Connectez-vous

Chronique sociale - Les pannes sexuelles: parlons-en !

Lundi 30 Avril 2018

Chronique sociale - Les pannes sexuelles: parlons-en !
Par Madi Waké Touré (ENTSS Dakar)
 
La sexualité tient une place centrale dans des relations conjugales. Cette réalité assez prégnante fait dire à certains que le mariage, c’est pour le sexe. N’entend-on pas souvent certaines femmes dire à haute et intelligible voix qu’elles ne se marient pas pour du riz et  pour un lit où dormir car il y en a chez leurs pères ? Tout cela pour dire que le sexe tient une place primordiale dans la vie du couple.
 
Seulement la vie dans nos sociétés modernes avec tout ce qu’elle charrie comme angoisse, désordres, difficultés sociales et économiques, ne manque pas de perturber certaines fonctions vitales chez l’homme. Et parmi celles-ci, il y a la panne sexuelle (PS) que nous redoutons tous. Et qu’est ce que c’est que, au juste une PS ?
 
Voila la définition qu’en donne Madame Fatoumata BA, psychiatre: «Les PS regroupent en fait les dysfonctionnements sexuels, d'aspect transitoire, donc réversibles. Ceux-ci peuvent être à type d'anéjaculation ou d'éjaculation précoce, de dysfonctionnement érectile, entre autres. Les PS sont souvent d'origine psychogène et peuvent survenir chez certains types de personnalités ou dans des contextes particuliers (émotions, burn out, stress,...).» 
 
Cette définition peut être complétée par celle du Docteur, Abou Soufiane DAFFE, spécialiste en urologie : « c’est une anomalie de la rigidité de la verge en érection. Le partenaire peut avoir une érection, mais ne permettant pas une pénétration. On peut avoir une érection satisfaisante, mais qui ne dure pas pour pouvoir faire l’acte sexuel….»
 
Et ce que je peux dire, c’est que l’on voit anormalement de plus en plus de jeunes touchés par les dysfonctionnements érectiles». Le fait est là avec tout ce qu’il comporte comme frustration pour  les hommes et le couple plus généralement.
 
Ceci dit,  le mal que nous évoquons en supra a de beaux jours devant lui  en ce sens  que notre monde d’aujourd’hui est régi par des inégalités sociales très fortes, une concurrence sauvage, une pauvreté crasse pour le grand nombre, des pressions psychologiques terribles ; or tout cela concourt à fragiliser les humains. Le Docteur, Eberhard Uhlenhuth, psychiatre à l’université de Chicago, ne s’y est pas trompé en affirmant qu’un nombre croissant de témoignages attestent que la tension joue un rôle prépondérant dans la plupart des maladies depuis le rhume banal jusqu’à la crise cardiaque.
 
Compte tenu de tout ce qui précède, il serait intéressant de convoquer certains témoignages de couples qui ont eu à vivre des moments de «passage à vide» au plan sexuel. Elle s’appelle Balamba Sall- un nom d’emprunt-, elle souhaite divorcer parce que son jeune mari «n’assure plus» depuis plusieurs mois. Mais son père qui ne veut pas entendre parler de divorce s’inquiète parce que sa fille lui répète invariablement : «Papa, je ne veux plus de ce mariage parce que mon mari n’a plus de réseau». Complètement désarçonné par les propos de sa fille qu’elle ne comprenait pas, il s’en ouvre à un de ses amis. Et  la fille d’avouer à l’ami de son père que son mari vivait un trouble sexuel persistant: insupportable pour elle…
 
Autre histoire : celle de ce monogame qui a plutôt bien réussi sa vie. Il me confiait: «La vie de mon couple est en train de battre de l’aile. Cela fait une année que je n’arrive pas à bander au lit et cela donne lieu à des scènes de ménage terrible.»
 
Face à ces situations à la fois pénibles et compliquées, j’ai demandé à Sally Bayo, co-animatrice de l’émission «Secrets de nuits» à la RMD (radio municipale de Dakar) de me donner son point de vue sur la question. 
 
«Je reçois beaucoup d’appels de la part des hommes pour des questions de ce genre. Il y a tout juste quelques jours, une personnalité m’a réveillé à 2 heures du matin pour m’entretenir des troubles sexuels de son ami. C’est vous dire, Madi, que le mal est profond et qu’il touche de plus en plus d’hommes. Les causes : le stress, une mauvaise alimentation, les «emmerdements» incessants de la femme sur son homme, une activité sexuelle débridée pendant sa jeunesse. Tout cela peut contribuer  à refroidir fortement les ardeurs sexuelles d’un homme à un certain âge.»
 
Tout compte fait: je reste convaincu que pour la problématique qui nous occupe, la femme peut jouer un rôle fondamental dans la guérison de son homme en cherchant à l’apaiser, à le valoriser en lui rappelant constamment que le sexe n’est pas tout. Dédramatiser en la matière doit être le maître-mot pour une femme avisée. Passé ce stade de «dédramatisation», l’homme doit aller se faire consulter: il y va de sa santé physique, psychologique et morale !
 
PS : Je m’en tiendrai rigueur si je ne célébrais pas les belles qualités morales, intellectuelles et professionnelles de madame Fatoumata Ba, Psychiatre, Professeur à l’Université Gaston Berger de Saint Louis. Du temps où elle officiait à l’hôpital Fann, elle a beaucoup apporté aux cas sociaux. Cela, je peux en témoigner,  et devant Dieu et devant les hommes.
 
 
 
Nombre de lectures : 230 fois

Nouveau commentaire :












Inscription à la newsletter