Connectez-vous

Chronique présidentielle : La responsabilité gouvernementale en question

Mercredi 13 Février 2019

La violence électorale a apparemment pris le dessus sur la confrontation des idées et des programmes des candidats-Présidents. Elle pourrait se répandre dans les jours à venir à l’intérieur du Sénégal. Elle n’est point à exclure dans la capitale politique et économique. Les bagarres rangées, les agressions (physiques, verbales et morales), la hargne de la préservation du pouvoir ou de sa conquête,  annoncent une hantise de l’insécurité électorale généralisée. La peur d’une élection truquée renforce le ressentiment d’une menace invisible. Elle pourrait  peser de tout son poids sur les prochains jours  de  campagne, le jour du scrutin et après les élections. La responsabilité gouvernementale est engagée.
 
La campagne d’une élection  présidentielle est un moment exceptionnel, voire singulier  dans l’histoire politique d’un pays. La société dans toutes ses diversités culturelles, sociales, la puissance publique, les acteurs politiques et sociaux portent naturellement un intérêt certain au présent et au futur. C’est le moment du choix du Président de la République. L’enjeu est la préservation du pouvoir étatique ou sa conquête. Le Sénégal est aujourd’hui à ce tournant fatidique de son évolution.
 
La seconde alternance parviendra-t-elle à se maintenir à la tête du pays ou va-t-elle passer le pouvoir à une troisième alternance et/ou à une alternative ? En attendant la réponse à la question au soir du 24 février 2019, la campagne électorale qui est entrée dans sa deuxième semaine vient de prendre subitement une tournure meurtrière. Les agressions se multiplient. Les querelles partisanes jalonnent les tournées des candidats. La mort est au rendez-vous. Ce décor électoral présage tout, sauf une campagne et des élections apaisées.
 
Plus la campagne électorale avance et se dirige vers sa fin, plus les inquiétudes, les passions, la tonalité des  discours, les rapports entre les adversaires des camps du pouvoir et de l’opposition feront appel aux rapports de forces physiques. L’intolérance, le déficit de respect à l’adversaire devenant l’ennemi à éliminer avant l’heure, l’insolence et le banditisme politique,  s’enchevêtrent dans les rapports sociaux entre des adversaires perdant la confiance en soi, à l’argument, à la pertinence des idées et à la justesse de leurs programmes électoraux. C’est la débandade assez souvent.
 
La préservation du pouvoir à tout prix et la conquête  du pouvoir suprême par tous les moyens font ainsi basculer  la campagne électorale  (qui n’est  qu’un moment dans la vie démocratique) dans la tragédie humaine. La violence est l’expression de cette tension politique souterraine alimentée par le jeu de pouvoir et de contre-pouvoir. La violence se dessine progressivement  à l’horizon du 24 février. Cette tragédie ne tombe guère du ciel. Elle est le prolongement normal du processus électoral fortement contesté. Le pouvoir et l’opposition ne se sont entendus, ni sur le parrainage, ni sur la loi électorale. Encore moins sur l’organisation de l’élection présidentielle, la gestion du fichier et du déroulement du vote.
 
Le doute persiste sur le cours électoral. Ils sont des milliers d’électeurs à ne pas disposer de leurs cartes d’électeurs. Ils seront des milliers à ne pas savoir, dans quel centre ou bureau de vote faire librement son devoir citoyen. Ils seront des milliers à se dire que le jeu a été truqué et corrompu en amont et en aval. La violence actuelle découle de cette pagaille programmée ou imaginaire, des enjeux politiques de l’élection et les conditions de l’organisation démocratique, libre et transparente fortement remises en cause  par les adversaires du régime.
 
La hantise de l’insécurité généralisée est  incontestablement au cœur de la campagne présidentielle de 2019. La présidentielle en vue sera-t-elle une reproduction des législatives qui ont été marquées par des dysfonctionnements graves ? Jamais le Sénégal n’a connu une si mauvaise organisation de ses élections. Ce cauchemar est toujours dans les esprits et dans les cœurs. Le gouvernement a une lourde responsabilité. C’est à lui que revient la charge d’assurer à la fois, la sécurité et d’organiser l’élection présidentielle.
 
Face à la menace croissante de l’insécurité politique enveloppant la campagne et le processus électoral, il semble urgent de prendre toutes les dispositions allant dans le sens de protéger les candidats- Présidents, de créer les conditions d’une élection libre et démocratique. Le peuple, le seul souverain a ce droit légitime de revendiquer une élection présidentielle répondant aux normes de la sécurité publique et de la démocratie. Le gouvernement a l’obligation de garantir sans parti pris, la paix, la sécurité des citoyens, la défense des libertés individuelles et collectives.
Mamadou Sy Albert
Nombre de lectures : 82 fois












Inscription à la newsletter