delaware en septembre pour détention illégale d’arme.
« Style de vie extravagant »
Hunter Biden, 53 ans, est accusé cette fois-ci en Californie d’être « impliqué dans un stratagème » qui lui a permis de ne pas payer 1,4 million de dollars d’impôts entre 2016 et 2019.
Des années pendant lesquelles il aurait dépensé « des millions de dollars dans un style de vie extravagant » pour financer sa consommation de drogues ou s’offrir la compagnie d’« escorts », « au lieu de payer ses impôts », avance l’acte d’accusation.
L’avocat de Hunter Biden, Abbe Lowell, a affirmé dans un communiqué que son client avait payé l’intégralité des impôts qu’il devait.
Si son « nom de famille était autre que Biden, les chefs d’accusation dans le Delaware, et maintenant en Californie, n’auraient pas été portés » devant la justice, a ajouté Abbe Lowell.
Cette nouvelle inculpation signifie que le fils du président pourrait être jugé deux fois l’an prochain, pendant que son père tentera de se faire réélire à la Maison-Blanche.
Une affaire embarrassante pour le démocrate, qui a, à plusieurs reprises, vertement tancé les riches qui selon lui ne paient pas assez d’impôts.
En 2024, Joe Biden devrait selon toute vraisemblance faire face à Donald Trump, son prédécesseur qui domine la course à la nomination républicaine et est cerné par de nombreuses affaires judiciaires le visant personnellement.
Les élus républicains du Congrès mènent aussi une enquête en destitution contre Joe Biden, motivée par les affaires controversées de son fils à l’étranger.
« Fier de son fils »
Après s’être sorti d’addictions à la drogue et à l’alcool, Hunter Biden est aujourd’hui reconverti dans la peinture. Son père a toujours nié être impliqué dans les affaires de son fils, tout en le soutenant publiquement.
« Il est fier de son fils », a encore répété vendredi à la presse la porte-parole de la Maison-Blanche Karine Jean-Pierre à bord d’Air Force One.
« Le président l’a déjà et continuera de le dire : il aime son fils et le soutient au moment où il continue de rebâtir sa vie », a-t-elle affirmé.
Dans un podcast enregistré avec le musicien Moby avant l’annonce de sa nouvelle inculpation, Hunter Biden se dit harcelé par la droite qui veut le replonger dans l’addiction.
« Ils essaient de détruire une présidence. Et le sujet ce n’est pas moi », a-t-il déclaré à Moby, ardent opposant de Donald Trump, dans cet entretien paru vendredi.
« Ce qu’ils essaient de faire, c’est de me tuer, sachant que ce serait une douleur au-delà de ce que mon père pourrait supporter. » (Hunter Biden)
La famille Biden avait été touchée par la tragédie en 1972 lorsque Joe Biden avait perdu son épouse et sa fille dans un accident de voiture. Hunter qui avait deux ans à l’époque, était présent dans la voiture au moment de l’accident ainsi que son grand frère Beau, qui avait été gravement blessé.
Beau Biden est lui mort en 2015 à 46 ans d’un cancer du cerveau.
« Quand Beau est mort, j’ai complètement perdu pied. Ce n’est pas une excuse, mais c’est la raison », a déclaré Hunter Biden à Moby. [AFP]
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