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Enchères pétrolières fructueuses au Brésil

Vendredi 8 Juin 2018

Rio de Janeiro - Les enchères de blocs de pétrole offshore pré-salifères, des gisements au potentiel gigantesque, ont rapporté jeudi environ 800 millions de dollars au gouvernement brésilien, qui a réaffirmé sa volonté d'ouverture aux investissements étrangers malgré la crise qui touche le secteur.

Trois des quatre blocs mis aux enchères ont trouvé preneur, et le seul pour lequel aucune offre n'a été présentée était le moins important, l'Etat ayant obtenu 3,15 milliards de réais sur les 3,2 milliards escomptés, avec des accords de partage sur les bénéfices particulièrement favorables pour le gouvernement.

"Ces enchères ont remporté un énorme succès, qui montre que le Brésil continue à attirer les investissements de grandes entreprises", a affirmé Decio Oddone, directeur général de l'Agence nationale du pétrole (ANP), organisme public de régulation du secteur.

La compagnie publique Petrobras, plongée dans une crise qui a précipité la démission de son patron la semaine dernière, prendra part à l'exploitation des trois blocs attribués, mais a dû faire face à une stratégie agressive des majors.

Battue sur deux offres, elle a dû exercer son droit préférentiel pour obtenir 30% des parts, tandis qu'elle en convoitait 45%.

"Nous sommes extrêmement satisfaits d'être opérateurs dans les trois blocs", a toutefois déclaré Ivan Monteiro, nouveau président de Petrobras, lors d'une de ses premières apparitions publiques depuis sa nomination.

Le bloc le plus important, celui d'Uirapuru, situé dans la baie de Santos, au large de Sao Paulo (sud-est), a été adjugé à 2,65 milliards de réais (environ 680 millions de dollars) à un consortium formé par l'Américain Exxon Mobil (28%), le Norvégien Equinor (ex-Statoil) (28%) et le Portugais Petrogal (14%).

Ils ont raflé la mise en offrant un accord de partage sur les bénéfices de 75,49% pour le gouvernement, soit plus de trois fois le minimum qu'il avait fixé.

- Equinor remporte deux blocs -

Acteur majeur de ces enchères, Equinor a aussi obtenu 25% des parts du bloc de Dois Irmaos, sur la baie de Campos, au large de Rio de Janeiro, en s'alliant à Petrobras (45%) et au britannique BP (30%).

"Ces deux blocs sont proches de deux autres que nous avions remportés lors d'enchères précédentes, c'est pourquoi nous avons montré un tel intérêt", a expliqué à l'AFP Anders Opedal, patron d'Equinor pour le Brésil.

"Le Brésil se trouve dans une zone-clé pour notre stratégie globale, c'est une des zones les plus prolifiques au monde", a-t-il ajouté.

Pour le bloc d'Uirapuru, le plus convoité, pas moins de quatre offres ont été présentées, avec des consortiums regroupant pratiquement tous les majors.

"Ce bloc a été fortement disputé, avec des groupes chinois s'alliant pour une offre ambitieuse, même s'ils ne l'ont pas emporté, et Petrobras obligé d'exercer son droit préférentiel", a expliqué Victor Martins, à la tête d'un cabinet de consultants spécialisé dans le secteur.

Le français Total avait présenté des offres sur deux blocs, y compris Uirapuru, mais aucune des deux n'a été retenue.

Les blocs du "pré-sal" (gisements enfouis sous une épaisse couche de sel) ont un énorme potentiel, tout en posant d'immenses défis sur le plan technologique pour des forages dans les profondeurs de l'Atlantique.

- "Potentiel d'investissements"-

Les enchères ont lieu à un moment où le secteur pétrolier a été fortement secoué par la grève des transports routiers qui ont paralysé le Brésil pendant plus d'une semaine pour protester contre la hausse des prix du gazole fixés par Petrobras.

La compagnie publique a été contrainte de modifier sa politique de tarifs, alignés sur les marchés, en les ajustant de façon mensuelle et non quotidienne comme avant la grève.

"Le Brésil présente un potentiel d'investissements de 2.500 milliards de réais (environ 640 milliards de dollars) sur les dix prochaines années et nous avons besoin des entreprises étrangères", a affirmé Decio Oddone.

À l'extérieur de l'hôtel de luxe où les enchères ont eu lieu, une trentaine de manifestants représentant les travailleurs du secteur pétrolier ont bravé la pluie battante, arborant une banderole "privatiser fait mal au Brésil".

"Ils vendent notre pétrole au prix des bananes", a affirmé à l'AFP Pedro Paulo, un manifestant.
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